Académie d'Athènes

bâtiment d'Athènes, Attique, en Grèce
Académie d'Athènes
Le siège de l'Académie d'Athènes, élément de la trilogie néoclassique de Theophil Hansen au centre d'Athènes.
Histoire
Fondation
Cadre
Type
Domaine d'activité
Sciences, Humanités et beaux-Arts
Siège
Panepistímiou 28, 106 79 Athènes
Pays
Organisation
Président
Secrétaire général
Chrístos Zerefós (2023)
Site web

L’Académie d'Athènes (en grec moderne : Aκαδημία Aθηνών) a été fondée le sous le nom d'Académie des Sciences, Humanités et Beaux-Arts. Portée dès la Révolution grecque, soit près d'un siècle avant son établissement officiel, l'institution a pour objectif de cultiver et de promouvoir les sciences, les lettres et les beaux-arts. Son siège, partie de la « trilogie néoclassique » des architectes danois Christian (en) et Theophil Hansen, constitue l'un des monuments modernes emblématiques d'Athènes.

Histoire modifier

La lente genèse d'une académie nationale modifier

Dès 1825, un an après la fondation de l'Académie ionienne, des intellectuels de la République des îles Ioniennes appellent de leurs vœux la création d'un établissement académique national. En pleine guerre d'indépendance, le projet est soutenu par une vingtaine de lettrés et de patriotes[1].

Discutée à l'Assemblée nationale d'Argos en 1829[2] puis au sein du conseil de Régence grec (18331835), l'idée peine à se réaliser malgré le soutien de l'élite culturelle que forme la Première école athénienne (en) menée par Aléxandros Rízos Ragávis[3]. La vocation de la future institution demeure longtemps imprécise, entre société savante scientifique et institut culturel et artistique dédié aux beaux-arts[1].

En 1867, le ministre de l'Éducation Charálampos Christópoulos (en) formule une loi en faveur du projet d'académie. En 1904, Spyrídon Lámpros dresse les lignes directrices de l'institution, reprises quatre années plus tard par le ministre Spyrídon Stáis (en). La création de l'Association internationale des académies (en) en 1918, association à laquelle la Grèce ne pouvait théoriquement prétendre faute d'académie nationale, incite Elefthérios Venizélos à s'engager pour le développement de l'institution. La participation de son pays à la Conférence de la paix de Paris en rend également criant le besoin de faire valoir les revendications nationales grecques par le biais d'une institution universitaire supérieure. Le projet, porté par le ministre Dimítrios Dígas (el) et Dimítrios Eginítis (el), est cependant suspendu après la défaite du camp vénizéliste lors des élections législatives de 1920[3],[4].

Le traumatisme sociétal de la catastrophe d'Asie Mineure attise le besoin de créer une académie à Athènes afin de sauvegarder le patrimoine culturel grec et de cultiver la conscience nationale. Plus d'un siècle après les premières manifestations d'intérêt, l'Académie d'Athènes est officiellement fondée par décret le sous la dictature de Theódoros Pángalos[3],[4].

Rôle et missions de l'institution modifier

L'Académie d'Athènes est une institution nationale définie par sa charte fondatrice ratifiée en 1929. Elle a pour objectif, au travers de ses 19 sites et centres de recherche, le développement et le partage des connaissances dans le domaine des sciences et des arts. Ses membres font figures d'experts et ses recommandations ont vocation à accompagner les politiques publiques de l'État grec et le rayonnement de la culture hellénique[5].

Siège de l'institution modifier

Siège de l'Académie d'Athènes
Présentation
Type
Partie de
Trilogie néoclassique (d) 
Fondation
Style
Architecte
Occupant
Académie d'Athènes 
Patrimonialité
Site archéologique de Grèce (d) 
Localisation
Localisation
106 79 Athènes
  Grèce
Coordonnées

Emplacement modifier

L'Académie forme la « trilogie néoclassique » de bâtiments voisins construits par les frères Hansen. Au nord figure le bâtiment de l'Université d'Athènes, conçu par Christian Hansen, dont la construction précède de vingt ans celle de l'Académie[6]. Dans la continuité, le bâtiment de la Bibliothèque nationale de Grèce, d'après les plans de Theophil Hansen, est mis en chantier environ trois ans après l'achèvement de l'Académie[7].

Situé rue Panepistimíou, à mi-distance entre la place Sýntagma au sud et la place Omónia au nord-ouest, le siège de l'Académie d'Athènes est desservi par la station Panepistímio de la ligne 2 du métro d'Athènes. La future station Akadimía de la ligne 4 du métro d'Athènes permettra également de desservir le lieu.

Historique de la construction modifier

 
L'édifice vers 1887-1890.

La construction de l'Académie d'Athènes débute en 1859 sur un emplacement défini depuis 1842. Elle est financée par les Grecs de la diaspora de l'époque sur un terrain donné par le monastère de Petrákis. Parmi les principaux bienfaiteurs figurent le baron Simon Sina et son épouse Iphigénie[8].

L'édifice dessiné par Theophil Hansen n'est achevé qu'en 1885. Á cette date, l'Académie n'est pourtant pas encore créée et il faudra attendre plus de quarante ans pour que l'institution emménage officiellement dans le bâtiment. Le monument est ainsi largement inutilisé entre 1885 et 1926[8].

Description du bâtiment modifier

Architecture générale et intérieure modifier

Theophil Hansen a opté pour une architecture néoclassique de style ionique (appelé aussi style néo-hellénique), entièrement en marbre blanc du Pentélique et pierres du Pirée. La même combinaison de matériau sera utilisée quelques années plus tard pour la construction de la Bibliothèque nationale de Grèce[8]. Le sculpteur grec Leonídas Dróssis (en), artiste reconnu à l'époque qui enseignera d'ailleurs la sculpture dans cette même Académie, a réalisé l'ensemble sculptural du fronton principal sur le thème de la naissance d'Athéna, d'après un dessin du peintre autrichien Carl Rahl. Cette œuvre lui valut le premier prix à l'Exposition universelle de 1873 à Vienne. Les sculptures en terre cuite des huit frontons annexes, représentant Athéna comme bienfaitrice de l'artisanat et des sciences, sont l'œuvre du sculpteur autrichien Franz Melnitzky[9],[10]. Les peintures murales et les peintures intérieures ont été réalisées par l'artiste germano-autrichien Christian Griepenkerl[9],[11].

Aménagements extérieurs modifier

Le bâtiment est encadré par deux très hautes colonnes atteignant environ 19 mètres de hauteur, surmontées de statues représentant Athéna (colonne de gauche) et Apollon (colonne de droite)[12]. La déesse en armes est représentée d'après le modèle de l'Athéna Promachos de Phidias, tandis qu'Apollon muni d'une lyre ou d'un cithare est à rapprocher de l'Apollon du Belvédère. Tout comme le fronton principal, ces sculptures monumentales sont l'œuvre de Leonídas Dróssis[9],[10].

Les escaliers qui mènent à l'Académie d'Athènes sont ornées de deux statues représentant Platon à gauche et Socrate à droite. Elles sont elles aussi des œuvres de Leonídas Dróssis, réalisées après la mort de l'artiste[8] par le sculpteur américain d'origine italienne Attilio Piccirilli (en)[10].

Liste des membres modifier

Liste des présidents modifier

Année Nom
1926 Fokion Negris (el)
1927 Georges Hatzidakis (en)
1928 Konstantinos Zengelis (el)
1929 Dimitrios Aiginitis (el)
1930 Kostís Palamás
1931 Geórgios Stréit
1932 Alexandros Vournazos (el)
1933 Constantin Raktivan (en)
1934 Dimitrios Kambouroglous (el)
1935 Michaïl Katsaras (el)
1936 Theofilos Voreas (el)
1937 Alexandros Mazarakis-Ainian (en)
1938 Antonios Keramopoulos (en)
1939 Dimitrios Balanos (el)
1940 Marinos Geroulanos (el)
1941 Georgios Sotiriou (el)
1942 Nikolaos Exarchopoulos (el)
1943 Spyridon Dontas (el)
1944 Constantin Amantos (en)
1945 Georgios Balis (el)
1946 Aristotelis Kouzis (el)
1947 Ioannis Kalitsounakis (el)
1948 Constantin Triantafyllopoulos (el)
1949 Ioannis Politis (el)
1950 Anastássios Orlándos
1951 Georgios Maridakis (el)
1952 Emmanouil Emmanouil (el)
1953 Sokratis Kougéas (el)
1954 Grigorios Papamichaïl (el)
1955 Georgios Ioakimoglou (el)
1956 Konstantínos Rhomaíos
1957 Panagiótis Poulítsas
1958 Georgios Fokas Kosmetatos (el)
1959 Spyros Melas (el)
1960 Panagiotis Bratsiotis (el)
1961 Ioannis Trikkalinos (el)
1962 Epaminondas Thomopoulos (en)
1963 Ioannis Theodorakopoulos (en)
1964 Ioannis Xanthakis (el)
1965 Geórgios Athanasiádis-Nóvas
1966 Konstantínos Tsátsos
1967 Maximos Mitsopoulos (el)
1968 Errikos Skassis (el)
1969 Amilcar Alivizatos (el)
1970 Leonidas Zervas (el)
1971 Spyrídon Marinátos
1972 Grigorios Kasimatis (el)
1973 Ilias Mariolopoulos (el)
1974 Dionýsios Zakythinós
1975 Panagiotis Zepos (el)
1976 Nikolaos Louros (el)
1977 Pétros Charis (el)
1978 Mikhaíl Stasinópoulos
1979 César Alexopoulos
1980 George Mylonas
1981 Ioannis Karmiris (el)
1982 Periclès Théocharis (el)
1983 Menelaos Pallantios (el)
1984 Georgios Michaïlidis Nouaros (el)
1985 Loukas Moussoulos (el)
1986 Konstantinos Trypanis (en)
1987 Constantin Bonis (el)
1988 Georgios Merikas (el)
1989 Solon Kydoniatis (el)
1990 Georges Vlachos (el)
1991 Ioannis Toumbas (en)
1992 Michaïl Sakellariou (el)
1993 Constantin Despotopoulos (en)
1994 Themistoklis Diannelidis (el)
1995 Manoussos Manoussakas (el)
1996 Giánkos Pesmazóglou
1997 Nicolaos Matsaniotis (el)
1998 Agapitos Tsopanakis (el)
1999 Georgios Mitsopoulos (el)
2000 Nicolaos K. Artemiadis (el)
2001 Nicolaos Conomis (el)
2002 Ioannis Zizioulas (en), évêque titulaire de Pergame (en)
2003 Gregory Skalkéas (el)
2004 Spýros Iakovídis
2005 Emmanuel Roucounas (el)
2006 Constantinos Stefanis (el)
2007 Panayotis Vocotopoulos
2008 Constantinos Drakatos (el)
2009 Panos Ligomenidis
2010 Constantinos Svolopoulos (el)
2011 Apostolos S. Georgiades (el)
2012 George Contopoulos
2013 Spyros A. Evangelatos (el)
2014 Epaminondas Spiliotopoulos (el)
2015 Dimitrios Nanopoulos (en)
2016 Thanassis Valtinos (el)
2017 Loukás Papadímos
2018 Anthony Kounadis (en)
2019 Stéphanos Imellos
2020 Ánna Benáki-Psaroúda
2021 Loukás G. Christofórou[13]
2022 Antónios Rengákos
2023 Michaíl Stathópoulos (el)

Notes et références modifier

  1. a et b Denis Roubien 2017, p. 14.
  2. Konstantínos Bíris 1966, p. 151.
  3. a b et c Eléni Beliá 2012, p. 32–33.
  4. a et b (en) « Academy – Foundation – History », sur www.academyofathens.gr, (consulté le ).
  5. (en) Académie d'Athènes, « Objectives », sur www.academyofathens.gr, (consulté le ).
  6. Konstantínos Bíris 1966, p. 116.
  7. Konstantínos Bíris 1966, p. 214.
  8. a b c et d (el) « Αρχείο Νεωτέρων Μνημείων – Ακαδημία Αθηνών » [« Archives des monuments modernes – Académie d'Athènes »], sur www.archaeologia.eie.gr (consulté le ).
  9. a b et c Konstantínos Bíris 1966, p. 154.
  10. a b et c (en) Académie d'Athènes, « The Exterior », sur www.academyofathens.gr, (consulté le ).
  11. (en) Académie d'Athènes, « The Interior », sur www.academyofathens.gr, (consulté le ).
  12. Konstantínos Bíris 1966, p. 231.
  13. (en) HFRI – Hellenic Foundation for Research & Innovation, « Mr. Antonios Rengakos, member of the Scientific Council of H.F.R.I., was elected Vice President of the Academy of Athens for the year 2021 », sur www.elidek.gr, (consulté le ).

Voir aussi modifier

Bibliographie modifier

  : document utilisé comme source pour la rédaction de cet article.

  • (en) Denis Roubien, Creating Modern Athens: A Capital Between East and West, Londres, Routledge, , 148 p. (ISBN 978-1-351-96617-7, lire en ligne).  
  • (el) Konstantínos Bíris (en), Αι Αθήναι: Από τον 19ον εις τον 20ον αιώνα (1830–1966) [« Athènes : du XIXe au XXe siècle (1830–1966) »], Athènes, Mélissa,‎ (1re éd. 1966), 452 p. (ISBN 960-204-026-2), p. 151–154.  
  • (el) Eléni Beliá, « Η Ακαδημία Αθηνών κατά την πρώτη δεκαετία της ζωής της [« L'Académie d'Athènes pendant la première décennie de sa vie »] », dans Ελευθέριος Βενιζέλος και πολιτιστική πολιτική-Πρακτικά Συμποσίου [« Elefthérios Venizélos et la politique culturelle »], Athènes/La Canée, Musée Benaki/Fondation nationale Elefthérios Venizélos,‎ , 304 p. (ISBN 9789604761159), p. 32–33.

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