Agression

comportement, d'attaque ou d'opposition, non provoqué s'exprimant avec violence et brutalité

Le terme agression dérive du latin adgredi signifiant « aller vers », « attaquer », « marcher de l'avant ». Le mot désigne d'une manière générale tout comportement, d'attaque ou d'opposition, non provoqué qui s'exprime avec violence et brutalité. L'agression peut être éventuellement précédée de manifestations de provocation, ainsi que résulter d'une action préméditée. En sciences sociales et comportementales, l'agression définit une atteinte à l'intégrité physique (agression physique) ou psychologique des personnes (agression verbale).

L'agression peut aussi être verbale comme ici lors d'un entraînement militaire.

L'agression vise à causer des dommages ou instaurer une domination dans un contexte relationnel, social ou international. Le comportement défensif ou prédateur chez différentes espèces ne peut être considérée comme une agression dans un sens similaire du terme.

Le comportement assertif[1] ou la doctrine de la non violence visent à empêcher ou à réduire les comportements agressifs.

Description modifier

Il existe deux catégories d'agression communément distinguées. La première inclut l'agression affective (émotionnelle) et hostile ou de vengeance, et l'autre inclut l'agression avec pré-méditation[2]. Un nombre de classifications et de dimensions de l'agression ont été suggérées. Elles dépendent du type d'agression, à savoir si cette dernière est physique ou verbale ; peu importe le cas, elle implique une agression de type relationnel[3] ; peu importe si le mal est intentionnel ou non ; peu importe si elle est effectuée pacifiquement ou avec agressivité ; et peu importe si l'agression est effectuée directement ou indirectement. Elle peut également être associée aux émotions de type agressives (ex. la colère) et des états psychologiques (ex. impulsivité, hostilité)[4]. L'agression peut être une réponse émotionnelle aux facteurs sociaux ou non, et peut avoir une relation avec le stress[5]. Elle peut également être utilisée pour intimider.

Éthologie modifier

 
Deux éléphants de mer en train de combattre.

Des études relatent l'agression et l'évolution des animaux dans leur milieu naturel. Dans un tel milieu, l'agression peut s'effectuer physiquement (morsures, coups), mais la majorité des conflits proviennent de menaces et d'intimidations qui ne causent en général aucun dommage physique. Cette forme d'agression peut inclure l'usage du poids corporelle, des griffes ou des dents ; des signaux habituels qui se lisent sur l'expression faciale ; la tonalité vocale ; la sécrétion de fluides défensifs ; et le changement de couleur[6]. Le terme de comportement agonistique est souvent utilisé pour désigner ces types de comportement.

La majorité des éthologues pensent que l'agression possède un certain avantage. Elle aiderait un animal à conquérir un territoire, dont des ressources comme l'eau et la nature. L'agression entre mâles permet souvent de déterminer le plus dominant. L'agression peut également être un moyen pour se défendre ou défendre sa progéniture[7].

Chez les humains modifier

Les humains partagent les mêmes aspects de l'agression que les animaux non humains, et possèdent des aspects spécifiques et la complexité similaire liée à des facteurs génétiques, développementaux, environnementaux, sociaux, culturels ou moraux.

Culture modifier

La culture joue un rôle important dans l'histoire de l'agression. Les sociétés tribales vivant en dehors de la civilisation moderne actuelle ont souvent été décrites comme des « bons sauvages » ou d'une manière alternative des « bêtes sauvages » et « brutales ». Les Kung étaient désignés comme un « peuple pacifique » dans les ouvrages d'Elizabeth Marshall Thomas en 1958[8], tandis que Lawrence Keeley, dans son ouvrage War Before Civilization, explique que les guerres sans technologie moderne ont été conduites par plusieurs types de groupes à travers l'histoire, dont les natifs américains[9]. Des études de chasseurs-cueilleurs montrent différents types d'agression dans la société. En général, l'agression, le conflit et la violence sont souvent présents, mais la confrontation directe est généralement évitée et les conflits surviennent habituellement par méthodes verbales et non verbales.

Certains étudiants pensent que des attitudes violentes comme l'agression peuvent partiellement survenir en regardant ou imitant le comportement des autres. Certains étudiants concluent que les médias jouent un petit rôle dans l'agression[10]; cependant, certaines études mettent en cause ce point de vue [11]. Une étude sur la jeunesse ne démontre aucune relation à long terme entre les jeux vidéo et la violence chez les jeunes individus[12]. Une autre étude suggère que les jeux vidéo violents auraient un léger impact dans l'agression[13]. L'auteur explique qu'il n'existerait aucun lien entre l'agression et les jeux vidéo violents. Cependant, une autre étude démontre le contraire[14]. Une étude suggère que les adultes (parents) souffrant de symptômes dissociatifs liés au trouble de stress post-traumatique laisseraient plus facilement leurs enfants s'exposer aux programmes et aux jeux vidéo violents[15].

Enfants modifier

 
Une petite fille donne une claque ; une autre petite fille la reçoit.

Le pic d'agression physique chez les enfants se situe aux alentours de 2–3 ans. Elle décline en moyenne au fur et à mesure[16],[17]. Cependant, il existe des enfants qui n'acquièrent aucune capacité nécessaire dans le développement de l'agression physique. La punition corporelle comme la fessée peut augmenter les risques d'agression chez l'enfant[18].

Une expérience nommée expérience de la poupée Bobo a été menée par Albert Bandura en 1961. Dans cette étude, Bandura découvre que les enfants exposés à un modèle adulte agressif tendent à être plus agressifs, contrairement aux enfants qui ont été exposés à un modèle adulte non agressif. Cette expérience montre que quelqu'un entrant en contact avec un enfant peut avoir un impact sur sa manière d'agir[19].

Différence entre sexes modifier

Le sexe joue un grand rôle chez les humains et animaux non humains. Les hommes tendent généralement plus vers l'agression physique que les femmes dès le plus jeune âge[20],[21], et les hommes commettent principalement plus de meurtres (Buss, 2005). C'est la plus grande différence qui sépare les deux sexes, et ce type de comportement est trouvé parmi les différents âges et différentes cultures. Cependant, une étude empirique montre que l'agression entre les garçons et les filles est particulièrement prononcée dès le jeune âge, et modérée durant l'âge adulte[22]. Les hommes expriment plus aisément la violence physique que les femmes[23]. Dans les formes d'agression non directes, plutôt relationnelles ou verbales, certains scientifiques expliquent que les femmes sont plus facilement exposées à ce type d'agression et s'expriment rarement physiquement[24],[25],[26].

Des études montrent que les femmes ont un meilleur contrôle de leurs émotions contrairement aux hommes[27]. Bien que les femmes n'adoptent aucune agression physique, elles peuvent s'exprimer d'une manière alternative par des moyens non physiques. La façon dont les femmes expriment leur agressivité dépend de la culture.

Situations modifier

Il existe un lien entre l'abus d'alcool et l'agression. Les individus qui prônent la violence à la suite de la consommation d'alcool s'exposent à un haut risque d'agressivité[28]. L'alcool rend habituellement moins conscient les individus qui le sont habituellement (MacDonald et al. 1996).

La douleur et la gêne peuvent également déclencher une agression. Mettre sa main dans de l'eau bouillante peut causer une réponse agressive. Les températures chaudes seraient un facteur de l'agression comme démontrées dans de nombreuses études. Des étudiants ont été aperçus plus agressifs et irritables lorsqu'ils faisaient un contrôle dans une classe à haute température (Anderson et al. 1996, Rule, et al. 1987). Des individus conduisant sans air climatisées adopteraient un comportement plus agressif sur la route (Kenrick & MacFarlane 1986). La frustration est une autre cause majeure de l'agression. La théorie de la frustration-agression explique que l'agression s'accroît lorsqu'un individu se sent bloqué dans son but (Aronson et al. 2005). Une frustration inattendue peut également être un facteur.

Notes et références modifier

  1. Akert, R.M., Aronson, E., & Wilson, T.D. (2010). Social Psychology (7th ed.). Upper Saddle River, NJ: Prentice Hall.
  2. (en) Berkowitz, L. (1993). Aggression: Its causes, consequences, and control. New York, NY: McGraw-Hill.
  3. Ellie L. Young, David A. Nelson, America B. Hottle, Brittney Warburton, and Bryan K. Young (2010) Relational Aggression Among Students Principal Leadership, October, copyright the National Association of Secondary School Principals
  4. (en) JM Ramírez et JM Andreu, « Aggression, and some related psychological constructs (anger, hostility, and impulsivity); some comments from a research project », Neuroscience and biobehavioral reviews, vol. 30, no 3,‎ , p. 276–91 (PMID 16081158, DOI 10.1016/j.neubiorev.2005.04.015, lire en ligne)
  5. (en) AH Veenema et ID Neumann, « Neurobiological mechanisms of aggression and stress coping: a comparative study in mouse and rat selection lines », Brain, behavior and evolution, vol. 70, no 4,‎ , p. 274–85 (PMID 17914259, DOI 10.1159/000105491)
  6. (en) van Staaden, MJ, Searcy, WA. & Hanlon, RT. 'Signaling Aggression' in Aggression Academic Press, Stephen F. Goodwin, 2011
  7. (en) Maestripieri, =D., « Functional Aspects of Maternal Aggression in Mammals », Canadian Journal of Zoology, vol. 70, no 6,‎ , p. 1069–1077 (DOI 10.1139/z92-150, lire en ligne)
  8. (en) Elizabeth Marshall Thomas, The harmless people, Vintage Books, (lire en ligne).
  9. (en) Lawrence Keeley, War before civilization, New York, Oxford University Press, , 245 p. (ISBN 978-0-195-11912-1, OCLC 263453379, lire en ligne).
  10. (en) Elliot Aronson, Timothy D. Wilson et Robin M. Akert, Social psychology, Upper Saddle River, NJ, Prentice Hall, , 5e éd., 656 p. (ISBN 978-0-131-32793-1, OCLC 856833613)
  11. (en) Jonathan L. Freedman, Media Violence and its Effect on Aggression: Assessing the Scientific Evidence, University of Toronto Press, (ISBN 9780802084255, lire en ligne).
  12. (en) Christopher J. Ferguson, (2010) "Video Games and Youth Violence: A Prospective Analysis in Adolescents", Journal of Youth and Adolescence
  13. (en) J. Sherry, « The effects of violent video games on aggression », Human Communication Research, vol. 27,‎ , p. 409–431 (lire en ligne)
  14. (en) C.A. Anderson et K.E. Dill, « Video Games and Aggressive Thoughts, Feelings, and Behavior in the Laboratory and in Life », Journal of Personality and Social Psychology, vol. 78, no 4,‎ , p. 772–790 (PMID 10794380, DOI 10.1037/0022-3514.78.4.772, lire en ligne)
  15. Daniel S. Schechter, Anna Gross, Erica Willheim et Jaime McCaw, « Is Maternal PTSD Associated with Greater Exposure of Very Young Children to Violent Media? », Journal of traumatic stress, vol. 22, no 6,‎ , p. 658–662 (ISSN 0894-9867, PMID 19924819, PMCID PMCPMC2798921, DOI 10.1002/jts.20472, lire en ligne, consulté le ).
  16. (en) R.E. Tremblay, « The development of aggressive behaviour during childhood: What have we learned in the past century », International Journal of Behavioral Development, vol. 24, no 2,‎ , p. 129–141 (DOI 10.1080/016502500383232)
  17. (en) I.L. Bongers, H.M. Koot, J. der Ende et F.C. Verhulst, « Developmental trajectories of externalizing behaviors in childhood and adolescence », Child Development, vol. 75, no 5,‎ , p. 1523–1537 (PMID 15369529, DOI 10.1111/j.1467-8624.2004.00755.x)
  18. (en) CA Taylor, JA Manganello, SJ Lee et JC Rice, « Mothers' spanking of 3-year-old children and subsequent risk of children's aggressive behavior », Pediatrics, vol. 125, no 5,‎ , e1057–65 (PMID 20385647, DOI 10.1542/peds.2009-2678)
  19. (en) A. Bandura, D. Ross et S.A. Ross, « Transmission of aggression through imitation of aggressive models », The Journal of Abnormal and Social Psychology, vol. 63, no 3,‎ , p. 575–582 (PMID 13864605, DOI 10.1037/h0045925)
  20. (en) William Damon, Richard M. Lerner, Deanna Kuhn, Robert Siegler et Nancy Eisenberg, Handbook of child psychology, vol. 3 : Social, emotional and personality development, Hoboken, N.J, John Wiley & Sons, , 1128 p. (ISBN 978-0-471-27290-8, OCLC 921519657), Coie, J.D. & Dodge, K.A. (1997). Aggression and antisocial behavior
  21. (en) Eleanor E. Maccoby et Carol Nagy Jacklin, The Psychology of Sex Differences, Stanford University Press, (ISBN 9780804709750, lire en ligne).
  22. (en) Eagly & Steffen (1986) Psychological Bulletin. "Gender and Aggressive Behavior: A Meta-analytic Review of the Social Psychological Literature" Volume 100, No 3. p. 323-325 [1]
  23. (en) Kaj Bjorkqvist, Kirsti M. Lagerspetz et Karin Osterman, « Sex Differences in Covert Aggression », Aggressive Behavior, vol. 202,‎ , p. 27–33 (lire en ligne)
  24. (en) J. Archer, « Sex differences in aggression in real-world settings: A meta-analytic review », Review of General Psychology, vol. 8, no 4,‎ , p. 291–322 (DOI 10.1037/1089-2680.8.4.291)
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  26. (en) « Gender Differences in Psychological, Physical, and Sexual Aggression Among College Students Using the Revised Conflict Tactics Scales », Violence and Victims, vol. 18, no 2,‎ , p. 197–217 (PMID 12816404, DOI 10.1891/vivi.2003.18.2.197)
  27. [2] Yahoo Canada. 9 avril 2012.
  28. (en) C. Navis, SL Brown et D. Heim, « Predictors of injurious assault committed during or after drinking alcohol: a case-control study of young offenders », Aggressive behavior, vol. 34, no 2,‎ , p. 167–74 (PMID 17922526, DOI 10.1002/ab.20231)

Annexes modifier

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Bibliographie modifier

Articles connexes modifier

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