McDonnell Douglas AV-8B Harrier II

avion d'attaque au sol americano-britannique
(Redirigé depuis AV-8B Harrier II)

• AV-8B Harrier II
• Harrier GR.5
• EAV-8B Matador
Vue de l'avion.
Un AV-8B+ au-dessus de l'Arizona, le

Constructeur McDonnell Douglas
Rôle Avion d'attaque au sol
Statut En service
Premier vol
Mise en service
Investissement 5 Md€
Coût unitaire 23 M€
Nombre construits 323
Équipage
1 pilote
Motorisation
Moteur Rolls-Royce Pegasus 105
Nombre 1
Type Turboréacteur à double flux
Poussée unitaire 98,1 kN
Dimensions
vue en plan de l’avion
Envergure 9,25 m
Longueur 14,12 m
Hauteur 3,55 m
Surface alaire 22,61 m2
Masses
À vide 5 700 kg
Carburant interne seul : 3 519 kg
interne + externe : 7 180 kg
Avec armement 6 336 kg
Maximale 14 060 kg
Performances
Vitesse maximale 1 083 km/h (Mach 0,88)
Vitesse de décrochage 0 km/h
Plafond 15 240 m
Vitesse ascensionnelle 4 485 m/min
Rayon d'action 1 000 km
Endurance h
Charge alaire 460,4 kg/m2
Rapport poussée/poids 1,70
Facteur de charge +8/-3 G
Armement
Interne 1 canon Gatling GAU-12 Equalizer de 25 mm avec 300 obus
Externe Jusqu'à 5 988 kg de charge sur 6 pylônes
Avionique
Radar AN/APG-65, FLIR (version NA), pod de ciblage AN/AAQ-28V LITENING (AV-8B+)

Le McDonnell Douglas AV-8B Harrier II (désignation américaine) ou Harrier GR.5 (désignation anglaise) est la seconde génération du Hawker Siddeley Harrier. Son développement a été initié à la fin des années 1970 par les États-Unis, rejoints rapidement par le Royaume-Uni, qui avait conçu la version initiale.

Le Pentagone lance dans les années 1990 le programme « Joint Strike Fighter » (JSF) pour remplacer plusieurs avions de combat, dont le Harrier, par un avion multirôle. À la suite de nombreuses évaluations, le programme est attribué au F-35 Lightning II, qui l'emporte sur son concurrent direct, le Boeing X-32.

Conception modifier

AV-8B et GR.5 modifier

 
Construction du prototype YAV-8B à Saint-Louis en 1978.

En 1973, Hawker Siddeley (absorbé en 1977 par British Aerospace) et McDonnell Douglas étudient une version améliorée du Harrier, capable d'emporter une charge deux fois plus importante sur une distance deux fois plus longue. Le projet est annulé par les Britanniques en juin 1974, aussi les Américains se remettent au travail seuls[1] sur une version moins ambitieuse, ne nécessitant pas de développer un nouveau turboréacteur. Le , un AV-8A doté d'une nouvelle aile en matériaux composites fait son premier vol. Des extensions de bord d'attaque sont ajoutées par la suite pour améliorer la manœuvrabilité de l'appareil. En 1980, les Britanniques, qui avaient également étudié une modification de l'aile du Harrier de leur côté, décident de participer au projet américain.

Largement construit en matériaux composites, le premier véritable AV-8B fait son vol inaugural le [2]. Il est capable d'emporter le double de la charge qu'emportait l'AV-8A, avec deux pylônes supplémentaires sous les ailes. Les deux nacelles contenant les canons ADEN de 30 mm de la version précédente sont remplacées par un seul canon GAU-12 Equalizer de 25 mm, l'autre pod contenant les munitions qui l'alimentent. Le poste de pilotage est entièrement revu, rehaussé sur le modèle du Sea Harrier et devenant aussi moderne que celui du F/A-18 Hornet. De nouveaux systèmes électroniques sont installés, notamment un système de bombardement couplé à une visée laser et TV.

La construction en série commença en 1983 à Saint-Louis (Missouri). Les États-Unis reçurent 174 AV-8B monoplaces et 22 TAV-8B biplaces d'entraînement. Le Royaume-Uni produisit 62 exemplaires de la version GR.5, basée sur l'AV-8B avec des modifications importantes des systèmes électroniques. L'Espagne a également acheté 12 AV-8B. À la fin des années 1980, ces nouveaux avions avaient entièrement remplacé les Harrier de première génération.

Son coût par heure de vol est estimé, en 2016, à 13 700 $[3].

Évolutions aux États-Unis modifier

Une version AV-8B(NA), destinée à l'attaque nocturne, apparut en 1987, équipée d'une caméra infrarouge et d'un tableau de bord compatible avec les équipements de vision nocturne américains. Elle dispose également d'un réacteur 10 % plus puissant et de quelques autres modifications.

La version AV-8B+ (ou Harrier II Plus) apparut en 1992. En plus des modifications de l'AV-8B(NA), elle dispose d'une version adaptée du radar Hughes AN/APG-65 du F/A-18 Hornet. Deux rails d'emport supplémentaires pour missiles AIM-9 Sidewinder ont également été installés. L'AV-8B+ a été vendu à l'Italie (18 avions) et à l'Espagne (9 avions plus 10 AV-8B modifiés), une partie de ces avions étant assemblés localement.

D'autres améliorations et évolutions souhaitées par le Corps des Marines des États-Unis, seul utilisateur de l'AV-8B Harrier II aux États-Unis, avec 134 exemplaires en service en , n'ont pas été réalisées, pour cause de problèmes de financement dans les années 2000.

Sa date de retrait est incertaine. En , face aux divers problèmes du F-35 qui doit le remplacer, le Corps déclare que la majorité du parc en 2013 sera en ligne en 2027, et a reporté la fin de service de ces appareils à après 2030, d'où une modernisation nécessaire[4], puis en , il annonce au contraire son retrait du service en 2025 pour raisons budgétaires liées au développement du F-35[5]. Début 2019, alors que 135 sont en ligne, il annonce qu'il sera retiré en 2028 et qu'il doit, d’ici 2021, emporter des missiles AIM-9X et AIM-120C, une nacelle de désignation de ciblage de précision LITENING Gen 4 ainsi que de leur intégrer la liaison 16. Il prévu d’équiper en 2023 leurs pilotes d’un viseur de casque et de les doter d’un nouveau système de communication par satellite[6].

Évolutions au Royaume-Uni modifier

 
Un Harrier GR.7 du 800e escadron de la Royal Navy, au roulage pour le décollage au Royal International Air Tattoo, à Fairford ().

La version GR.7 est équivalente à l'AV-8B(NA) américain, bien qu'elle soit équipée de systèmes électroniques britanniques. Le siège éjectable modifié UPC/Stencel 10B du Harrier GR.7 permet l'utilisation de lunettes à intensification de lumière (JVN) sur le casque du pilote. Le prototype fit son premier vol fin 1989 et les livraisons commencèrent un an plus tard. Trente exemplaires GR.7A ont reçu un réacteur Pegasus 107 de 106 kN de poussée.

Une version GR.9 est entrée en service au sein de la RAF. Elle consiste en un GR.7 avec une électronique améliorée, notamment pour lui permettre d'embarquer les missiles de croisière Storm Shadow. Les GR.7A (remotorisés) sont désignés GR.9A.

À la suite du retrait du service actif des Sea Harrier de la Royal Navy en 2006, le 800 NAS (le 801 NAS ayant été dissous) employa des Harriers GR.9 et GR.9A jusqu'au [7], qui vit la fin des opérations aéronavales du Harrier décidée par le gouvernement britannique dans le cadre des coupes budgétaires annoncées par celui-ci en .

Le ont eu lieu au Royaume-Uni les derniers vols des Harriers de la RAF, à la suite de ces restrictions budgétaires[8]. Les 72 Harriers des forces armées britanniques sont retirés du service. 70 sont achetés fin 2011 pour le compte de l'US Marine Corps, qui s'en sert comme banque de pièces détachées, et deux exemplaires entrent dans des musées en Grande-Bretagne[9],[10]. Au , 50 d'entre eux sont stockés au 309th Aerospace Maintenance and Regeneration Group ; ce qui fut toujours le cas en [11].

Engagements modifier

Les AV-8B américains ont participé à :

Les Harrier GR.5/GR.7 britanniques ont participé à :

Pays opérateurs modifier

 
EAV-8B Harrier II Plus sur le porte-aéronefs Príncipe de Asturias.
 
Un AV-8B Harrier II de l'Armada espagnole sur le Príncipe de Asturias (R11) en 2007.

Variantes modifier

Remarque : pour les versions précédentes, voir l'article Hawker Siddeley Harrier

  • AV-8B Harrier II : version initiale pour les États-Unis (174 exemplaires) ;
  • TAV-8B : biplace d'entraînement de l'AV-8B (22 exemplaires) ;
  • AV-8B(NA) : AV-8B doté de capacités accrues d'attaque nocturne, grâce essentiellement à l'emploi d'un FLIR (61 exemplaires) ;
  • AV-8B+ : nouveau radar, 2 pylônes supplémentaires (27 nouveaux avions plus 72 existants modifiés) ;
  • Harrier GR.5 : version initiale pour le Royaume-Uni (41 exemplaires) ;
  • Harrier GR.5A : version légèrement modifiée pour préparer le GR.7 (21 exemplaires) ;
  • Harrier GR.7 : capacités d'attaque nocturne (34 nouveaux avions plus 58 GR.5/GR.5A modifiés) ;
  • Harrier GR.7A : GR.7 avec un moteur Rolls-Royce Pegasus 107 (30 GR.7 modifiés) ;
  • Harrier GR.9 : électronique modifiée (30 GR.7 modifiés) ;
  • Harrier GR.9A : GR.9 avec un Pegasus 107 (30 GR.7A modifiés) ;
  • Harrier T.6 : biplace d'entraînement du GR.5 (14 exemplaires) ;
  • EAV-8B Matador et EAV-8B+ Matador : désignation des 12 AV-8B et 9 AV-8B+ pour l'Espagne.

Total seconde génération : 433 exemplaires.

Voir aussi modifier

Sur les autres projets Wikimedia :

Développement lié

Aéronefs comparables

Articles connexes modifier

Liens externes modifier

Culture populaire modifier

Le Harrier II apparaît de façon remarquée dans le film True Lies, de James Cameron, sorti en 1994, où ses capacités de décollage et d'atterrissage vertical sont nettement mises en avant.

En 1996, le modèle est au cœur de l'affaire Leonard v. PepsiCo, Inc.[18].

Le jeu vidéo de 1999 Eagle One Harrier Attack, sorti sur les plateformes PlayStation 1 est quasi entièrement consacré au Harrier AV-8B, dont 80 % du jeu se déroule à ses commandes.

En 2000, dans le film Battlefield Earth une escadrille d'AV-8B est utilisée par les résistants humains pour chasser les envahisseurs Psychlos.

En 2001, le TAV-8B Harrier II apparaît comme boss dans le jeu vidéo Metal Gear Solid 2: Sons of Liberty, piloté par deux antagonistes membres de la "Dead Cell", Vamp et Solidus Snake.

Références modifier

Notes modifier

  1. « Chronologie de l'aviation », L'encyclopédie illustrée de l'aviation, Éditions Atlas, no 181,‎ , p. 3620
  2. « Actualités de l'aéronautique », Le moniteur de l'aéronautique, no 49,‎ , p. 9
  3. (en) « The Hourly Cost Of Operating The U.S. Military's Fighter Fleet », sur forbes.com,
  4. (en) Dave Majumdar, « US Marine Corps studying Harrier enhancements », Flight Global, (consulté le )
  5. « L'AV-8B sera retiré du service en 2025 ! », sur Avia News, (consulté le )
  6. « L'US Marine Corps va maintenir en service ses avions AV-8B Harrier II au moins jusqu'en 2028 », sur Zone Militaire, (consulté le ).
  7. (en) Tamir Eshel, « U.S. Marine Corps Negotiates Buying Decommissioned British Harriers », sur Defense-Update, (consulté le ).
  8. Dernier vol des Harrier britanniques, victimes de l'austérité au Royaume-Uni, Les échos, .
  9. « Harriers », Le Fana de l'aviation, no 509,‎ .
  10. « Les Harrier britanniques achetés par les Marines », sur Défense et Sécurité internationale, (consulté le ).
  11. (en) « Inventory Database - Aircraft Type Summary », sur AMARC Expérience, (consulté le ).
  12. (en) « 6 Harrier jets lost in Afghan base attack », UPI, (consulté le )
  13. Arnaud, « Le parc aérien de l’US Marines Corps en 2015 et en images », sur Avions légendaires, (consulté le )
  14. « Fin d'une campagne d'essais en vol de la version modernisée du Harrier espagnol », Mer & Marine, (consulté le )
  15. « L'Espagne dément officiellement s'intéresser au F-35 américain », sur Meta-Defense.fr, (consulté le ).
  16. Donald 2004, p. 53.
  17. Donald 2004, p. 105.
  18. Céline Deluzarche, « Le jour où Pepsi a failli devoir acheter un Harrier à un client », sur korii.slate.fr, Slate, (consulté le ).

Bibliographie modifier

  • Stephen Ashley, « Jump Jet », Popular Science, vol. 233, no 4,‎ , p. 56–59, 112, 114 (lire en ligne)
  • Denis J. Calvert, « La RAF a mis en service le Harrier II », Le Fana de l'Aviation, no 235,‎ , p. 52-54.
  • (en) Anthony H. Cordesman, The Iraq War : strategy, tactics, and military lessons, Washington, Centre for Strategic and International Studies, , 572 p. (ISBN 0-89206-432-3, lire en ligne)
  • (en) David Donald et Daniel J. March, Modern Battlefield Warplanes, Norwalk, Connecticut, AIRtime Publishing, (ISBN 1-880588-76-5), « Boeing/BAE systems AV-8B Harrier II »
  • (en) Paul Eden (éditeur), Encyclopedia of modern military aircraft, Londres, Amber Books Ltd, , 512 p. (ISBN 978-1-904687-84-9), « USMC Harrier IIs ».
  • (en) David G. Epstein, Making and Doing Deals: Contracts in Context (second edition), Newark, New Jersey, LexisNexis, (ISBN 0-8205-7044-3)
  • (en) Andy Evans, BAE / McDonnell Douglas Harrier, Ramsbury, Royaume-Uni, The Crowood Press, , 191 p. (ISBN 1-86126-105-5)
  • (en) Eric Grove, The Future of Sea Power, Londres, Routledge, , 280 p. (ISBN 0-415-00482-9, lire en ligne)
  • (en) Robert Jackson, NATO air power, Shrewsbury, Royaume-Uni, Airlife Publishing, (ISBN 0-906393-80-9)
  • (en) Dennis R. Jenkins, Boeing : BAe Harrier, vol. 21, North Branch, Minnesota, Specialty Press, coll. « Warbird Tech », (ISBN 1-58007-014-0)
  • (en) Mark Lambert, Jane's All The World's Aircraft 1993–94, Coulsdon, Royaume-Uni, Jane's Information Group, (ISBN 0-7106-1066-1)
  • (en) John F. Lehman, Command of the Seas, Annapolis, Maryland, Naval Institute Press, , 417 p. (ISBN 1-55750-534-9, lire en ligne)
  • (en) Lon O. Nordeen, Harrier II, Validating V/STOL, Annapolis, Maryland, Naval Institute Press, , 210 p. (ISBN 1-59114-536-8, lire en ligne)
  • (en) Norman Polmar, The Naval Institute guide to the ships and aircraft of the U.S. fleet, Annapolis, Maryland, Naval Institute Press, , 661 p. (ISBN 1-59114-685-2, lire en ligne)
  • (en) Mike (general editor) Spick, Great Book of Modern Warplanes, Osceola, Minnesota, MBI Publishing, (ISBN 0-7603-0893-4)
  • (en) John W. R. Taylor, Jane's All The World's Aircraft 1988–89, Coulsdon, Royaume-Uni, Jane's Defence Data, (ISBN 0-7106-0867-5)
  • (en) Karen Walker, « V/STOL Comes of Age », Flight International,‎ , p. 23–25 (lire en ligne, consulté le )
  • (en) Stewart Wilson, BAe / McDonnell Douglas Harrier, Shrewsbury, Royaume-Uni, Airlife Publishing, (ISBN 1-84037-218-4)