Éthoxyquine

composé chimique

Éthoxyquine
Image illustrative de l’article Éthoxyquine
Structure de l'éthoxyquine
Identification
Nom UICPA 6-éthoxy-2,2,4-triméthyl-1,2-dihydroquinoline
No CAS 91-53-2
No ECHA 100.001.887
No CE 202-075-7
No RTECS VB8225000
PubChem 3293
SMILES
InChI
Propriétés chimiques
Formule C14H19NO  [Isomères]
Masse molaire[1] 217,306 8 ± 0,013 g/mol
C 77,38 %, H 8,81 %, N 6,45 %, O 7,36 %,
Propriétés physiques
Masse volumique 1,03 g/ml à 20 °C[2]
Précautions
SGH[2]
SGH07 : Toxique, irritant, sensibilisant, narcotique
H302

Unités du SI et CNTP, sauf indication contraire.

L'éthoxyquine est un antioxydant dérivé de la quinoléine.

Utilisations modifier

  • Il est utilisé comme conservateur alimentaire (E324) et comme pesticide.
  • Il est couramment utilisé comme conservateur dans l'alimentaire animal pour empêcher le rancissement des matières grasses.
  • L'éthoxyquine est également utilisé dans les épices pour éviter l'oxydation des pigments caroténoïdes, responsables de la perte de coloration[3].

Historique modifier

L'éthoxyquine est initialement développé par Monsanto dans les années 1950, puis enregistré en 1965 comme pesticide antioxydant éliminant la tavelure des pommes et des poires[3]. Monsanto l'a également produit en tant qu'antioxydant empêchant l'oxydation des lipides dans les poissons.

Impact sur la santé humaine et animale modifier

En 2015 l'autorité européenne de sécurité des aliments (EFSA) a indiqué que "certains composants sont génotoxiques et possiblement mutagènes" mais n'a pas fixé de limite de résidus dans les aliments, à la différence des États-Unis[4],[5].

Dans les aliments pour animaux, l'éthoxyquine a été suspecté d'être responsable de multiples problèmes de santé. Déjà, en 1997, le Center for Veterinary Medicine (en), avait demandé aux fabricants d'aliments pour animaux, de limiter volontairement les niveaux d'éthoxyquine à 75 ppm jusqu'à ce qu'une nouvelle preuve soit rapportée[6]. En , la Food and Drug Administration (FDA) a trouvé seulement un lien vérifiable entre l'éthoxyquine et l'accumulation de protoporphyrine IX dans le foie[6], ainsi que des élévations des enzymes liés au foie chez certains animaux.

L'éthoxyquine n'est pas autorisé comme additif ou conservateur dans les aliments australiens.[réf. nécessaire]

Il n'est pas non plus approuvé comme tel dans l'Union européenne[7], mais il est encore autorisé aux États-Unis, en 2014, dans la nutrition animale[8].

Additif de la nourriture pour poisson modifier

Même là où il est interdit comme additif pour la nourriture humaine, il reste autorisé dans certains aliments destinés aux piscicultures, avec des valeurs limites toutefois, fixées à 150 ppm dans la nourriture pour poisson, et 0.5 ppm de résidus dans le produit final), car l'EQ pourrait causer des dommages au foie et aux reins des animaux[9].

Différents métabolites sont trouvés dans la chair du poisson, dont le plus commun est l'EQDM (dimère d'éthoxyquine) ; leur degré d'innocuité ou de toxicité est inconnu, aucun test n'ayant été réalisé à ce sujet. La seule étude à l'heure actuelle est la thèse soutenue en 2007 sur la toxicocinétique et toxicodynamique de l'éthoxyquine chez le saumon atlantique par V.J. Berdikova [10]. On sait cependant que

  • les saumons élevés avec de la nourriture contenant une centaine de ppm d'éthoxyquine développent des cœurs plus gros, et que des doses plus importantes causent des modifications du foie ;
  • l'éthoxyquine est légèrement toxique pour les poissons[11] ;
  • l'éthoxyquine traverse la barrière hémato-encéphalique.

Les élevages de saumons en Norvège modifier

Un reportage d’Envoyé Spécial « Poisson : élevage en eaux troubles » diffusé le , sur France 2 a mis en cause la filière d'élevage de saumon norvégien et particulièrement le NIFES[12] et le « Centre des produits de la mer de Norvège » (CPMN[13], basé à Paris auprès de l'ambassade de Norvège, et « créé par le ministère norvégien de la pêche en 1991 afin de renforcer la notoriété des produits de la mer de Norvège de par le monde. Ses activités sont financées par le secteur de la pêche et de l’aquaculture via un prélèvement sur les exportations des produits de la mer ») sur la présence d'éthoxyquine dans le poisson[14],[13],[15].

En Norvège, « le Comité scientifique pour la sécurité alimentaire avait recommandé en 2006, de ne pas dépasser plus de deux repas par semaine, contenant du poisson gras. Mais l’agence norvégienne de la Santé n’avait jamais suivi ces recommandations », malgré l'alerte[16] faite par une pharmacotoxicologue au service des autorités norvégiennes.

Le le gouvernement norvégien a émis « une nouvelle recommandation, forcé de reconnaître – tardivement – que ce poisson gras est aussi bourré de produits toxiques »[17],[18].

En 2014, le Comité scientifique pour la sécurité alimentaire de Norvège (VKM), a publié un nouveau rapport concernant la situation des poissons d'élevage, et le bénéfice / risque pour la santé. Les apports d'acides gras Oméga-3, sont bénéfiques pour la santé, mais face aux risques associés aux contaminations par des polluants, les autorités sanitaires françaises recommandent, depuis plusieurs années, de consommer du poisson de mer, deux fois par semaine (en alternant poisson gras et poisson maigre, et en variant les espèces et les origines)[19], cependant, il est toujours difficile pour le consommateur de connaître précisément l'origine des poissons, tant au restaurant que sur un étal de marché.

L'étude norvégienne note que les élevages sont désormais moins pollués par le mercure, la dioxine et les PCB.

Taux moyens de contaminants dans les saumons d'Atlantique d'élevage, en Norvège, entre 2006 et 2014
Année Mercure (en mg/kg de filet de poisson) Dioxines et DL-PCB (quantité équivalente toxique en nanogrammes, rapportée à un kilo de filet de poisson)
2006 0,03 1,70
2014 0,014 0,52
Évolution en 8 ans -53,3% -69,4%

Source des données : Rapport VKM 2014[20].

Les élevages norvégiens font, cependant, l'objet d'intenses controverses. La forte concentration des poissons entraîne un risque important de contamination par des parasites, (tel le pou de mer), ce qui entraine la pulvérisation d'importantes quantités de pesticides dans les bassins (comme le diflubenzuron[Note 1]). D'autre part, les associations norvégiennes dénoncent le fait que des tonnes d'excréments de poissons s'accumulent dans le lit des fjords norvégiens, bouleversant les équilibres écologiques[21].

Articles connexes modifier

Notes et références modifier

Notes modifier

  1. Le diflubenzuron est interdit dans l'Union Européenne, comme produit vétérinaire, mais il est autorisé en Norvège. En France, il n'est autorisé que comme produit phytopharmaceutique, dans la lutte, en particulier contre des insectes vecteurs de maladies, comme le paludisme, ou la désinsectisation de bâtiment d'élevage

Références modifier

  1. Masse molaire calculée d’après « Atomic weights of the elements 2007 », sur www.chem.qmul.ac.uk.
  2. a b et c Ethoxyquin chez Sigma-Aldrich.
  3. a et b (en) Ethoxyquin, sur epa.gov
  4. « Un principe de précaution bien oxydé », Le Canard Enchaîné,‎ , p. 5 (ISSN 0008-5405)
  5. « Éthoxyquine: Évaluation de la sécurité non concluante », EFSA, (consulté le )
  6. a et b (en) Pet Food Labels
  7. (en) Ethoxyquin sur noshly.com
  8. (en) US Food and Drug Administration - April 1, 2014, « CFR - Code of Federal Regulations Title 21 : Sec. 573.380 Ethoxyquin in animal feeds. », sur www.accessdata.fda.gov (consulté le ).
  9. Norges Miljøvernforbund (2011) "Report on the Environmental Impact of farming of North Atlantic Salmon in Norway".; version anglaise traduite du rapport norvégien de 2010.
  10. Victoria Jurievna Berdikova Bohne; "Toxicokinetics and toxidynamics for dietary ethoxyquin in Atlantic salmon". National Institute of Nutrition and Seafood Research, Bergen, Norway. 2007
  11. (en) Ethoxyquin sur PAN Pesticides Database
  12. NIFES
  13. a et b CPMN « Centre des produits de la mer de Norvège », entreprise publique appartenant au Ministère de la Pêche et des affaires Côtières, dont l'Assemblée Générale est composée du Ministre de la Pêche et des Affaires Côtières, qui nomme le conseil d'administration pour un mandat de deux ans) ; consulté 2014-07-02
  14. source
  15. Renée Greusard (11/11/2013) : Après l’enquête d’« Envoyé spécial », le lobby du saumon norvégien s’active, sur le site rue89.nouvelobs.com, consulté le 10 août 2014
  16. Claudette Bethune, Ph.D. (2006), Norwegian farmed salmon production raises global concern - May 31, 2006 ; quality of Norwegian farmed salmon has recently come into question with the Russian ban, illegal nitrate use, and a building body of evidence that consumers should limit their consumption
  17. Sophie Caillat (19/06/2013) : La Norvège reconnaît que son saumon peut être dangereux pour la santé, sur le site rue89.nouvelobs.com, consulté le 9 août 2014
  18. (no)17/06/2013 : Clarification des conseils diététiques sur les poissons, sur le site helsedirektoratet.no, consulté le 9 août 2014
  19. ANSES - 25/01/2013, « Etude Calipso, bénéfices et risques d'une forte consommation de produits de la mer », sur www.anses.fr (consulté le )
  20. (en)[PDF] VKM (Vitenskapskomiteen for mattrygghet), « VKM Report 2014 : Benefit - risk assessment of fish and fish products in the Norwegian diet », sur vkm.no (consulté le )
  21. Allo docteurs - 17/12/2014, « Le saumon d'élevage norvégien réhabilité ? », sur www.allodocteurs.fr (consulté le )