Anna Le Bail

gardienne de phare

Anna Le Bail, née le et originaire de l'île Hoëdic et morte le à Saint Philibert dans sa 75e année, est pendant quarante ans la gardienne du phare de Kernevest Gwardez-tour-tan ar Cheac'h situé à Saint-Philibert (Morbihan), de 1925 à sa mort. La commune a donné son nom à l'avenue qui mène à la plage de Kernarvest[1].

Anna Le Bail
Fonction
Gardienne de phare
Phare de Kernevest
-
Biographie
Naissance
Décès
Nationalité
Activité
Plaque commémorative

Biographie modifier

La gestion du phare est confiée à sa famille depuis son ouverture le . Vincent Le Stang, le grand-père d'Anna Le Bail en a été le premier gardien en 1855, son fils a hérité de son poste puis sa petite-fille, sœur d'Anna. Au décès de cette dernière en 1925, Anna Le Bail, célibataire sans enfant, hérite de la gestion du phare à la suite de sa sœur[2].

Anna Le Bail a été témoin en 1931 du naufrage du St Philibert[3] entraînant un conflit social et politique incitant les habitants de l'île à s'installer sur le continent. Le navire à vapeur transportant plus de 500 ouvriers, syndicalistes et militants libres penseurs accompagnés de leurs enfants, a sombré dans la nuit du au retour d'une excursion sur l'Île de Noirmoutier. Ce naufrage la conforte dans sa vocation de consacrer sa vie à son phare.

Pour compléter son modeste revenu, 190 francs par mois comprenant l'électricité et le logement, Anna Le Bail s'adonne à l'ostréiculture[4]. Chaque jour, après avoir procédé à un entretien minutieux de son phare, elle se rend sur la plage de Kernevar pendant quelques heures pour relever les naissains rassemblés en écloserie où ils se développeront pendant douze mois avant d'être dégusté par les amateurs d'huîtres de Bretagne.

Anna Le Bail s'investit dans la commune de Saint Philibert en exerçant comme crieur public, chargée à la sortie des messes dominicales d'annoncer les informations municipales. Elle siège au conseil municipal à partir de 1945, en devient la doyenne jusqu'à sa mort en 1965[5]. Le le maire de Saint-Philibert lui remet la médaille d’honneur des Travaux Publics en présence du député de région, du sous-préfet de Lorient, du recteur de la paroisse, de l'adjoint au maire de Lorient et du conseil municipal au grand complet.

Dévouée, Anna Le Bail accompagne les mères pendant leur grossesse, fait aussi office de sage-femme lors des accouchements, sait donner les premiers soins au bébé. Elle assiste le médecin traitant, sait faire une piqûre si nécessaire.

Anna Le Bail aime la compétition, elle participe aux courses de vélo organisées à St Philibert et gagne le 1er prix des régates en 1951[6],[7] (l'équivalent de l'aviron), elle a alors 61 ans.

Témoin de l'évolution industrielle modifier

Dans une vidéo interview[8] archivée par l'Ina datant du , Anna Le Bail explique les évolutions des techniques d'éclairages. À cette époque, Il était avantageux pour l'état français de nommer des femmes gardiennes de phares car elles étaient plus consciencieuses tout en étant payées cinq à six fois moins cher qu'un homme. Entre 1914 et 1939 dans le département du Morbihan, un tiers des gardiens nommés sont des femmes[9]. Depuis les années 2000, le phare est automatisé et géré par des contrôleurs des travaux publics.

 
La famille d'Anna le Bail s'occupe du phare depuis son ouverture en 1855.

Le phare a fonctionné au pétrole jusqu'en 1952 avec des rondes de nuit obligatoires par tous les temps pour veiller à l'éclairage[9],[10]. Officiellement le phare a bénéficié des progrès de l'électricité en 1888, il doit émettre deux éclats blancs toutes les dix secondes[11].

Doté d'un feu fixe à son ouverture remplacé par un faisceau tournant quelques années plus tard, le phare a ensuite fonctionné à l'électricité. Il est équipé d'un radiophare en 1912 et en 1932 de l'installation d'un diaphone. En 1939, le phare est doté des nouvelles lanternes présentées à l'exposition universelle de 1937, en pratique un nouveau feu mais possédant les mêmes caractéristiques[11]. Anna Le Bail parcourait toutes les nuits par tous les temps, les 700 mètres qui séparait sa maison du phare pour veiller à son allumage.

Un langage des phares est créé grâce aux faisceaux tournants irréguliers permettant aux navigateurs de reconnaître les phares de nuit et de se situer sur la carte maritime.

Le phare de Kernevest est inscrit au monument historique le [12] son classement est demandé en [13]. Il abrite aujourd'hui le musée des phares d'Ouessant[14].

 
plaque commémorative sur la stèle dédiée à Anna Le Bail à Saint-Philibert.

Hommage modifier

La radio maRTS a immortalisé la voix d'Anna Le Bail par un podcast de l'émission Point de Fuite[15]. Un mixage de deux reportages sur les gardiennes de phares Marie-Paule Le Guen, phare de Pontusval[16] et Anna Le Bail.

Une plaque commémorative en souvenir d'Anna Le Bail est scellée sur la stèle taillée en forme de menhir érigée sur le bord de la côte à Kernevest. Il s'agit d'un don de la commune aidée par de généreux donateurs, en .

Notes et références modifier

  1. « Plage de Kernevest - Plage, Rue de Trelian, 56470 Saint-Philibert - Adresse, Horaire », sur fr.mappy.com (consulté le )
  2. (en) Shona Riddel, Guiding Lights, Exisle publishing, , p. 158
  3. Anatole Danto, « Patrick Macquaire, Le cercle des homards. Hoëdic, une île entre rumeur et naufrage. Ethnographie d'une catastrophe maritime », Lectures,‎ (ISSN 2116-5289, lire en ligne, consulté le )
  4. commune de St Philibert, « PARCOURS PATRIMOINE - Exposition en extérieur » [PDF], (consulté le )
  5. Echo municipal, « L'Echo Phil » [PDF], (consulté le )
  6. Bernard Cadoret, Claude Maho, Gilles Millot, Yann Régent, « UN SIÈCLE DE RÉGATES DANS LE GOLFE », sur www.chasse-maree.com-revue du monde maritime depuis 1981, (consulté le )
  7. « Canivarch », sur Mapcarta (consulté le )
  8. Producteur / coproducteur : Office national de radiodiffusion télévision française Journaliste : Soick Le Berre, « Gardienne de phare à Saint-Philibert », sur INA (consulté le )
  9. a et b « l'Ouest en mémoire - Une gardienne de phare - Ina.fr », sur l'Ouest en mémoire (consulté le )
  10. « Gardienne de phare à Saint Philibert | INA » (consulté le )
  11. a et b « Phare de Creac'h (Etablissement de signalisation maritime n° 6423/000) », sur www.pop.culture.gouv.fr (consulté le )
  12. « Phare du Créac'h », sur www.pop.culture.gouv.fr (consulté le )
  13. « Classement au titre des monuments historiques de plusieurs phares ou anciens phares du littoral / Archives novembre 2010 / Archives Année 2010 / Brèves / Actualités / Agenda / Accueil - Portail de l'Etat en Bretagne », sur archive.wikiwix.com (consulté le )
  14. « Musée des Phares et Balises », sur Bretagne Musées (consulté le )
  15. « Point de fuite: Une vie de gardienne de phare en Bretagne: "La mer cʹest ma vie" », sur rts.ch, (consulté le )
  16. « Une allée au nom de la gardienne du phare », (consulté le )

Voir aussi modifier

Articles connexes modifier

Liens externes modifier