Abya Yala

nom choisi en 1992 par les nations indigènes d'Amérique pour désigner l'Amérique

Le nom d'Abya Yala, signifiant « terre dans sa pleine maturité », ou « terre généreuse », désigne l'ensemble du territoire américain avant la colonisation européenne. Il est proposé en 1992 par les autochtones d'Amérique à l'occasion du 500e anniversaire du voyage de Christophe Colomb et provient d'une terminologie employée par les Kunas depuis le XVe siècle. Le terme est de plus en plus employé au sein des tribus et construit un sentiment d'unité et d'appartenance.

Historique modifier

Lors d'un sommet tenu entre plusieurs tribus autochtones d'Amérique à l'occasion du 500e anniversaire du voyage de Christophe Colomb en 1992, le terme d'Abya Yala est proposé pour désigner géographiquement l'ensemble du continent Américain avant sa colonisation[1]. L'expression Abya Yala vient de la langue des Kunas, qui utilisent cette expression pour nommer les territoires qu'ils occupent et leurs alentours : originaires du bassin du rio Atrato en Colombie, les Kunas se sont déplacés entre le XVe et le XVIIIe siècle autour du golfe d'Uraba puis dans la région du Darién, sous l'effet de la colonisation espagnole[2].

Déjà utilisé antérieurement par des personnalités tel le sociologue Xavier Albó, le terme est adopté lors du IIe Sommet continental des peuples et nations indigènes d'Abya Yala, tenu à Quito en 2004, pour désigner le continent américain, au lieu de le nommer ainsi d'après Amerigo Vespucci comme on le fait depuis 1507 en suivant le cosmologiste Martin Waldseemüller[3].

Les mots Abya Yala signifient « terre dans sa pleine maturité », ou « terre généreuse ». Le leader indigène aymara Takir Mamani, aussi connu sous le nom de Constantino Lima Chavez[2], a proposé que tous les peuples indigènes des Amériques nomment ainsi leurs terres d'origine, et utilisent cette dénomination dans leurs documents et leurs déclarations orales, arguant que « placer des noms étrangers sur nos villes, nos cités et nos continents équivaut à assujettir notre identité à la volonté de nos envahisseurs et de leurs héritiers[4]. »

Diffusion modifier

Bien que les différents peuples autochtones qui habitent le continent attribuent leurs propres noms aux régions qu'ils occupent –Tawantinsuyu, Anauhuac, Pindorama–, l'expression Abya Yala est de plus en plus utilisée par eux dans le but de construire un sentiment d'unité et d'appartenance[3]. Elle est aussi de plus en plus utilisée dans le monde francophone[5].

Notes et références modifier

  1. Jacques Attali, L'homme nomade, Fayard, (ISBN 978-2-213-64165-2, lire en ligne)
  2. a et b (es) Pedro Portugal Mollinedo et Carlos Macusaya Cruz, El indianismo katarista: un análisis crítico, La Paz, Bolivia, Friedrich Ebert Stiftung, (ISBN 978-99974-56-81-6), p. 282
  3. a et b Porto-Gonçalves 2016.
  4. Jorge-Eduardo Giraldo, Abya-Yala, un nouveau monde ? : Territoire, ville, communauté et frontière au XXe et au XXIe siècles pour les Peuples Autochtones dans l'hémisphère occidental (regards croisés entre la littérature et le cinéma), Université d'Angers, (lire en ligne)
  5. Bourguignon Rougier 2021.

Bibliographie modifier

  • (es) Emil Keme, « Para que Abiayala viva, las Américas deben morir: Hacia una Indigeneidad transhemisférica », Native American and Indigenous Studies, vol. 5, no 1,‎ , p. 21–41 (ISSN 2332-127X, lire en ligne  , consulté le )
  • (pt) Armando de Melo Lisboa, « De América a Abya Yala - Semiótica da descolonização », Revista de Educação Pública, vol. 23, nos 53/2,‎ , p. 501–531 (ISSN 2238-2097, DOI 10.29286/rep.v23i53/2.1751, lire en ligne  , consulté le )
  • (es) Centro Nacional de Acción Pastoral, « Acerca del nombre «Abya Yala» », Temas de Nuestra América Revista de Estudios Latinoaméricanos, vol. 8, no 18,‎ , p. 255–255 (ISSN 2215-5449, lire en ligne  , consulté le )
  • (es) Carlos Walter Porto-Gonçalves, « Abya Yala », dans Enciclopédia Latinoamericana, (lire en ligne  ) (consulté le )
  • Claudia Bourguignon Rougier, « Abya Yala », dans Un dictionnaire décolonial, Québec, Éditions sciences et bien commun, (lire en ligne)

Liens externes modifier

La proposition de Takir Mamani a reçu un accueil favorable dans divers secteurs et entre autres sur la toile, notamment :