Air-sol moyenne portée

Missile nucléaire français Air-Sol aéroportée
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L’air-sol moyenne portée (ASMP) fait partie, avec l’Apache, le SCALP-EG et le MdCN, des missiles de croisière utilisés par l’Armée française. Il emporte une arme nucléaire. Son successeur le missile Air-sol moyenne portée amélioré (ASMPA) est entré en service opérationnel en 2010.

Air-sol moyenne portée (ASMP)
Air-sol moyenne portée
Dessin de profil de l’ASMP
Présentation
Type de missile Missile nucléaire pré-stratégique
Constructeur MBDA
Coût à l'unité 15 millions d'euros
Déploiement de 1986 à 2012
Caractéristiques
Moteurs Statoréacteur
Masse au lancement 840 kg
Longueur 5,40 m
Diamètre 0,35 m
Envergure 0,96 m
Vitesse Mach 3 (estimée)
Portée ± 400 km à haute altitude
± 80 km à basse altitude
± 60 km contre une cible navale
Altitude de croisière Choisie par le pilote avant le tir
Charge utile Tête nucléaire TN 81 de 300 kt
Guidage Navigation inertielle sur programme
Détonation Accélérateur à poudre jusqu'à Mach 2
Plateforme de lancement Mirage IV
Mirage 2000N
Super-Étendard

Historique de la conception modifier

Origines modifier

Au début des années 1970, les progrès de la défense sol-air obligent l'Armée de l'air et la Marine nationale à améliorer leurs armements stratégiques et pré-stratégiques, respectivement constitués des binômes suivants pour l'A.A :

Il est donc décidé de remplacer les bombes par des missiles, ce qui permet à l'avion de tirer avec une distance de sécurité.

L'Avion de combat futur modifier

L'État-major de l'Armée de l'air (EMAA) définit le un projet de fiche-programme pour un avion de combat biréacteur, chargé des missions de défense aérienne, de couverture, d'attaque et de reconnaissance, l'Avion de combat futur (ACF)[1]. Deux versions sont ensuite définies, un avion monoplace de défense aérienne et un biplace de pénétration/frappe nucléaire.

La campagne d'essais nucléaires en 1973 au Centre d'expérimentations du Pacifique (CEP) montre la possibilité de réaliser une tête nucléaire miniaturisée et un missile dédié[2]. Ces décisions sont confirmées le par le ministère de la Défense, après le lancement du développement du missile air-sol à tête nucléaire en . La version « Pénétration et Attaque à basse altitude » sera opérationnelle avant le et le missile en 1981.

L'arrêt du programme ACF est décidé le par le Conseil de défense, à la suite des difficultés économiques françaises, l'avion de combat futur étant perçu comme trop ambitieux, trop grand et trop cher pour les prévisions budgétaires[2].

Le programme de missile est suspendu mais les développements techniques sont toutefois conservés.

Poursuite du programme modifier

En 1977, l'Aérospatiale, répondant à un appel d'offres de la Direction technique des engins propose un missile doté d'un statoréacteur à accélérateur intégré. En 1978, l'Aérospatiale est choisie pour développer l'ASMP en vue d'une utilisation sur Mirage 2000. L'année suivante la décision est prise de l'adapter en priorité sur le Mirage IV en vue d'une utilisation stratégique. Et en 1980, il est décidé de doter la Marine nationale d'une capacité pré-stratégique en adaptant l'ASMP sur le Super Étendard. La mise en production de série intervient à la fin de l'année 1983. La mise en service du premier escadron sur Mirage IV intervient le 1er mai 1986, celui sur Mirage 2000 le 1er juillet 1988 et enfin la mise en service sur Super Étendard, le 1er juin 1989.

Description du missile modifier

La grande capacité de pénétration de l'ASMP résulte :

  • de sa vitesse supérieure à deux fois la vitesse du son ;
  • de sa grande manœuvrabilité ;
  • de sa furtivité ;
  • de son insensibilité aux effets des explosions nucléaires, appelée durcissement ;
  • de la variété des trajectoires possibles.

Fonctionnement modifier

  1. Phase 1 : à 0 seconde,
    • à une vitesse de l'avion lanceur supérieure à 500 nœuds, éjection du missile vers le bas à 5 m/s pour mettre le missile à une distance de sécurité ;
    • mise à feu du bloc poudre après 1,2 seconde avec mise en pression du réservoir de kérosène ;
    • accélération jusqu'à Mach 2.
  2. Phase 2 : à 1,6 seconde,
    • le réservoir de kérosène est préparé pour son allumage.
  3. Phase 3 : à 5,9 secondes,
    • largage de la tuyère d'accélération ;
    • ouverture des entrées d'air du statoréacteur ;
    • éjection des obturateurs de la chambre de combustion ;
    • injection du kérosène ;
    • allumage du statoréacteur.
  4. Phase 4 : à 6 secondes,
    • vol de croisière avec trois types de trajectoire possibles :
      • trajectoire à basse altitude, en épousant la forme du relief,
      • trajectoire à haute altitude puis descente à forte pente sur l'objectif, autorisant une plus grande portée,
      • trajectoire marine à très basse altitude (quelques dizaines de mètres)[3].

Fabrication et déploiement modifier

L'ASMP est un missile nucléaire tactique de « dernier avertissement » avant les frappes par sous-marins ; 90 missiles ASMP et 60 ogives nucléaires TN 81 sont construits pour être portés par les 60 Mirage 2000 NK2[4] de l'Armée de l'air et les Super Étendard[5] de la Marine, embarqués sur porte-avions.

L'ASMP est retiré progressivement du service entre 2010 et 2012 au profit de son successeur, le missile air-sol moyenne portée amélioré (ASMPA)

Versions envisagées modifier

Des versions avec une charge conventionnelle sont envisagés mais ne seront pas produites[6] :

Notes et références modifier

  1. Bonnet 2007, p. 290-293
  2. a et b Bonnet 2007, p. 293-294
  3. « Les programmes de missiles préstratégiques français », sur www.institut-strategie.fr, Institut de stratégie comparée (ISC), (consulté le ).
  4. « Dassault Mirage 2000N vecteur de l'ASMP », sur stanakshot, (consulté le )
  5. « Dassault Super Etendard équipé d'un ASMP », sur stanakshot (consulté le )
  6. Alain Crosnier, Mirage IV, Le Bombardier Fantastique, skyshelf, , 122 p., p. 103

Voir aussi modifier

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Bibliographie modifier

  • Jacques Bonnet (dir.), COMAERO, Comité pour l'histoire de l'aéronautique, Un demi-siècle d'aéronautique en France : Les Avions militaires, t. II, Centre des hautes études de l’armement – Division Histoire de l’armement, , 259 p. (lire en ligne)

Articles connexes modifier

Liens externes modifier