Agoraphobie

peur des lieux publics et des espaces ouverts

L'agoraphobie (du grec ancien ἀγορά / agorá (« place publique », « assemblée ») et φόβος / phóbos (« peur »)) est la peur des lieux publics et des espaces ouverts, au sens commun du terme. C'est plus précisément la peur de ne pas pouvoir fuir ou être secouru rapidement. De nombreuses situations et lieux peuvent être évités ou fuis et varient selon les personnes. Les réunions professionnelles ou familiales, les queues au supermarché, les attentes chez le médecin, le dentiste, être enfermé même dehors ou plus précisément être bloqué, très souvent s'éloigner de son domicile est une des grandes peurs d'agoraphobes, comme d'emprunter les autoroutes ou grandes routes fermées par des barrières.

Agoraphobie
Description de cette image, également commentée ci-après
La peur des lieux publics et des grands espaces.

Traitement
Traitement PsychothérapieVoir et modifier les données sur Wikidata
Médicament AlprazolamVoir et modifier les données sur Wikidata
Spécialité Psychiatrie et psychologie cliniqueVoir et modifier les données sur Wikidata
Classification et ressources externes
CIM-10 F40
F40.00 Agoraphobie indéfinie, F40.01 Avec trouble panique, F40.02 Sans trouble panique
CIM-9 300.22 Sans trouble panique, 300.21 Avec trouble panique
MedlinePlus 000923
MeSH D000379
Patient UK Agoraphobia-pro

Wikipédia ne donne pas de conseils médicaux Mise en garde médicale

Nombre de gens qui se disent agoraphobes sont en fait démophobes[réf. nécessaire] : ce ne sont pas les lieux ouverts ou les espaces publics qui les oppressent, mais la foule. L'agoraphobie ne doit pas non plus être confondue avec l'ochlophobie qui correspond à la peur de la foule en tant que masse oppressive[réf. nécessaire].

Les situations devenant trop nombreuses, un comportement d'évitement s'installe, des crises d'angoisse surviennent en confrontation à l'objet de la phobie, et un trouble panique peut se développer.

Historique modifier

En 1871, le neuropsychiatre berlinois Carl Westphal crée le terme d'« agoraphobie » après avoir remarqué que certains de ses patients manifestaient une anxiété extrême et même un sentiment de terreur s'ils devaient se rendre sur certaines places publiques de la ville[1].

Prévalence et incidence modifier

L'agoraphobie touche de 2 à 4 % de la population. Sous sa forme mineure (agoraphobie simple) elle se développe entre la fin de l'adolescence et la trentième année environ. La forme majeure s'accompagne généralement de troubles paniques et survient entre 30 et 45 ans.

Symptômes modifier

Si l'origine de ce trouble diffère selon les sujets, il survient le plus souvent à la suite d'un traumatisme psychique (accident, deuil, chômage…). Il peut s'accompagner d'autres syndromes, phobies ou troubles compulsifs (dépression, claustrophobie…).

L'angoisse générée par cette manifestation phobique peut être de différente intensité selon le sujet. Certains sujets peuvent avoir des attaques de panique. À l'exception des personnes présentant des pathologies particulières (insuffisance cardiaques, asthme…), les attaques de panique n'ont aucun danger pour la santé. Néanmoins, les victimes comparent ces épisodes à une sensation de mort imminente.

Ces attaques de panique présentent au moins quatre symptômes parmi cette liste pour être diagnostiquées :

  • palpitations, tachycardie (accélération du rythme cardiaque) ;
  • tremblements ou secousses musculaires (d'où vient le nom de spasmophilie) ;
  • douleur, gênes thoraciques ;
  • sensation d'étranglement, souffle court ;
  • parfois, déréalisation ou dépersonnalisation.
  • vertiges ;
  • frissons / bouffées de chaleur ;
  • nausées ou gêne abdominale ;
  • transpiration ;
  • picotements dans les mains ou les pieds ;
  • tremblements.

La crise d'angoisse atteint son maximum en dix minutes et peut se calmer et disparaitre en quarante-cinq minutes au plus.

Les patients subissent une forte peur soudaine, les sensations de vertige, d'étouffement, de perte de contrôle, accompagnées des manifestations physiques d'une angoisse intense, ce qui les amène à redouter les situations dans lesquelles ils craignent d'avoir peur (peur d'avoir peur = phobophobie). Ils peuvent alors élaborer un processus dit d’« évitement », consistant à éviter toute situation représentant l'objet de leur phobie.

Dans ce dernier cas, l'agoraphobe risque ainsi d'entrer progressivement dans un processus de dé-sociabilisation et présenter à terme un syndrome dépressif majeur.

On peut en distinguer deux types d'agoraphobie : l'agoraphobie primaire qui appartient au groupe des phobies spécifiques innées et l'agoraphobie secondaire liée qui représente plutôt un trouble post-traumatique relative à un événement traumatique antérieur[2].

Traitement modifier

Les thérapies cognitives et comportementales (TCC) sont aujourd'hui les plus indiquées dans le traitement de ce trouble. La relaxation et l'apprentissage du contrôle de soi (émotions et manifestations corporelles conséquentes) vont permettre au patient d'atténuer l'anxiété persistante et de se confronter plus sereinement aux situations redoutées. Pour cela, une technique de désensibilisation systématique met le patient en situation phobogène, en imagination, dans un premier temps, puis progressivement, en situation réelle « in vivo ». Également appelée thérapie d'exposition qui consiste en une exposition répétée, progressive et contrôlée, à l'environnement posant problème, dans l'objectif de désensibiliser le patient. La thérapie d'exposition peut comprendre l'identification des pensées qui surgissent face à l'environnement, la réflexion sur ces pensées, et le changement des pensées si elles sont inappropriées.

L'hypnose et la relaxation en général sont indiquées comme traitement complémentaire. Les crises d'angoisse étant avant-tout une réaction physiologique, calmer le corps de façon autonome (sans aide médicamenteuse ou drogue / alcool) permet de retrouver une confiance en soi pour pouvoir s'exposer aux peurs.

Le sport est préconisé pour éprouver son corps, retrouver une confiance en ses capacités physiques, et libère des hormones du bien-être : endorphines, sérotonine, dopamine….

Notes et références modifier

  1. (de) Carl Westphal, « Die Agoraphobie, eine neuropathische Erscheinung », Archiv. Psychiatr. Nervenkr, 1871-72;3:138-161.
  2. Pierre Schulz, Traitements des troubles psychiatriques selon le DSM-5 et la CIM-10, De Boeck Superieur, (ISBN 9782807303065, lire en ligne)

Voir aussi modifier

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Articles connexes modifier

Bibliographie modifier

  • (en) Kathryn Milun, Pathologies of modern space : empty space, urban anxiety, and the recovery of the public self, Rotledge, New York, 2007, 325 p. (ISBN 978-0-415-95274-3)
  • Jean-Luc Émery, Surmontez vos peurs : vaincre le trouble panique et l'agoraphobie, Odile Jacob, Paris, 2008, 302 p. (ISBN 978-2-7381-2094-6)
  • Franck Peyré, Faire face à l'agoraphobie : foule, isolement, endroits clos, hauteurs, transports, conduite, etc., Retz, Paris, 2006, 231 p. (ISBN 978-2-7256-2503-4)
  • Dominique Servant, Attaques de panique et agoraphobie : diagnostic et prise en charge, Masson, Paris, 2001, 197 p. (ISBN 978-2-294-00442-1)
  • Hiel, Moi, ago (ou la vie d'une agoraphobe), Genre : Témoignage, 2009, 174 p. (ISBN 978-2-7466-1347-8)
  • Christophe André, Psychologie de la peur, Odile Jacob, Paris, 368 p. (ISBN 2738116779)
  • Edmund Bourne, Manuel du phobique et de l’anxieux, Eyrolles, 439 pages (ISBN 2212548621)

Filmographie modifier

Films modifier

Séries télévisées modifier

Ludographie modifier

  • Heavy Rain, développé par le studio français Quantic Dream : Ethan Mars, l'un des personnages principaux, est devenu agoraphobe à la suite de la mort de son premier fils, la foule lui rappelant l'accident. Au cours du jeu, il sera atteint par plusieurs crises.

Liens externes modifier

  • Agorafolk, la communauté des agoraphobes optimistes. Une communauté en ligne pour démystifier, apprendre et rencontrer des pairs, créé par une agoraphobe
  • Phobies Zéro - Phobies-Zéro, organisme à but non lucratif, a été fondé en 1991 par Marie-Andrée Laplante, une personne qui a souffert d’agoraphobie pendant près de 20 ans
  • Psycom - organisme public d’information, de formation et de lutte contre la stigmatisation en santé mentale. Il aide à mieux comprendre les troubles psychiques, leurs traitements et l’organisation des soins psychiatriques
  • Notices dans des dictionnaires ou encyclopédies généralistes  :