Afrobeat

genre musical issu de mélange de musique traditionnelle nigériane, de jazz, de highlife, de funk, et de chant accompagné de percussions et de styles vocaux

L'afrobeat est un genre musical issu d'un mélange de musique traditionnelle nigériane, de jazz, de highlife, de funk, et de chant[1], accompagné de percussions et de styles vocaux, popularisé en Afrique dans les années 1970. Le genre est fondé par le multi-instrumentiste nigérian et leader Fela Kuti, qui lui en attribue le nom[1]. Il utilise pour la première fois le terme d'« afrobeat » à son retour d'une tournée américaine avec son groupe Nigeria '70 (anciennement Koola Lobitos).

Afrobeat
Tony Allen
Détails
Date d'émergence
Instruments typiques

Histoire modifier

Origines modifier

Les origines de l'Afrobeat remontent au début des années 1920 au Ghana. Des musiciens ghanéens mêlent des rythmes étrangers comme ceux du fox-trot et du calypso avec la musique ghanéenne comme Osibisa.

 
Fela Kuti.

Le highlife était associé à l'aristocratie africaine locale pendant la période coloniale et était joué par de nombreux groupes, dont les Jazz Kings, les Sugar Babies de Cape Coast et l'orchestre d'Accra, le long des côtes du pays. Le Nigéria a ensuite rejoint la vague Afrobeat à la fin des années 1960, dirigée par Fela Kuti, qui a expérimenté différentes musiques contemporaines de l'époque. À son arrivée au Nigéria, Kuti a également changé le nom de son groupe pour Africa '70. Le nouveau son provenait d'un club qu'il avait créé et qui s'appelait le sanctuaire Afrika. Le groupe a tenu une résidence de cinq ans au sanctuaire Afrika de 1970 à 1975, tandis que l'afrobeat se développait parmi la jeunesse nigériane.

Sous l'impulsion de son créateur Fela Kuti, au rythme innovant créé par son batteur Tony Allen et à la qualité de ses compositions, dans lesquelles il chante des textes engagés et satiriques, cette musique devient rapidement très populaire au Nigeria. Elle est différente d'autres styles nigérians très populaires comme la juju music, l'apala ou le fuji. Kuti invente le terme d'afrobeat, et en forge les formes musicales[1]. Elles seront interprétées notamment par son groupe Africa '70, dont la rythmique est menée par le batteur Tony Allen au début des années 1970. Son groupe deviendra en 1977 Egypt '80. Durant l'année 1981, Fela Kuti enregistre souvent à Paris, particulièrement avec le producteur français Martin Meissonnier, qui travaille ensuite avec King Sunny Ade, un artiste de juju music nigérian[2],[3].

L'afrobeat se caractérise par une rythmique répétitive, fondée sur peu d'accords joués en boucle par des guitares et claviers, agrémentée de riffs de cuivres puissants et mélodiques. Le genre est intimement liée au contexte politique et urbain dans lequel il a été créé. Il consiste également en une forme de protestation contre la mainmise de politiciens corrompus et le népotisme de l'oligarchie en place. Il évoque le Nigeria et ses richesses, le mépris de la population, et une volonté de changement social. Fela Kuti enregistre un grand nombre de disques de grande qualité, réédités pour la plupart par Universal dans les années 2000. Il est maltraité par les régimes tyranniques qui se sont succédé au Nigeria[4].

Popularité internationale modifier

Dès 1975, le groupe éthiopien Ka-La-Ka publie l'album d'afrobeat Soul Ethiopia. En France, c'est au milieu des années 1980 que Ghetto Blaster (avec le chanteur congolais Kiala Nzavotunga) joue de l'afrobeat sur scène et publie son album éponyme Ghetto Blaster. Tony Allen, créateur du rythme afrobeat, publie son premier disque en solo, N.E.P.A. (Never Expect Power Always) en 1983. Après le décès de Fela en 1997, l'afrobeat connaît un développement international[5].

En 2003, le chanteur et guitariste Bruno Blum est le premier Français à composer et publier un album d'afrobeat francophone en collaboration avec le chanteur nigérian Amala (qui y interprète un titre en anglais et un duo avec Blum), enregistré avec une vingtaine d'anciens musiciens de Fela Kuti au studio Afrodisia de Lagos au Nigeria, où Fela enregistra nombre de ses chefs-d'œuvre. Épuisé et recherché, l'album intitulé Welikom 2 Lay-Gh-Us![6] sort chez Ménilmontant International/BMG sous le nom de Amala & Blum, avec une pochette créée par Ghariokwu Lemi (qui réalisait les pochettes de Fela). Le single Paris c'est pas funky est largement diffusé sur France Inter en 2003[réf. nécessaire]. Amala connait le succès avec son premier album, Talala, sorti en 2002 à Lagos.

L'afrobeat a des représentants dans le monde entier (France, Angleterre, Canada, Israël, États-Unis, Chili, etc.) et figure à l'affiche de nombreux festivals de jazz et musiques du monde. Le batteur à l'origine de l'afrobeat Tony Allen se fait remarquer par des concerts de qualité, ainsi que deux des fils de Fela Kuti, d'abord Femi Kuti puis (à partir de 2007) le jeune Seun Kuti tournent dans le monde entier dans les années 2000 en jouant dans ce style. Aux États-Unis, les Whitefield Brothers publient un disque remarqué, The Gift. L'afrobeat est également porté par des artistes tels que l'orchestre béninois poly rythmo qui fait son succès dans les années 1970. Créé en 1997 à Paris, le groupe Massak dirigé par le guitariste et chanteur camerounais Franck Biyong est un véritable big band à géométrie variable qui se produit depuis plus de dix ans sur les scènes de France et du monde depuis le succès de leur single B.L.A (Soul Fire Records) en 2000. Ils publient de nombreux singles, réalisent sept albums, et sortent l'année du cinquantenaire des indépendances africaines l'album concept Visions of Kamerun qui propose un autre regard sur cette musique et son avenir. Originaire de Montpellier, le groupe français Fanga connaissent le succès en 2010 (album Sira Ba) avec un afrobeat sophistiqué interprété sur scène[7]. Ils se produisent en au Cabaret Sauvage de Paris en première partie du groupe d'afrobeat canadien "The Souljazz Orchestra"[8].

Artistes représentatifs modifier

Les artistes et groupes représentatifs du genre incluent Afro Funk, Afro Social Club, Akido, Akoya Afrobeat, Alemayehu Eshete, Anthony Joseph (en) & The Spasm band, Tony Allen, Amala[6], Antibalas, NMB Afrobeat Experience, Manu Dibango, Osibisa, Fela Anikulapo Kuti, Femi Kuti, Seun Kuti, Ebo Taylor, Ernesto Djédjé, Herléo Muntu, Abomey Afrojazz Orchestra & Gbedossou, Newen Afrobeat, SHiiKANE.

Dans la fiction modifier

Bande dessinée :

Liens externes modifier

Notes et références modifier

  1. a b et c Randall F. Grass, « Fela Anikulapo-Kuti: The Art of an Afrobeat Rebel », The Drama Review: TDR, MIT Press, vol. 30,‎ ., p. 131–148 (DOI 10.2307/1145717, JSTOR 1145717).
  2. « RUN Productions », sur www.runprod.com (consulté le )
  3. « YEMEN BLUES+MARTIN MEISSONNIER - Bouches-du-Rhône », sur www.eterritoire.fr (consulté le )
  4. Julien Perez, « La pratique musicale comme contre-conduite chez Fela Kuti », Appareil,‎ (ISSN 2101-0714, DOI 10.4000/appareil.802, lire en ligne, consulté le )
  5. (en) The Editors of Encyclopaedia Britannica, « Fela Kuti »  , (consulté le )
  6. a et b « Welikom 2 Lay-gh-us! »(Archive.orgWikiwixArchive.isGoogleQue faire ?), sur Doc Reggae (consulté le ).
  7. Tony Fanouillet, « Fanga – « Sira Ba » », sur mowno, (consulté le ).
  8. « The Souljazz Orchestra Solidarity », sur billetreduc.com (consulté le ).