Abousir

village en gouvernorat de Gizeh, Égypte

Abousir
Site d'Égypte antique
Image illustrative de l’article Abousir
Plan schématique du site d'Abousir
Noms
en égyptien ancien Per-Ousir
en arabe ابو صير
Localisation
Région Gouvernorat de Gizeh
Nome Nome de la Muraille blanche
Coordonnées 29° 55′ 00″ nord, 31° 14′ 00″ est
Géolocalisation sur la carte : Égypte
(Voir situation sur carte : Égypte)
Abousir
Per-Ousir
pr
Z1
stirA40
pr wsjr

Abousir est un site archéologique situé à vingt-cinq kilomètres au sud-ouest du Caire, connu par les pyramides de plusieurs rois de la Ve dynastie[note 1],[1].

Ce nom dérive de l'égyptien antique Per Ousir, c'est-à-dire la demeure d'Osiris, qui, traduit en grec, donna Bousiris, puis en arabe le nom qu'on lui connaît actuellement[2].

Des quatorze monuments principaux fouillés et partiellement restaurés, dont au moins sept pyramides, seules cinq sont encore visitables : celles des pharaons Sahourê, Niouserrê, Néférirkarê et Néferefrê, ainsi que la pyramide de la reine Khentkaous II.

Les autres font encore l'objet de travaux de dégagement et d'identification.

Histoire du site modifier

Un peu au nord du champ des pyramides, une nécropole remontant à la IVe dynastie a été récemment identifiée révélant qu'Abousir était déjà un centre urbain développé au début de l'histoire du pays.

En effet les plus anciens mastaba datent du règne de Snéfrou et le site fut utilisé jusqu'à la VIe dynastie démontrant la longévité d'un établissement pour les vivants situé à proximité. Au vu de la proximité des deux temples solaires identifiés et fouillés, témoins de l'architecture religieuse de l'Ancien Empire, certaines hypothèses placent la ville de Sakhebou dans les environs immédiats d'Abousir, rejoignant ainsi la légende conservée sur le papyrus Westcar, selon laquelle les trois premiers souverains de la Ve dynastie seraient issus de l'union du dieu avec une prêtresse de cette cité.

Rien ne permet aujourd'hui de valider cette hypothèse situant cette ville à Abousir mais étant donné l'intérêt particulier que les rois de la Ve dynastie ont en effet eu pour ce site, il est probable que le palais royal se situait à proximité du site. Cette partie de la région memphite était accessible depuis une retenue d'eau du fleuve qui formait un véritable lac relié au Nil par des canaux[3].

Une cité royale et de pyramides devait donc exister et fut fondée ou davantage développée à partir du règne de Sahourê, qui nous a légué le nom évocateur de cette grande maison[note 2] : Loués soient les beautés de Sahourê. Le roi a fait représenter sur les murs de son temple funéraire des scènes de la vie intime ou officielle du palais et on sait par des inscriptions officielles de certains hauts dignitaires de la cour que ce palais était toujours utilisé par ses successeurs. Son emplacement n'a pas été à ce jour identifié.

Ces découvertes tendraient donc à prouver que la capitale Memphis se situait également dans les environs immédiats d'Abousir ou en tous les cas s'étendait jusque-là à l'Ancien Empire. Le site devait alors former le « faubourg » septentrional de la capitale de l'Égypte.

Les ruines de ces quartiers populaires, avec ses ateliers d'artisans, ses ports et ses magasins royaux et bâtiment administratifs tout comme celles de la résidence royale et de ses dépendances sont probablement encore enfouies sous les cultures qui bordent le désert, non loin du plateau sur lequel a été édifiée la nécropole royale, et seraient à rechercher sous les palmeraies qui se sont installées sur l'ancien lit du fleuve et ses environs immédiats.

Avec la chute de l'Ancien Empire, si l'activité architecturale royale cesse on trouve encore des tombes remontant aux IXe et Xe dynasties. Certaines ont été découvertes intactes, comme la tombe d'un certain Hérichefhotep, dont le mobilier funéraire typique de la période avec ses modèles de barques et petits personnages reproduisant des scènes de la vie quotidienne, trouve des parallèles dans d'autres sites célèbres de cette Première Période intermédiaire[note 3].

Avec le Moyen Empire la nécropole semble souffrir d'un relatif abandon lié au déplacement de la résidence royale dans d'autres parties du pays. Au Nouvel Empire, le temple funéraire de Sahourê est le siège d'un culte à la déesse Sekhmet, et le prince et grand prêtre de Ptah Khâemouaset, fils préféré de Ramsès II s'attache à restaurer, au nom de son divin père, les monuments de ces ancêtres, à l'instar d'autres monuments de l'antique nécropole memphite.

Avec la Basse Époque, la nécropole dans un dernier sursaut, jouit à nouveau de l'intérêt des courtisans des souverains de la XXVIe dynastie, avant de sombrer définitivement dans l'oubli général qui fait suite aux différentes invasions que le pays subit à dater de la XXVIIe dynastie.

Principaux monuments d'Abousir modifier

 
Pyramide et temple funéraire de Sahourê à Abousir

On doit encore une fois à la Ve dynastie la plupart des édifices monumentaux des environs et avec le site d'Abou Ghorab, ce sont au moins deux temples solaires et au moins six pyramides, certes, de dimensions réduites par rapport à celles de Gizeh mais qui s'élevaient à l'horizon occidental avec leurs temples de culte et les quartiers des prêtres qui en dépendaient.

En dehors de ces lieux de cultes dont les archives sur papyri retrouvées exceptionnellement sur le site démontrent qu'ils restèrent en activité jusqu'à la fin de l'Ancien Empire, le site comprend une série de mastaba destinés à la cour et à la famille royale, dont un, celui de Ptahchepsès est sans doute l'un des plus grands édifices du genre.

Cet ensemble à vocation cultuelle et funéraire formait une véritable cité des morts qui prolongeait en quelque sorte celle des vivants.

En partant du nord du site et en allant vers Saqqarah les principaux monuments sont :

 
Façade du mastaba d'Ouserkaf-ânkh à Abousir
 
Vue depuis le temple funéraire de Sahourê des pyramides de Niouserrê et Néférirkarê

Enfin au sud du site des tombes à fosses datant de la Basse Époque ont été dégagées là où les anciens relevés des premiers égyptologues voyaient les vestiges d'antiques pyramides inachevées.

Construites sur un modèle déjà connu à Saqqarah pour la même période, c'est surtout l'identité d'un des propriétaires qui étonna lors de la découverte : Oudjahorresné, prêtre de Neith, médecin personnel du roi, grand chambellan, celui-là même qui composa la titulature de Cambyse II puis celle de Darius Ier, à la suite de la première invasion Perse, et dont les Musées du Vatican à Rome conserve une statue dite autobiographique, car le texte qu'elle porte relate les exploits de l'homme et notamment le lien étroit qui le rattachait au Roi des Rois.

L'autre découverte majeure de cette partie de la nécropole est celle d'une autre tombe, cette fois-ci intacte avec son mobilier funéraire et son sarcophage scellé. Elle appartenait à Ioufâa, personnage portant des fonctions analogues mais quelque peu antérieur à Oudjahorresné.

En allant encore plus au sud, d'autres mastaba de l'Ancien Empire ont été mis au jour, ainsi qu'un édifice cultuel[note 7] édifié par Khâemouaset à la XIXe dynastie. Parmi les tombes identifiées et étudiées on citera les mastaba d'Hetepi[note 8], d'Inti[note 9], de Kaaper[note 10].

L'ensemble de ces fouilles a été réalisé au début du XXe siècle par les égyptologues allemands puis à la fin du même siècle par une mission archéologique tchèque qui depuis les années 1970 jusqu'à nos jours étudie méthodiquement les vestiges d'Abousir. Une équipe d'égyptologues japonais de l'université Waseda de Tokyo y a également mené des fouilles notamment au sud du site limitrophe de celui de Saqqarah. Plus récemment le Conseil suprême des Antiquités égyptiennes a entamé des campagnes de fouilles et d'études complémentaires sur le site des pyramides royales. Ces travaux archéologiques démontrent la richesse du site et promettent de nouvelles découvertes pour les prochaines campagnes de fouilles.

Le site fait actuellement l'objet d'aménagement en vue de son ouverture au public.

Fouilles archéologiques et découvertes modifier

Notes et références modifier

Notes modifier

  1. Plusieurs sites portant le nom d'Abousir existent en Égypte.
    On citera dans le delta le site d'Abousir Bana, l'antique Djedou égyptienne
  2. Per-âa en égyptien ancien.
    Plus tard dans l'histoire égyptienne, ce nom finira par désigner la personne royale, nom que les grecs traduiront encore plus tard par pharaon
  3. Voir le site d'El-Bersheh pour comparaison, avec ses tombes contemporaines et au mobilier funéraire également intact
  4. Chepseskarê ?
  5. En hiéroglyphes :
    M23X1
    G39
    N35F32
    X1
    I9
    njswt sA.t n Xt f, terme désignant les princesses de sang royal
  6. a b et c Cette tombe date du règne de Djedkarê Isési
  7. Tombeau, temple de culte funéraire?
  8. IVe dynastie
  9. VIe dynastie
  10. Ve dynastie

Références modifier

  1. (ar) « أبو صير », sur أطلس الحكمة,‎ (consulté le )
  2. M. Verner, p. 211.
  3. M. Verner, p. 208-210.
  4. Miroslav Bárta, « Tomb of the chief physician Shepseskafankh », dans : Pragues Egyptological Studies, XV (2015), p. 24.
  5. Égypte : la tombe d'une reine pharaonique découverte, L'Express', 5 janvier 2015.

Annexes modifier

Bibliographie modifier

  • Karl Richard Lepsius, Denkmäler aus Ægypten und Æthiopen - volume I, Leipzig,  ;
  • Das Re-Heiligtum des Königs Ne-woser-Re (Rahutes) I, II & III, Berlin, 1905, 1923 & 1928
  • Ludwig Borchardt, Das Grabdenkmal des Königs Neferirkara, Leipzig,  ;
  • Ludwig Borchardt, Das Grabdenkmal des König Sahure - Vol. I. Der Bau - Vol. II. Die Wandbilder, Leipzig, 1910/1913 ;
  • Paule Posener-Kriéger, Les Archives du temple funéraire de Néferirkarê-Kakai (Les Archives d'Abousir), vol. I et II, IFAO,  ;
  • Miroslav Verner, « Un roi de la Ve dynastie : Rênéferef ou Rênéfer ? », BIFAO, no 85,‎  ;
  • Miroslav Verner, Abusir - Realm of Osiris, The American University in Cairo Press, .
  • Tarek El-Awady, The Old Kingdom and Archaeology, Prague, Miroslav Bárta, , p. 37-44 Interpretation of a scene depicting king Sahure with precious trees from Punt ;
  • Tarek El-Awady, Abusir and Saqqara in the Year 2005, Prague, Miroslav Bárta, F. Copens, J. Krejčí, , p. 31-45 The Royal Family of Sahure : New Evidence.

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