Acte de rétablissement de l'État lituanien

Le , l'Acte de Rétablissement de l'État lituanien ou Acte du , signé par les membres du Conseil Suprême de la République de la Lituanie, a proclamé le rétablissement de l'indépendance de la Lituanie[1].

L'acte de rétablissement de l'État lituanien signé par les membres du Conseil suprême de la République de la Lituanie.
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Histoire modifier

Contexte historique modifier

Entre les XIIIe et XVIe siècles, le peuple lituanien avait défendu avec succès son statut comme État-nation indépendant en brisant les tentatives polonaises, prussiennes et suédoises pour occuper et contrôler son pays. Au XVIe siècle fut créée avec la Pologne une union dynastique qui dura jusqu'au XVIIIe siècle, quand l'Empire russe étendit son contrôle sur la totalité des régions baltes - Lituanie, Estonie et Lettonie. L'effondrement de l'Empire russe en 1917 eut pour conséquence une période de 22 ans d'indépendance pour les trois États baltes. Le le Conseil de Lituanie, présidé par Jonas Basanavičius, proclama la restauration d'un État indépendant de Lituanie. Les trois Etats baltes se constituèrent en démocraties parlementaires, mais la Lituanie en 1926 puis les deux autres en 1934 devinrent des régimes autoritaires.

En , le Pacte Molotov-Ribbentrop prévoyait pour les trois États baltes la fin de leur indépendance de l'entre-deux-guerres et l'Armée rouge les envahit en 1940. Cependant l'attaque d'Hitler contre l'Union soviétique en 1941 suspendit la « soviétisation » de la région et fut suivie d'une occupation allemande de trois ans. Le retour des Soviétiques en 1944 imposa de nouveau un contrôle totalitaire, une collectivisation agricole brutale, des déportations massives et un afflux de colons russes. Les statistiques officielles chiffrent à plus de 120 000 le nombre de personnes déportées de Lituanie en Sibérie et dans d'autres parties de l'Union soviétique. Certaines sources portent le nombre à 300 000.

Pendant toute la domination soviétique, la résistance nationale fut extrêmement visible. Des mouvements de guérillas et des organisations secrètes de résistance se formèrent. Bien que la mort de Staline eût entraîné une certaine diminution de la terreur et des déportations massives, un grand nombre de personnes furent encore menacées et arrêtées. L'Église catholique, qui avait traditionnellement joué un grand rôle dans la vie du pays, fut un élément central dans le soutien à la résistance. C'est par dizaines de milliers que les Lituaniens signèrent pétitions et lettres pour exiger le respect de leurs droits comme catholiques et comme citoyens libres. Les journaux clandestins comme Aušra (L'Aube), Laisvės sauklys, Perspektyvos (Perspectives) et Salin vergiją (À bas l'esclavage) encourageaient le peuple à s'organiser pour exiger plus d'indépendance et de liberté. Avec la libéralisation de la politique soviétique vers la fin des années 1980 émergea le nationalisme sécessionniste. Dès 1986, par exemple, les Lituaniens reprirent certains des noms de rues antérieurs au régime soviétique.

L'Acte modifier

Le texte de l'Acte est le suivant :

CONSEIL SUPRÊME DE LA RÉPUBLIQUE DE LITUANIE

Acte concernant le Rétablissement de l'État lituanien

Le Conseil Suprême de la République de Lituanie, représentant la volonté de la nation, décrète et proclame solennellement que les pouvoirs souverains de l'État de Lituanie, abolis par les forces étrangères en 1940, sont rétablis, et que désormais la Lituanie est à nouveau un État indépendant.

L'Acte d'indépendance du du Conseil de Lituanie et le décret de l'Assemblée constituante du sur la restauration de l'État démocratique de Lituanie n'ont jamais perdu leur effet juridique et comprennent la fondation constitutionnelle de l'État de la Lituanie.

Le territoire de la Lituanie est un et indivisible et la constitution d'aucun autre État n'est valide à l'intérieur de ses frontières.

L'État de Lituanie insiste sur son adhésion aux principes universellement reconnus du droit international, il reconnaît le principe d'inviolabilité de frontières comme formulé dans l'Acte final de la Conférence sur la sécurité et la Coopération en Europe tenue à Helsinki en 1975, et il garantit les droits humains, civils et ethniques des communautés.

Le Conseil Suprême de la République de Lituanie, en proclamant son pouvoir souverain, commence par le présent acte à mettre en œuvre la souveraineté complète de l'État.

Conséquences modifier

L'acte de restauration de l'État lituanien servit de modèle et d'inspiration à d'autres républiques soviétiques. Toutefois, la question de l'indépendance n'était pas immédiatement réglée et la reconnaissance par d'autres pays n'était pas acquise. Mikhail Gorbachev traita cet acte d'illégal ; l'URSS exigea sa révocation et commença à appliquer des sanctions contre la Lituanie, y compris un blocus économique. En outre, le , les forces soviétiques prirent d'assaut à Vilnius le bâtiment du Parlement avec la Tour de télévision. Des civils lituaniens sans armes affrontèrent des soldats soviétiques. Quatorze personnes furent tuées et sept cents blessées dans ce qui fut connu sous le nom d'Événements de janvier.

L'Islande fut la première à reconnaître l'indépendance de la Lituanie le . Après l'échec du Putsch de Moscou en août, elle fut suivie par la France le et les États-Unis le . Le président Bush fit savoir que si la Russie utilisait la force armée contre la Lituanie, les États-Unis réagiraient en conséquence. Finalement, le , l'indépendance de la Lituanie fut reconnue par l'Union soviétique. Suivit rapidement alors la même reconnaissance par plusieurs autres pays dont la Hongrie, la Bulgarie, l'Italie, le Canada, la Pologne, Malte, Saint-Marin, le Portugal, la Roumanie, l'Ukraine, la Lettonie et l'Estonie. Le , la Lituanie fut accueillie comme un membre des Nations unies en même temps que l'Estonie et la Lettonie.

Le gouvernement lituanien est une démocratie parlementaire, avec une autorité législative prévue dans sa constitution, le Conseil suprême. À ce titre, c'est lui qui choisit le président et approuve son choix pour les postes de ministres et de Premier ministre.

Les Actes du et du comptent parmi les plus importants dans l'histoire de la Lituanie. Ils ont élargi les possibilités pour le bien-être et la croissance du pays, sur les plans financier, culturel, scientifique et politique. Grâce à eux les citoyens lituaniens jouissent des droits fondamentaux de liberté d'expression et de représentation démocratique. Les Lituaniens célèbrent les deux dates comme fêtes nationales.

Chronologie de reconnaissance du nouvel État lituanien[2] modifier

Date Pays
  RSS de Moldavie
  Islande
  Norvège
  Slovénie
  RSFS de Russie
  Croatie
  Lettonie
  Hongrie
  Norvège
  Argentine
  France
  Bulgarie
  Canada
  Italie
  Malte
  Pologne
  Roumanie
  Saint-Marin
  Ukraine
  Albanie
  Allemagne
  Australie
  Belgique
  Espagne
  Estonie
  Géorgie
  Irlande
  Luxembourg
  Suède
  Afrique du Sud
  Autriche
  Chili
  Finlande
  Nouvelle-Zélande
  Suisse
  Uruguay
  Mongolie
  Tchécoslovaquie
  Vatican
  RSS du Kirghizistan
  Équateur
  États-Unis
  Pays-Bas
  Grèce
  Libye
  Nicaragua
  Turquie
  Brésil
  Israël
  Tunisie
  Corée du Sud
  Mexique
  Colombie
  Égypte
  Japon
  Singapour
  Union soviétique
  Afghanistan
  Bangladesh
  Chine
  Corée du Nord
  Pérou
  Sénégal
  Pakistan
  Bolivie
  Cuba
  Inde
  Syrie
  Thaïlande
  Viêt Nam
  Azerbaïdjan
  Cap-Vert
  Iran
  Népal
  Madagascar
  Arménie
  Chypre
  Yemen
  Bahreïn
  JOR
  Koweït
  Philippines
  KSA
  Indonésie
  ONU
  Émirats arabes unis
  Laos
  RSS du Turkménistan
  Namibie
  Ouzbékistan
  Sri Lanka
  Ghana
  Kazakhstan
  Mozambique
  RSS du Tadjikistan
  Algérie
  Biélorussie
  Liban
  Iraq
  Burundi
  Burkina Faso
  Mali
  Bénin
  Costa Rica
  Zimbabwe
25 septembre 1992   Salvador
  Bosnie-Herzégovine
  Nigeria
  Tchad

Sources modifier

Références modifier

  1. équipe de Perspective monde, « Proclamation d'indépendance de la Lituanie », sur usherbrooke.ca (consulté le ).
  2. (lt) « Atkurtos Lietuvos nepriklausomos valstybės pripažinimo chronologija » (consulté le )