Aégis

album de Theatre of Tragedy
Aégis

Album de Theatre of Tragedy
Sortie 1998
Enregistré 1998
Durée 49:57
Genre Metal gothique
Label Massacre Records

Albums de Theatre of Tragedy

Aégis est le troisième album du groupe de metal gothique norvégien, Theatre of Tragedy. L'album abandonne en grande partie les touches death metal des albums précédents pour privilégier une atmosphère plus mélancolique. Cet album est le dernier de leur discographie à avoir recours à des textes en Anglais moderne naissant.

Musique modifier

L'album marque un changement stylistique par rapport aux albums précédents. Si la musique reste toujours dans la sphère du metal gothique, Aégis diffère de la plus grande partie des exemples du genre et des albums précédents du groupe à travers une approche plus douce et mélancolique. Le groupe assouplit ses bases death-doom, et fait place à une esthétique plus éthérée et mettant l'emphase sur les influences du gothique atmosphérique de l'ethereal wave et du rock gothique. Raymond Rohonyi y tempère désormais le chant en grunt pour privilégier un chant clair monocorde et introspectif, les seules chansons où persistent encore quelques passages en voix grunt sont Venus et Bacchante, mais les passages sont sous-mixés tandis que les parties vocales angéliques de Liv Kristine sont mises à l'honneur. La puissance et la lourdeur de la distorsion des guitares et allégée, en revanche les effets de delay et de chorus typiques du rock gothique sont mis à l'honneur. Les guitares en distorsion ont un rôle moins prééminent qu'avant. Les mélodies de piano sont moins présentes et laissent place en contrepartie à des longues plages éthérées de synthétiseurs donnant naissance à une musique à la fois très atmosphérique, contemplative et mélancolique dans laquelle certains observateurs ont cru parfois voir les prémisses d'un nouveau genre à venir, "quelque chose comme un "ethereal gothic rock".[1]:

Le groupe explique que le changement de style est dû principalement aux départs des précédents guitaristes Tommy Lindal et Geir Flikkeid au cours de l'année 1997 et à l'arrivée du guitariste Tommy Olsson très inspiré par la musique gothique[1]:

« Ce changement est principalement dû aux problèmes de line-up auxquels nous avons été confrontés. Entre "Velvet Darkness..." et "Aégis", les deux guitaristes ont été remplacés par Frank Claussen et Tommy Olsson. Frank a un passé musical plutôt metal alors que Tommy est vraiment un fan du son gothique de la fin 80-début 90, ce qui explique pourquoi "Aégis" sonne vraiment dans cette veine[1]. »

Les raisons de ce changement vers une voie plus mélodique s'expliquent aussi par le fait que Raymond souhaitait explorer les possibilités du chant clair, car il avait le sentiment de stagner dans ce qu'il avait développé auparavant avec son chant en grunt[2].

Textes modifier

À l'instar des albums précédents, les paroles sont écrites en vieil anglais moderne naissant, c'est-à-dire l'anglais shakespearien du XVe siècle. Certains textes sont même proches de l'incompréhensible pour ceux qui ne sont pas familiers de ce langage, même ceux ayant l'anglais pour langue maternelle. Un exemple tiré d'angélique

« 'Vaunt! - Devil tyne -
Wadst thou wane fore'ermae;
Daunt - sinsyne thence,
Ta'en as a dint, Angelique?[3] »

Cet opus se caractérise aussi par une thématique commune, il s'agit en effet, d'un concept album[2] tournant autour de la figure mythique de la femme[2]. Chaque chanson traite d'une figure féminine soit mythologique[2] (comme Cassandre, Vénus, Aédé, Lorelei) soit historique[2](Poppée). L'album traite du pouvoir que la figure féminine peut exercer sur les hommes[4]. Le batteur Hein Frode Hans explique:

« Elles ont cet énorme pouvoir(...) Tout homme sait de quoi je parle. Elles ont cette capacité à manipuler, comme de rentrer furtivement dans l'esprit de l'homme d'une façon mystérieuse et effrayante. Elles ont un pouvoir que les hommes n'ont pas. Je ne sais pas pourquoi. Elles sont capables de faire faire à un homme les choses les plus folles. Elles peuvent d'un côté le porter sur les plus sommets du bonheur et de l'autre lui arracher le cœur et le laisser agoniser dans la souffrance[5]. »

Reception modifier

L'album Aégis reçut de nombreuses chroniques élogieuses[6] et généralement considéré par les fans comme l'un des chefs-d'œuvre du groupe aux côtés de Velvet Darkness they Fear.Mais il a mis un peu plus de temps à être admis. Liv Kristine explique :

« Au début, ça a été très positif, mais il n'y a pas eu ruée. Ça s'est fait avec le temps, pas à pas. Maintenant, on en est à un peu plus de 1000 000 albums vendus. Le public a mis un peu de temps à adopter Aégis. Il faut dire qu'il était différent de ce qu'on avait fait précédemment. C'était plus du gothic-rock, que du metal, plus atmosphérique, plus calme. Avec musique, nous allons encore plus loin dans les changements, dans la différence[7]. »

Le groupe a parfois été accusé, avec cet album, de vouloir faire une musique plus commerciale[2]. Mais le groupe soutient qu'il n'a pas été motivé par une volonté de vendre plus[2]. Le batteur remarque à cet égard que c'était même plutôt risqué en terme commercial de s'éloigner du style plus brutal qui avait fait leur succès[2].. Répéter la même formule pour eux c'était comme stagner au niveau artistique et ils ne voulaient pas se laisser enfermer dans les stéréotypes du metal gothique, car la musique de type "belle et la bête" devenait devenait de plus en plus une formule reprise par de nombreux groupes[8].

Chansons modifier

  1. Cassandra – 6:48
  2. Lorelei – 5:37
  3. Angélique – 5:46
  4. Aoede – 6:10
  5. Siren – 7:30
  6. Venus – 5:33
  7. Poppea – 5:47
  8. Bacchante – 6:42

Une version limitée contient le bonus track Samantha qui est placé entre Siren et Venus. La version japonaise contient un second bonus track, Virago, qui est placé après Bacchante.

Notes modifier

  1. a b et c Interview Obsküre 02/2002
  2. a b c d e f g et h interview avec Hein Frode Hansens
  3. Que l'on pourrait traduire :
    • en anglais actuel : Vaunt! - Lose Devil - You was wane near the marble pillars; Daunt - since that time, Taken as a dint, Angélique?
    • en français : Vanterie ! - De quoi égarer le diable - Tu déclinais près des piliers de marbre; Je t'intimide depuis lors, As-tu été prise de force, Angélique ? (traduction Mars2000you)
  4. "It just basically is about female power over men. They have this enormous power!(..)"interview avec Hein Frode Hansens
  5. Libre traduction d'un passage de l'interview avec Hein Frode Hans: "They have this enormous power!(..)Every man knows what I'm talking about. They have the ability to manipulate, like sneak into the man's mind in a mysterious, scary kind of way. They possess a power that men don't have. I don't know why. They are able to make a man do the wildest things. They can take him to the highest mountain top of happiness and on the other hand rip his heart out and leave him in pain."interview avec Hein Frode Hansen
  6. Garry Sharpe-Young, "Theatre of Tragedy" in Metal: The Definitive Guide, Jawbone Press, 2007, pp.291-292, (ISBN 978-1-906002-01-5).
  7. "Theatre of Tragedy- Nouvel acte" Interview avec Liv Kristine, Hard-rock Magazine n°62, novembre 2000, éditions C.P.E.S, dépôt légal quatrième trimestre 2000, p.52-53.
  8. "Basically it has nothing to do with money. What we wanted to do on this new album... we were getting a bit tired of all the stereotypes, like the gothic-metal label.To be honest, when you're called gothic-metal, they put you in a label with so many bands which sounds like shit and you have to try to rise above this"(...)"People say it's commercial. I say, if commercial means it sells a lot of records... if they know what we put on stake here, we have all those fans who like Velvet Darkness...and that material, the more heavy stuff and the really big risk was to change the style. What if they hated it? What if we sold nothing from Aégis? It's a very commercial unwise move! Because we should have made another "Velvet Darkness..." album. Then everybody would love it "Oh, yeah great!", you know. But we would still think we haven't changed for five years. We need to move on!" Interview avec Hein Frode Hansen