Les Afrotarsiidae sont une famille éteinte de Primates haplorrhiniens, dont les représentants vivaient en Asie du Sud-Est et en Afrique du Nord durant l'Éocène supérieur et l'Oligocène inférieur. Les paléoprimatologues hésitent entre placer cette famille dans un infra-ordre archaïque dénommé Eosimiiformes, comparable aux Tarsiiformes, ou la considérer comme une famille basale des Simiiformes, groupe plus connu sous le nom de singes. Les espèces de cette famille, tout comme les Eosimiidae, sont de très petite taille.

Afrotarsiidae
Description de cette image, également commentée ci-après
Sur un fond de planète pendant l'Éocène, deux molaires, l'une d'Afrasia en Asie (à droite), et l'autre d'Afrotarsius en Afrique (à gauche), montrent une morphologie similaire. En bas à gauche, une reconstitution d'artiste du genre Afrotarsius.
Classification
Règne Animalia
Embranchement Chordata
Classe Mammalia
Ordre Primates
Sous-ordre Haplorrhini
Infra-ordre Simiiformes

Famille

 Afrotarsiidae
Ginsburg & Mein (d), 1987[1]

Historique modifier

La première espèce découverte attribuée à cette famille, Afrotarsius chatrathi, fut dénommée et décrite en 1985 sur la base d'une simple mandibule datée de l'Oligocène et trouvée dans la dépression du Fayoum, en Égypte. Les découvreurs pensaient au départ qu'il s'agissait d'un tarsier archaïque[2], mais cette affiliation fut contestée dès l'origine, et en 1987 la famille des Afrotarsiidae, créée en même temps que la nouvelle espèce, fut rattachée aux Simiiformes[3]. Une fibula (péroné) fut attribuée en 1998 à cette espèce[4], ce qui reste controversé[5].

En 2010, une deuxième espèce fut découverte en Libye et dénommée Afrotarsius libycus. Sa description repose sur seulement quelques dents datées de l'Éocène, trouvées à Dur At-Talah, en Libye. Les caractères relevés sur ces dents ont incité les découvreurs à confirmer l'affiliation d’Afrotarius aux Simiiformes[6].

Un second genre et une nouvelle espèce, Afrasia djijidae, furent créés et décrits en 2012 à partir de quatre molaires fossiles datées de l'Éocène, trouvées entre 2005 et 2011 dans la formation de Pondaung, au Myanmar (Birmanie). La même publication de 2012 proposa de placer les Afrotarsiidae et les Eosimiidae (groupe asiatique archaïque) dans leur propre infra-ordre des Eosimiiformes, intermédiaire entre les Tarsiiformes et les Simiiformes[7].

Arbre phylogénétique modifier

Phylogénie des infra-ordres actuels de primates, d'après Perelman et al. (2011)[8] :

Primates 
 Haplorrhini 

Simiiformes (singes)



Tarsiiformes (tarsiers)



 Strepsirrhini 

Lorisiformes (loris, galagos…)




Chiromyiformes (l'aye-aye)



Lemuriformes (lémuriens)





Liste des espèces modifier

La famille des Afrotarsiidae compte deux genres et trois espèces :

Analyse modifier

Le genre Afrasia paraissant un peu plus archaïque que le genre Afrotarsius, les chercheurs pensent que l'origine de ce groupe se trouve en Asie, d'où il se serait diffusé vers l'Afrique pendant l'Éocène supérieur[9]. On se demande néanmoins comment les singes ont pu traverser la mer Téthys, qui séparait à l'époque le continent africain du continent eurasiatique (voir illustration plus haut).

Bibliographie modifier

Voir aussi modifier

Liens externes modifier

Sur les autres projets Wikimedia :

Notes et références modifier

Références taxonomiques modifier

Références modifier

  1. Fossilworks Paleobiology Database, consulté le 27 décembre 2019
  2. Simons et Bown 1985.
  3. Ginsburg et Mein 1987, p. 1215.
  4. Rasmussen, Conroy et Simons 1998.
  5. Godinot 2010, p. 321.
  6. Jaeger et al. 2010.
  7. Chaimanee et Chavasseau 2012.
  8. (en) P. Perelman, W. E. Johnson, C. Roos, H. N. Seuánez, J. E. Horvath, M. A. M. Moreira, B. Kessing, J. Pontius, M. Roelke, Y. Rumpler, M. P. Schneider, A. Silva, S. J. O'Brien et J. Pecon-Slattery, « A molecular phylogeny of living primates », PLoS Genetics, vol. 7, no 3,‎ , e1001342 (PMID 21436896, PMCID 3060065, DOI 10.1371/journal.pgen.1001342, lire en ligne)
  9. Quentin Mauguit, Les ancêtres de la lignée humaine étaient-ils Asiatiques ?, Futura-sciences, 6 juin 2012, lire en ligne