Abbaye de Stoneleigh

édifice religieux britannique

L’abbaye de Stoneleigh est une ancienne abbaye cistercienne située dans la ville de Stoneleigh, dans le district de Warwick (Warwickshire), en Angleterre. Comme la plupart des abbayes britanniques, elle a été fermée par Henry VIII durant la campagne de dissolution des monastères. Elle est notamment connue pour être un des lieux emblématiques de l'univers de Jane Austen, servant de cadre à son roman Mansfield Park.

Abbaye de Stoneleigh
image de l'abbaye
Les bâtiments restants de l'abbaye
Nom local Stonely
Stanleia in Arderna
Diocèse Diocèse de Worcester
Patronage Sainte Marie
Numéro d'ordre (selon Janauschek) CCCL (350)[1]
Fondation 1133
Début construction 13 avril 1155
Fin construction Vers 1170
Cistercien depuis 1140
Dissolution 1536
Abbaye-mère Abbaye de Bordesley
Lignée de Abbaye de Cîteaux
Abbayes-filles Aucune
Congrégation Ordre cistercien
Protection Monument classé (le 11 avril 1967 sous le numéro 308140[2]
Coordonnées 52° 20′ 18″ N, 1° 32′ 02″ O[3]
Pays Drapeau de l'Angleterre Angleterre
Comté Warwickshire
District Warwick
Ville Stoneleigh
Site http://www.stoneleighabbey.org
Géolocalisation sur la carte : Warwickshire
(Voir situation sur carte : Warwickshire)
Abbaye de Stoneleigh
Géolocalisation sur la carte : Angleterre
(Voir situation sur carte : Angleterre)
Abbaye de Stoneleigh
Géolocalisation sur la carte : Royaume-Uni
(Voir situation sur carte : Royaume-Uni)
Abbaye de Stoneleigh

Histoire modifier

Première fondation à Radmore modifier

L'abbaye de Radmore (en) est fondée, selon Rodney Hilton, avant 1140 (peut-être en 1133), grâce à un don de la reine Mathilde, confirmé par Étienne d'Angleterre. Ce n'est alors qu'un ermitage, situé dans le Cannock Chase (Staffordshire), dont on ne sait s'il est rattaché à un ordre érémitique (Basiliens, ...) ou sans affiliation[4]. Ses deux fondateurs sont connus : ils s'appellent Clement et Hervey. En tout état de cause, le site se révèle inadapté, lieu de fréquents conflits avec les forestiers ; en effet, les moines eux-mêmes défrichaient la forêt pour la mettre en valeur, et leurs droits n'étaient pas reconnus[5]. Face à ces aléas, la reine Mathilde propose aux moines, sous réserve qu'ils acceptent l'affiliation à l'ordre cistercien, un nouveau site. Ils acceptent en 1140 et Radmore devient une abbaye cistercienne à part entière. Néanmoins, ils restent dans le site de Radmore durant environ treize années. Le prieur Guillaume en devient le premier abbé et invite deux moines de Bordesley à venir former leurs nouveaux frères moines dans la règle cistercienne[6].

Le site de Stoneleigh modifier

Le roi Henri II leur accorde alors le (date symbolique, celle de son couronnement) une charte qui leur garantit le site de Stoneleigh, en échange de celui de Radmore. De cet acte sont notamment témoins l'archevêque d'York, Roger de Pont L'Évêque, et l'évêque de Worcester, John de Pageham. Curieusement, alors que l'abbaye de Stoneleigh, à travers sa filiation, dépend de celle de Cîteaux, il semble que l'abbé de Pontigny, probablement Guarin de Gallardon, était présent lors de cet acte, sans doute à cause de ses liens avec Thomas Becket, rédacteur de l'acte[4]. Les moines arrivent sur le site de Stoneleigh le [7] et la première pierre de l'église abbatiale est posée le  ; il semble que la construction de l'abbaye était très avancée dans les années 1170[6],[8].

En 1204, l'abbé Guillaume de Tyso achète toute la « juridiction » (soke (en)) de Stoneleigh, afin de ne relever que de la justice royale[8].

Les destructions modifier

En 1241, un incendie détruit une bonne partie de l'abbaye ; en 1288, un nouveau sinistre, cette fois d'origine criminelle (attaque d'une bande armée) réduit le monastère en ruines. En 1321, le comte de March, Roger Mortimer, pille l'abbaye. Ces malheurs de l'abbaye coïncident avec un relâchement de la règle monastique[6].

Liste des abbés de Stoneleigh modifier

  • William, de 1142 à 1159
  • Roger, mort en 1178
  • Nicholas, mort en 1188
  • Henry, mort en 1189
  • William Pershore
  • William de Compden, qui régit l'abbaye huit ans
  • William de Tytoe, mort en 1217.
  • Ralph, jusqu'en 1221
  • William de Gyldeford, déposé en 1235
  • Osbert de Westwelle de 1235 à 1258
  • Peter Wynche, mort en 1261
  • Richard de Merynton, déposé en 1272
  • Thomas de Orlsecote, qui quitte sa charge en 1277
  • William de Heyford jusqu'en 1293
  • John de la Sale durant seize années
  • Robert de Hockele de 1310 à 1349
  • Robert de Atherstone, de 1349 à 1352
  • Thomas de Pipe (de Weston), élu en 1352
  • ...
  • Robert Sutton, attesté en 1495
  • Sir John Clerkenwelle, attesté en 1496
  • Thomas Hodgkinson
  • Thomas Tutbury, c. 1536[9]

Dissolution du monastère modifier

Le , comme l'immense majorité des monastères britanniques, à la suite de la rupture entre Henry VIII et l'Église catholique, l'abbaye de Stoneleigh est fermée et détruite lors de la campagne de dissolution des monastères. L'abbaye est attribuée en 1538 à Charles Brandon, duc de Suffolk. Après diverses opérations, l'abbaye est vendue en 1561 à Thomas Leigh (en), lord-maire de Londres, dans la famille duquel elle est toujours. À cette époque, l'abbaye est décrite comme une « ruine sans toit ». De nombreux ajouts et réparations sont effectués par la famille Leigh[10],[11].

Source d'inspiration pour Jane Austen modifier

En 1806, l'abbaye est attribuée par héritage au cousin de la mère de Jane Austen ; cette dernière est amenée à visiter l'abbaye. Le site fait une forte impression sur la romancière, qui s'inspire de Stoneleigh pour créer Sotherton dans Mansfield Park[12].

Notes et références modifier

  1. (la) Leopold Janauschek, Originum Cisterciensium : in quo, praemissis congregationum domiciliis adjectisque tabulis chronologico-genealogicis, veterum abbatiarum a monachis habitatarum fundationes ad fidem antiquissimorum fontium primus descripsit, t. I, Vienne, , 491 p. (lire en ligne), p. 222.
  2. (en) « Stoneleigh Abbey, Stoneleigh », sur britishlistedbuildings.co.uk, British Listed Buildings (consulté le ).
  3. « Stoneleigh », sur cistercensi.info, Ordre cistercien (consulté le ).
  4. a et b Raymonde Foreville 1975, « Pontigny et la royauté anglaise », p. 45.
  5. Rodney Hilton 1985, « II — Stoneleigh Abbey », p. 64.
  6. a b et c « Cistercian Abbeys: Stoneleigh », sur cistercians.shef.ac.uk, Ordre cistercien en Grande-Bretagne (consulté le ).
  7. Rodney Hilton 1985, « II — Stoneleigh Abbey », p. 66.
  8. a et b Rodney Hilton 1985, « II — Stoneleigh Abbey », p. 67.
  9. « Houses of Cistercian monks — 10. Abbey of Stoneleigh », sur british-history.ac.uk, British History (consulté le ).
  10. (en) « Stoneleigh abbey, Warwickshire's hidden jewel »(Archive.orgWikiwixArchive.isGoogleQue faire ?), sur stoneleighabbey.org, Stoneleigh (consulté le ).
  11. (en) « Stoneleigh abbey », sur english-heritage.org.uk, English Heritage (consulté le ).
  12. (en) « History », sur stoneleighvillage.org.uk, Stoneleigh (consulté le ).

Voir aussi modifier

Articles connexes modifier

Liens externes modifier

Bibliographie modifier

  : document utilisé comme source pour la rédaction de cet article.

  •   [Raymonde Foreville 1975] Raymonde Foreville, Thomas Becket : actes du colloque international de Sédières, 19-24 août 1973, Beauchesne, , 297 p. (lire en ligne) ;
  •   [Rodney Hilton 1985] (en) Rodney Hilton, Class Conflict and the Crisis of Feudalism : Essays in Medieval Social History, Londres, Continuum, , 360 p. (ISBN 9780826427380, lire en ligne).