Anne Cauquelin

philosophe, romancière, essayiste et plasticienne française
Anne Cauquelin
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Anne Cauquelin est une philosophe et artiste plasticienne, romancière et essayiste française du XXe siècle et du début du XXIe siècle. Professeur émérite de philosophie esthétique à l'université Paris X et à l'université de Picardie, ses ouvrages, qui empruntent une démarche buissonnière, outre leur qualité d'écriture et leur érudition, sont qualifiés par la critique de « fête pour l'esprit ».

Biographie modifier

Recherches modifier

Agrégée et docteur en philosophie, Anne Cauquelin soutient une thèse intitulée : Urbanisme : proposition pour une approche oblique, sous la direction de Mikel Dufrenne (1976)[1].

De 2001 à 2011, elle est rédactrice en chef de la Nouvelle revue d'esthétique.

Ses principales recherches et ouvrages pédagogiques portent sur la ville, la notion et la perception du paysage dans l'art à partir de la Renaissance et de Brunelleschi, le langage et l'art, la philosophie antique, Aristote, et l'incompréhension du public pour l'art contemporain[2] qu'elle décrit, empruntant à Ludwig Wittgenstein, comme un jeu désacralisant, et « anti-doxique », dont le premier représentant fut bien sûr le Ready-made de Marcel Duchamp[3],[4]. Dans ce jeu, l'artiste disparait, le public, c'est-à-dire le théoricien de l’art, le critique d’art, l’esthéticien, l’amateur, n’y trouve pas les repères de son héritage culturel[3].

Perspectives théoriques et buissonnières modifier

 
Défense d'afficher sur édifice public.

Anne Cauquelin approfondit dès ses premiers ouvrages ce qu'induisent les usages de l'espace urbain et architectural, de Versailles aux villes nouvelles, sans exclure les favelas. Elle évoque aussi les bonheurs et maléfices de la Ratp[5], les rues et les bistrots[6] ; ces lieux communs ordinaires aux citadins, notant, aussi, que l'urbanisme est une surface d'inscription et que les sociétés y érigent, en strate, des monuments à leur propre mémoire et à leurs morts[8]. Elle dégage les ressources contradictoires de la doxa, qu'elle décrit comme l'envers de la « science », représentant l'opinion, le ouï-dire, et le degré quasi-zéro de la connaissance, même, une « fausse connaissance », — doxa ancienne et doxa moderne par ses avatars que sont les nouvelles technologies de la communication — qui peut créer la rumeur ou déjouer les représentations, y compris rationnelles, mais joue un rôle.

Elle développe également une réflexion sur « le fragment » (ou les fragments) qui acheminent par association d'idées, rapprochements, arrêts et retours de pensée vers l'interprétation théorique (Court traité du fragment. Usages de l'œuvre d'art, Aubier 1999), elle revient sur le rôle de la doxa dans le jugement esthétique qui joue le rôle de « vulgate » dans l'approche de l'art contemporain[9]. Selon Jean-Philippe Catonné, Anne Cauquelin s'intéresse en particulier à « ce qui empêche d'apprécier l'art contemporain »[3], à savoir « une croyance a priori, une disposition générale à croire en quelque chose comme de l'art ». Une attente du plaisir esthétique, cette attente ne peut ainsi qu'être déçue, car « l'art contemporain tend à déplacer les frontières » de l'art et du non-art, et « donc nécessairement à décevoir »[3].

 
Le paysage et la contemplation.

Elle développe ainsi une réflexion sur la notion prégnante de paysage[10] en tant qu'a priori contre-nature constitutif des perceptions chez le spectateur occidental : « Elle montre dans L’invention du paysage (1989) que la perspective paysagère a fortement conditionné notre approche perceptive, au point que nous voyons le monde «  en paysage  »[11]. Selon l’auteure, l’art orienterait ainsi notre perception de la nature [12].

Son intérêt pour l'art créé dans les espaces virtuels, l'art en ligne, l'art en réseau, le Générateur poïétique et leurs nouveaux dispositifs spatio-temporels l’a conduite à poursuivre la réflexion sur les liens entre site et paysage (Le site et le paysage, 2002). Elle s’est aussi interrogée sur les spécificités du jardin, dans lequel le paysagiste entretient un rapport discret à « l'historicité du paysage » et qu’elle définit comme une œuvre ouverte où s'entrecroisent nature et culture ; le jardin est une composition d'espace mais aussi de temps, tenant davantage du processus que du résultat, l'espace y est fini, fragmenté et laborieux en regard du paysage [naturel], image d’un lointain qui suggère l’infini » (Petit traité du jardin ordinaire, 2003). » [3]. Quant au Land art, son matériau est la nature qu’il s’agit de « dé-paysager »[3].

Ouvrages modifier

 
Anne Cauquelin est l'auteure d'ouvrages sur Aristote.
  • Aristote, Éditions du Seuil, Écrivains de toujours, 1994.
  • Les Animaux d'Aristote : sur l’histoire naturelle d’Aristote, La Lettre volée, 1995.
  • Le Voleur d'anges, L'Harmattan, « Esthétiques », 1997 (ISBN 9782738455307).
  • L'art du lieu commun : du bon usage de la doxa, Seuil, 1999.
  • L'exposition de soi : du journal intime aux webcams, Eshel, 2003[15].
  • L'Invention du paysage, PUF, « Quadrige », 2004, (présentation en ligne).
  • Petit traité du jardin ordinaire, Rivages, 2005 (présentation en ligne).
  • Fréquenter les incorporels, contribution à une théorie de l'art contemporain, PUF, « Lignes d'art », 2006.
  • Le Site et le Paysage, PUF, « Quadrige », 2007 (présentation en ligne).
  • L’Art contemporain, PUF, « Que sais-je ? » n°2671, 2009 (ISBN 978-2130801658).
  • Les Théories de l'art, PUF, « Que sais-je ? » n°3353, 2010 (ISBN 978-2130731283), (présentation en ligne).
  • À l’angle des mondes possibles, PUF, « Quadrige », 2010 (présentation en ligne).
  • De la nature des lièvres, les éditions chemin de ronde, « Strette », 2014. (Avec vingt dessins de l'auteur.)
  • Les Machines dans la tête, PUF, 2015.
  • En collaboration avec Jean-Luc Hervé : Les Jardins de l'écoute, MF, 2018[16].

Bibliographie critique modifier

  • Anne Querrien : « Anne Cauquelin, L'invention du paysage, 1989 », Les Annales de Recherches Urbaines, 1990, (consulter en ligne) sur Persée.
  • Augustin Berque, « Paysage et modernité »,  Espace géographique, t. 21, n°2,‎ , p. 137-139 (lire en ligne).
  • André-Louis Paré : « Cauquelin, Anne, Petit traité d’art contemporain » , Revue Espace sculpture, n° 40, 1997 (résumé en ligne) sur Érudit.
  • Catonné Jean-Philippe, « « Anne Cauquelin, Petit traité d'art contemporain» », Raison présente, n° 131, 3e trimestre 1999, Crises de la pensée scientifique,‎ , p. 145-150 (lire en ligne)
  • Nathalie Desmet : « Anne Cauquelin, À l’angle des mondes possibles », Revue Marges, 12, 2011 (consulter en ligne) sur OpenEdition.
  • Chandramukhi : De la nature des lièvres dans CCP/Cahier critique de poésie (no 29-5, ) (consulter en ligne)
  • Nathalie Desmet : « Les Machines dans la tête », Revue Esse arts + opinions, n° 86, 2016 (présentation en ligne)
  • Pierre Parlant, « Entretien avec Pierre Parlant : Anne Cauquelin, « Aristote revient du marché à cloche-pied » », Diacritik,‎ (lire en ligne).

Notes et références modifier

  1. Catalogue Sudoc.
  2. Différent de l'Art moderne et du modernisme.
  3. a b c d e et f Catonné Jean-Philippe 1999.
  4. Suivi de l’Art action, de l’International Klein Blue, des monochromes d’Yves Klein.
  5. Anne Cauquelin, « Notes sur la panne », Les Annales de la recherche urbaine, no 39 « Transports en commun »,‎ , p. 68-72 (DOI 10.3406/aru.1988.1386).
  6. Esprit Presse, Pierre Sansot, compte rendu de l'Essai de philosophie urbaine d'Anne Cauquelin, février 1985.
  7. Cauquelin- Anne, La ville transparente, in: Quaderni, n°6, Hiver 88/89. Télé-ville. pp. 15-21.
  8. Pour certains, la ville ne figurerait plus que comme une image de l'histoire alors que, pour d'autres, la ville devenue « lisse », réduite à la transparence [du virtuel], survivrait au travers de [ses] « reliques  ».[7].
  9. [audio]France culture, émission, Entendez-vous l'écho ? par Maylis Besserie, série « Peindre-l'économie», épisode 3, Quand l'art se consomme.
  10. Cynthia Ghorra-Gobin, « L'art du lieu commun : du bon usage de la doxa de Anne Cauquelin, Paris, Seuil, 1999, 209 p. », Quaderni, vol. 42, no 1,‎ , p. 147–149 (lire en ligne, consulté le )
  11. Gérard Chouquer , in Études rurales, compte rendu de lecture [1].
  12. Berque 1992.
  13. Jean-Luc Hennig, « Les temps urbains », Le Monde,‎ (lire en ligne)
  14. Fernand-Luc Bergeron, Compte rendu de lecture in Philosophiques, Volume 23, n° 1, pages 173–174 (consulter en ligne).
  15. Marlène Duretz, « Muséographie du moi », Le Monde,‎ (lire en ligne)
  16. Pierre Gervasoni, « Exposition : au Centre Pompidou, des « agents sonores » à l’œuvre », Le Monde,‎ (lire en ligne)

Liens externes modifier