Épave d'Oranjemund

L'épave d'Oranjemund désigne les restes d'un navire marchand portugais de la première moitié du XVIe siècle qui a été découvert en 2008 devant la côte désertique de la Namibie. Elle est généralement attribuée au Bom Jesus[1].

Dernier voyage modifier

Le Bom Jesus était une caraque nouvellement construite qui a quitté Lisbonne le vendredi au sein d'une flotte de trois bateaux en route pour les Indes (cette année-là, sept navires ont effectué le voyage au total) afin d'acheter des épices (poivre, muscade, gingembre, cannelle). Le bateau était placé sous le commandement de Dom Francisco de Noronha avec 250 personnes à bord, plusieurs tonnes de lingots de cuivre portant la marque des Fugger et un grand nombre de pièces de monnaie. Le navire a coulé en raison du mauvais temps en heurtant un rocher à 30 mètres de la côte actuelle. Il reposait par 7 à 8 mètres de fond[2]. Le sort de l'équipage est inconnu. Toutefois, aucun reste humain n'a été découvert et la proximité de la côte fait qu'ils aient pu survivre[3].

Découverte de l'épave modifier

L'épave a été découverte le au cours du processus d'extraction de minerai de diamant qui se déroulait le long de la côte du Sperrgebiet à 18 km au nord d'Oranjemund. Pour ce faire, les terrains situés au bord de la mer sont asséchés sur près de 200 m en les séparant de l'océan par de grandes dunes de sable et en pompant l'eau afin de faciliter l'extraction des graviers contenant les diamants. C'est à cette occasion que des employés de l'entreprise diamantaire Namdeb (de) découvrent des lingots et des tubes de cuivre et en informent les archéologues qui constatent l'importance de la découverte puisqu'il s'agit de la plus ancienne épave d'un bateau européen au sud du Sahara. Afin de ne pas retarder les opérations minières, une première campagne de fouilles est menée à partir du dans l'objectif de la terminer le 25. Devant l'importance des découvertes, le site est essentiellement observé mais le matériel est laissé sur place et réenfouis en vue de l'organisation d'une fouille de sauvetage qui a été réalisée du au en présence de nombreux spécialistes. L'état de conservation était particulièrement bon puisque le bois de la coque et de nombreux objets ont été protégés par la grande quantité de cuivre que le navire contenait, d'une part par son poids qui a évité qu'ils soient endommagés par les mouvements des courants et d'autre part par ses propriétés chimiques qui ont freiné leur biodégradation[4],[2]. Par ailleurs, c'est l'une des rares épaves qui a pu être extraite en travaillant à pied sec. Sur la base des fragments recueillis, la longueur du bateau est estimée à 40-60 mètres[3].

Objets recueillis modifier

Le bilan des fouilles est le suivant: 2288 lingots de cuivre ronds d'un poids approximatif de 17 tonnes, 549 plaques et lingots de plomb d'un poids de 6,3 tonnes, 170 lingots d'étain (500 kg), 105 objets en fer (5 tonnes), 162 objets en bois (7,5 tonnes), 105 défenses d'éléphant (2 tonnes), 14 canons (5 tonnes), 24 boulets de canon (20 kg), 7 lames d'épée, 181 instruments de cuisine (5 kg) et 10 instruments de navigation (3 astrolabes, 3 boussoles)[3].

Les pièces de monnaie sont au nombre de 2266 dont 1917 pièces d'or espagnoles, essentiellement des excelentes (it) représentant Isabelle de Castille avec son mari Ferdinand II d'Aragon. À cela viennent s'ajouter 171 pièces portugaises en or, plus lourdes et portant les armes de Jean III du Portugal, 127 pièces portugaises en argent, 24 pièces en or provenant d'ateliers maures et quelques pièces non identifiées[3].

L'analyse géochimique de 60 lingots de cuivre a révélé une grande homogénéité dans leur composition et qu'ils avaient été traités par liquation (en) pour en extraire l'argent avec du plomb provenant de la région de Cracovie. Le cuivre était probablement originaire des mines des Fugger situées à Banská Bystrica dans les monts Métallifères slovaques[5].

Bibliographie modifier

  • Wolfgang Knabe, Dieter Noli: Die versunkenen Schätze der Bom Jesus: Sensationsfund eines Indienseglers aus der Frühzeit des Welthandels, Nicolai, Berlin 2012, (ISBN 978-3-89479-732-4).
  • Ekkehard Westermann: Die versunkenen Schätze der Bom Jesus von 1533. Die Bedeutung der Fracht des portugiesischen Indienseglers für die internationale Handelsgeschichte - Würdigung und Kritik. in: Vierteljahresschrift für Sozial- und Wirtschaftsgeschichte, 100(4), Stuttgart 2013, p. 459-478.

Références modifier

  1. Werner Menges, «Diamond coast shipwreck gets spot in National Geographic», The Namibian, le 5 octobre 2009.
  2. a et b Bruno Werz, «Sub-saharian Africa's oldest shipwreck: historical-archeological research of an early modenn-era portugueses merchantman on the namibian coast», The Mariner's Mirror, 2010, vol. 96, no 4, p. 430-442.
  3. a b c et d Chirikure, Shadreck ; Sinamai, Ashton; «World history from the seabed: Rescuing a Portuguese shipwreck off the coast of Namibia», in Shipwrecks Around the World: Revelations of the Past: Shipwrecks from 15th Century Onwards. ed. Sila Tripati. Prestige Books, 2015. p. 114-130. (ISBN 978-8192624440)
  4. Francisco Alves, 2011, «The 16th century Portuguese shipwreck of Oranjemund, Namibia. Report on the missions carried out by the Portuguese team in 2008 and 2009», Trabalhos Da Dans 45.
  5. Andreas Hauptmann, Gabi Schneider, Christoph Bartels, «The Shipwreck of Bom Jesus, AD 1533: Fugger Copper in Namibia» Journal of African Archaeology 14.2 (2016): 184-207.