Apion (grammairien)

rhéteur grec professant à Rome, maître d'élocution de Pline l'Ancien
Apion
Biographie
Naissance
Décès
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Rome (?)Voir et modifier les données sur Wikidata
Époque
Activités
Autres informations
Maître
Euphranor (d)Voir et modifier les données sur Wikidata
Partenaire
Diodoros (d)Voir et modifier les données sur Wikidata

Apion, dit Pleistonicès, est un grammairien et polygraphe grec d'Alexandrie, ayant vécu dans la première moitié du Ier siècle ap. J.-C. Il est surtout connu par la réfutation de ses discours contre les Juifs dans le Contre Apion de Flavius Josèphe[1].

Biographie modifier

C'était un Égyptien d'origine, hellénisé (cf. Contre Apion, II, 3). La Souda l'appelle « Ἀπίων ὁ Πλειστονίκου » (c'est-à-dire « fils de Pleistonicos »), mais selon Pline l'Ancien (XXXVII, 19), Aulu-Gelle (V, 14, 1 ; VII, 8, 1), Clément d'Alexandrie (Strom., I, 21), Eusèbe de Césarée (Prép. évang., I, 10, 12), « Πλειστονίκης » était son surnom ; Julius Africanus (cité par Eusèbe, Prép. évang., X, 10, 16) l'appelle « fils de Poseidonios ». Né dans le Fayoum, il vint très jeune à Alexandrie, se fit grammairien, et succéda à Théon le Grammairien à la tête de son école. Spécialiste d'Homère, il fit sur cet auteur des tournées de conférences (jusqu'en Grèce et à Rome) qui eurent beaucoup de succès. Il était connu pour son grand savoir et son travail acharné (on le surnommait Μόχθος, « Labeur »), mais aussi pour sa vanité démesurée et son aspiration à la célébrité[2],[3]. Il était d'ailleurs sûrement très célèbre en son temps, car Pline se moqua de lui en ces termes : « Apion le grammairien, que l'empereur Tibère appelait cymbale du monde bien qu'il méritât plutôt d'être nommé trompette de sa propre renommée, a écrit qu'il immortalisait ceux à qui il dédiait quelque ouvrage[4]. » Alexandrie lui ayant accordé le droit de cité, il qualifia d'heureuse une cité qui avait désormais un tel citoyen [5].

Sous Caligula, en 40, Hérode Agrippa séjournant à Alexandrie, une forte hostilité anti-juive s'exprima parmi les « Grecs » de la cité, et des affrontements violents eurent lieu. Les Juifs envoyèrent auprès de l'empereur à Rome une délégation conduite par Philon, les « Grecs » une autre dirigée par Apion. Il aurait encore vécu et enseigné à Rome sous le règne de Claude, mais sa réputation y aurait été supplantée par le plus jeune Héraclide du Pont le Grammairien.

On lui connaît les ouvrages suivants :

  • des Αἰγυπτιακά (Égyptiaques) en cinq livres, dont on conserve des fragments des livres III, IV et V (les attaques contre les Juifs citées dans le Contre Apion se trouvaient dans les livres III et IV ; l'anecdote d'Androclès et le lion, reprise par Aulu-Gelle en V, 14, venait du livre V ; le même Aulu-Gelle lui emprunte aussi, en VI, 8, l'histoire de l'amour d'un dauphin pour un jeune garçon ; le titre Ἱστορία κατ'ἔθνος, dont parle la Souda, désigne sûrement le même ouvrage) ;
  • Περὶ τῆς Ἀπικίου τρυφῆς (Le luxe d'Apicius), consacré au fameux Marcus Gavius Apicius, dont ne reste qu'une citation chez Athénée, 294f, à propos du poisson ἔλλοψ qui serait le même que l'ἀκκιπήσιον (sans doute l'esturgeon) ;
  • Περὶ μάγου (Sur un magicien), cité par la Souda à l'article « Πάσης » pour expliquer une expression ;
  • De metallica disciplina, titre donné en latin par Pline l'Ancien (livre XXXV) ;
  • Γλῶσσαι Ὁμηρικαί, un glossaire homérique utilisé par les lexicologues postérieurs (et, directement ou indirectement, par Eustathe de Thessalonique) ; on conserve d'ailleurs une très maigre collection de gloses homériques intitulée Ἀπίωνος γλῶσσαι Ὁμηρικαί dans certains manuscrits ;
  • Περὶ τῶν στοιχείων (Les lettres de l'alphabet), ouvrage mentionné une fois dans une scholie à la Grammaire de Denys le Thrace.

Notes modifier

  1. David Nirenberg : Antijudaïsme : Un pilier de la pensée occidentale, chap. 1, 2023, Éd. Labor et Fides, (ISBN 978-2830917994)
  2. Pline l'Ancien, Histoire Naturelle, vol. XXXV : De re metallica, préface, 25
  3. Aulu-Gelle, Nuits attiques., « Livre V », p. 14
  4. Texte original de Pline : Apion quidem grammaticus, hic quem Tiberius Caesar cymbalum mundi vocabat, cum propriæ famæ tympanum potius videri posset, immortalitate donari a se scripsit ad quos aliqua componebat.
  5. Flavius Josèphe, Contre Apion, « Livre II », p. 12.