Énergie au Japon

caractéristiques du secteur de l'énergie au Japon

Énergie au Japon
Image illustrative de l’article Énergie au Japon
Centrale thermique d'Oi (1050 MW, fioul), dans la Préfecture de Tokyo.
Bilan énergétique (2022)
Offre d'énergie primaire (TPES) 16 399,7 PJ
(391,7 M tep)
par agent énergétique pétrole : 38,7 %
charbon : 27,4 %
gaz naturel : 21,1 %
électricité : 8,5 %
bois : 4,4 %
Énergies renouvelables 9,2 %
Consommation totale (TFC) 9 917,8 PJ
(236,9 M tep)
par habitant 79,3 GJ/hab.
(1,9 tep/hab.)
par secteur ménages : 17,4 %
industrie : 33,7 %
transports : 26,7 %
services : 20 %
agriculture : 1,3 %
pêche : 0,7 %
Électricité (2022)
Production 1 012,89 TWh
par filière thermique : 67,6 %
autres : 11,3 %
hydro : 9,2 %
nucléaire : 5,5 %
biomasse/déchets : 5,4 %
éoliennes : 0,9 %
Combustibles (2022 - PJ)
Production pétrole : 14
gaz naturel : 78
charbon : 16
bois : 610
Commerce extérieur (2022 - PJ)
Importations électricité : 0
pétrole : 7371
gaz naturel : 3475
charbon : 4503
bois : 105
Exportations électricité : 0
pétrole : 709
gaz naturel : 0
charbon : 23
Sources
Agence internationale de l’énergie[1],[2]
NB : dans le bilan énergétique, l'agent "bois" comprend l'ensemble biomasse-déchets

Le secteur de l'énergie au Japon est l'un des plus importants consommateurs d'énergie au monde ; le Japon est un pays très densément peuplé (333,5 hab/km2 en 2021, moins que l'Inde : 431,3 hab/km2 mais deux fois plus que la Chine : 147,1 hab/km2) et d'un niveau de vie élevé (PIB par habitant : 40 113 $ en 2019). La consommation d'énergie primaire par habitant au Japon en 2022 était supérieure de 90 % à la moyenne mondiale et de 29 % à celle de la Chine, mais inférieure de 49 % à celle des États-Unis.

Son secteur énergétique dépend fortement des importations, notamment des combustibles fossiles : 3e importateur mondial de gaz naturel en 2022 avec 7,8 % des importations mondiales derrière l'Union européenne et la Chine (et 1er importateur mondial de gaz naturel liquéfié : 18,1 %), 3e pour le charbon en 2022 avec 14,8 % des importations mondiales derrière la Chine et l'Inde, et 4e pour le pétrole en 2022 avec 5,0 % du total mondial, derrière la Chine, les États-Unis et l'Inde.

Ces importations se sont fortement accrues à partir de 2011, du fait de l'arrêt complet de la production des centrales nucléaires après l'accident nucléaire de Fukushima. En 2010, les 54 réacteurs nucléaires assuraient 24,6 % de la production d'électricité du pays, qui se classait au 3e rang mondial pour sa production nucléaire. L'explosion des importations de combustibles fossiles a fait basculer dans le rouge la balance commerciale, autrefois largement excédentaire ; en 2013, le déficit de la balance commerciale japonaise a même dépassé celui de la France. Le gouvernement arrivé au pouvoir en a annoncé son intention de faire redémarrer ces centrales dès que les inspections de la nouvelle Autorité de sureté nucléaire (NRA) auront été terminées ; deux réacteurs ont redémarré en 2015, et en août 2023, dix réacteurs étaient reconnectés au réseau.

En 2022, la consommation d'énergie primaire du Japon se répartissait en 87,1 % d'énergies fossiles (pétrole : 38,7 %, charbon : 27,4 %, gaz : 21,1 %), 3,7 % de nucléaire et 9,2 % d'énergies renouvelables (4,4 % de biomasse et déchets, 1,8 % d'hydroélectricité et 3,0 % de solaire, éolien et géothermie).

L'électricité représentait 30 % de la consommation finale d'énergie en 2021. Sa production se répartissait en 2022 en 67,6 % d'énergies fossiles (32,9 % de gaz naturel, 30,8 % de charbon et 4 % de pétrole), 5,5 % de nucléaire (contre 24,6 % en 2010), 23,3 % d'énergies renouvelables (9,2 % hydraulique, 9,4 % solaire, 3,5 % biomasse et déchets, 0,9 % éolien, 0,3 % géothermie) et 3,5 % de déchets non renouvelables et divers. Le Japon est le 5e producteur d'électricité au monde (3,5 % de la production mondiale), au 3e rang mondial pour la production d'électricité à partir de gaz naturel ainsi que pour le solaire photovoltaïque, au 4e rang pour le charbon et le pétrole, au 7e rang pour les renouvelables, au 7e rang pour la biomasse, au 8e rang pour l'hydroélectricité, au 9e rang pour le nucléaire et au 10e rang pour la géothermie.

Le Japon se situait en 2022 au 5e rang mondial pour les émissions de CO2 dues à la consommation d'énergie avec 3,1 % du total mondial. Ses émissions par habitant en 2021 étaient supérieures de 87 % à la moyenne mondiale et de 5 % à celle de la Chine, mais inférieures de 42 % à celle des États-Unis.

Vue d'ensemble modifier

Principaux indicateurs de l'énergie au Japon[1]
Population
[2]
Consom.
énergie
primaire
Production Import.
nette
Consom.
électricité
Émissions
de GES*
[g 1]
Année Million PJ PJ PJ TWh Mt CO2éq
1990 124 18 293 3 106 15 754 830 1 064
2000 126,8 21 599 4 374 17 887 1 021 1 163
2010 128,1 20 914 4 232 17 095 1 124 1 148
2011 127,8 19 376 2 225 17 597 1 064 1 204
2012 127,6 18 898 1 260 18 166 1 056 1 245
2013 127,4 19 035 1 231 18 211 1 057 1 257
2014 127,3 18 363 1 157 17 548 1 033 1 207
2015 127,1 18 100 1 318 17 168 1 018 1 167
2016 127,1 17 946 1 444 16 840 1 025 1 155
2017 127,0 18 045 1 704 16 799 1 040 1 140
2018 126,8 17 769 2 081 16 250 1 022 1 100
2019 126,6 17 315 2 093 15 682 995 1 063
2020 126,3 16 124 1 817 14 442 971 1 004
2021 125,7 16 731 2 236 14 834 1 001 1 012
2022 125,1 16 400 2 118 14 721 964 1 003
variation
1990-2022
+0,9 % -10,3 % -31,8 % -6,6 % +16,1 % -5,7 %
* émissions de gaz à effet de serre liées à l'énergie.

Comparaisons internationales modifier

Les statistiques de l'Agence internationale de l'énergie et celles de l'Energy Institute classent le Japon aux tout premiers rangs pour nombre d'indicateurs du domaine de l'énergie ; cependant, il n'est en tête que pour les importations de combustibles fossiles et leur transformation (raffinage, production d'électricité) ; pour le nucléaire il passe du 3e rang avant Fukushima au 6e en 2011, puis disparait du classement en 2014 avec l'arrêt complet des centrales, et remonte en 2022 au 9e rang ; dans le domaine des énergies renouvelables, il se distingue pour l'hydroélectricité, la biomasse, la géothermie et le solaire, mais ne figure pas parmi les 10 premiers pays producteurs d'énergie éolienne :

Place du Japon dans les classements mondiaux
Source d'énergie indicateur rang année quantité unité % monde commentaires
Pétrole brut[s 1] Importation 4e 2022 132,5 Mt 5,0 % 1er : Chine (17,7 %), 2e : États-Unis (12,1 %), 3e : Inde (8,4 %)
Gaz naturel[s 2] Importation de GNL 1er 2022 98,3 Gm3 18,1 % 2e : Chine (17,2 %), 3e : Allemagne (11,8 %)
Charbon[s 3] Importation 3e 2022 4,82 EJ 14,8 % 1er : Chine (18 %), 2e : Inde (15,4 %)
Électricité Production[s 4] 5e 2022 1 033,6 TWh 3,5 % 1er : Chine (30,4 %), 2e : États-Unis (15,6 %), 3e : Inde (6,4 %), 4e : Russie (4,0 %)
Prod.élec.par sources**[s 5] Charbon 4e 2022 309 TWh 3,0 % 1er : Chine (52,3 %), 2e : Inde (13,4 %), 3e : États-Unis (8,8 %)
Pétrole 4e 2022 40,6 TWh 5,6 % 1er : Arabie saoudite (18 %)
Gaz naturel 3e 2022 319,7 TWh 4,8 % 1er : États-Unis (27,4 %), 2e : Russie (8,1 %)
Renouvelables 7e 2022 227 TWh 2,7 % 1er : Chine (31,3 %), 2e : États-Unis (11,5 %), 3e : Brésil (6,9 %)
Nucléaire Production nette[s 6] 9e 2022 51,8 TWh 1,9 % 1er : États-Unis (812,1 TWh), 2e : Chine (417,8 TWh), 3e : France (294,7 TWh)
Puissance installée[3] 4e 2023 31,7 (dont 9,5 en fonctionnement) GW 8,1 % 1er : États-Unis (95,8 GW), 2e : France (61,4 GW), 3e : Chine (53,2 GW)
% nucléaire/élec*[4] 22e 2022 6,1 % 1er : France (62,6 %), 2e : Slovaquie (59,2 %), 14e : Russie (19,6 %), 16e : États-Unis (18,2 %), 25e : Chine (5,0 %)
Hydroélectricité Production[s 5],[s 7] 8e 2022 74,9 TWh 1,7 % 1er : Chine (30,1 %), 2e : Brésil (9,9 %), 3e : Canada (9,2 %), 4e : États-Unis (6,0 %)
Puissance installée[5] 7e 2022 49,6 GW 3,6 % 1er : Chine (29,7 %), 2e : Brésil (7,9 %), 3e : États-Unis (7,3 %)
% hydro/élec*[s 5],[s 7] 20e 2022 7,2 % 1er : Norvège (87,9 %), 2e : Venezuela (82 %), 3e : Colombie (71,5 %)
Énergie solaire photovoltaïque Production élec.[s 8] 3e 2022 102,4 TWh 7,7 % 1er : Chine (427,8 TWh, 32,3 %), 2e : États-Unis (206,2 TWh, 15,6 %)
Puissance installée[6] 3e 2022 84,9 GWc 7,2 % 1er : Chine (414,5 GW, 35 %), 2e : États-Unis (141,6 GW, 11,9 %)
% solaire PV/élec*[6] 9e fin 2022 10,2 % 1er : Espagne (19,1 %), 2e : Grèce (17,5 %), 3e : Chili (17,0 %)
Biomasse[7] Production élec. 7e 2021 32,3 TWh 5,2 % 1er : Chine (26,4 %), 2e : Brésil (9 %), 3e : États-Unis (8,5 %)
Géothermie[7] Production élec. 10e 2021 3,01 TWh 3,1 % 1er : États-Unis (20 %), 2e : Indonésie (16,6 %)
* % nucléaire (ou hydro ou solaire)/production totale d'électricité
** production d'électricité par sources.

Production nationale et importations d'énergie primaire modifier

Le Japon manque de ressources énergétiques naturelles et dépend donc des importations pour couvrir ses besoins. L'arrêt des centrales nucléaires à la suite de l'accident de Fukushima a fortement aggravé cette dépendance : le taux d’indépendance énergétique du pays s'est effondré de 20,2 % en 2010 à 6,4 % en 2014, pour ne se relever qu’à 8,3 % en 2016. Le ministère de l'Économie, du Commerce et de l'Industrie (METI) a fixé l'objectif de remonter ce taux à 24 % en 2030[8].

Production d'énergie primaire au Japon par source (PJ)
Source 1990 % 2000 % 2010 % 2020 % 2022 % 2022 var.
2022/1990
Charbon 187 6,0 64 1,5 25 0,6 17 1,0 16 0,8 % -91 %
Pétrole 23 0,7 26 0,6 29 0,7 18 1,0 14 0,7 % -40 %
Gaz naturel 80 2,6 96 2,2 134 3,2 81 4,5 78 3,7 % -2 %
Total fossiles 290 9,3 186 4,3 188 4,4 116 6,4 108 5,1 % -63 %
Nucléaire 2 207 71,1 3 513 80,3 3 144 74,3 423 23,3 612 28,9 % -72 %
Hydraulique 316 10,2 303 6,9 302 7,1 284 15,6 303 14,3 % -4 %
Biomasse-déchets 176 5,7 207 4,7 454 10,7 557 30,7 610 28,8 % +247 %
Solaire, éolien, géoth. 117 3,8 165 3,8 144 3,4 437 24,1 485 22,9 % +315 %
Total EnR 609 19,6 675 15,4 900 21,3 1 278 70,3 1 398 66,0 % +130 %
Total 3 106 100 4 374 100 4 232 100 1 817 100 2 118 100 % -32 %
Source des données : Agence internationale de l'énergie[1]

Secteur charbonnier modifier

Les réserves prouvées de charbon du Japon étaient estimées par l'Agence fédérale allemande pour les sciences de la terre et les matières premières (BGR) à 340 Mt (millions de tonnes) fin 2020, soit 0,04 % des réserves mondiales. Elles représentent 425 ans de production au rythme de 2020 (0,8 Mt)[r 1] et sont restées inchangées depuis 2010[9]. Le Japon a également 10 Mt de réserves de lignite, qui ne sont pas exploitées[r 2].

La production de charbon du Japon en 2022 est estimée par l'Energy Institute à 0,7 Mt, soit 0,02 EJ (exajoules), en hausse de 3,3 % en 2022, mais en baisse de près de moitié par rapport à 2012[s 9].

La consommation de charbon du Japon s'est établie en 2022 à 4,92 EJ, en baisse de 0,3 % en 2022 mais en hausse de 0,8 % depuis 2012, au 4e rang mondial avec 3,0 % du total mondial, loin derrière la Chine (54,8 %), l'Inde (12,4 %) et les États-Unis (6,1 %)[s 10]. La production de charbon du pays couvre seulement 0,4 % de sa consommation[s 9]. Il a importé 4,82 EJ de charbon, se classant au 3e rang mondial des importateurs avec 14,8 % des importations mondiales, derrière la Chine (18 %) et l'Inde (15,4 %) ; sa part des importations mondiales est presque égale à celle de l'Europe entière : 15 %[s 3]. Ces importations ont baissé de 0,5 % en 2022 et de 4,7 % depuis 2012. Elles proviennent en 2022 pour l'essentiel d'Australie (3,21 EJ, soit 67 %), d'Indonésie (0,65 EJ, soit 13 %), de Russie (0,31 EJ, soit 6,4 %), des États-Unis (0,27 EJ, soit 5,6 %) et du Canada (0,26 EJ, soit 5,4 %)[s 9].

La production nationale de charbon a pris fin en 2002, mais le charbon reste une ressource largement utilisée, en particulier pour la production d'électricité : 27 % de la puissance installée des centrales électriques fonctionnait au charbon en 2010. Le Japon importe la totalité de ses besoins en charbon, principalement d'Australie ; en 2011, ces importations ont totalisé 176 Mt (187 Mt en 2010) ; le Japon a été pendant trois décennies le plus gros importateur mondial de charbon, mais en 2012 la Chine l'a dépassé. Plusieurs centrales à charbon ont été endommagées par le séisme du Tōhoku en mars 2011, si bien que l'utilisation n'a pas pu progresser entre 2011 et 2012, laissant la production d'électricité dépendre massivement du gaz naturel et du pétrole pour remplacer les centrales nucléaires arrêtées. Deux nouvelles centrales charbon, d'une capacité de 1,6 GW au total, sont entrées en fonction dans le nord du Japon au début 2013 ; 2 GW de la centrale de Haramachi ont été remises en service en 2013 après réparation des dommages causés par le séisme. Le gouvernement encourage les compagnies électriques à construire des centrales charbon supplémentaires en réduisant les contraintes réglementaires environnementales. Au 2e et 3e trimestres 2013, la consommation de charbon s'est accrue de 20 % ; cela permet de moins utiliser les centrales au pétrole, les plus coûteuses[E 1].

Secteur pétrolier modifier

Le Japon dispose de très peu de ressources pétrolières sur son territoire qu'elle a commencé à exploiter en 1873 dans le champ pétrolifère de Sagara. Sa production en 1928 est de 270 000 tonnes[10]. En 1960, elle est de 450 000 litres[11].

Les réserves prouvées de pétrole du Canada étaient estimées par l'Agence fédérale allemande pour les sciences de la terre et les matières premières (BGR) à 6 Mt (millions de tonnes) fin 2020, soit 0,002 % des réserves mondiales. Elles représentaient 15 années de production au rythme de 2020[r 3]. Elles sont restées inchangées depuis 2010[9].

La production de pétrole du Japon en 2020 a été de 0,4 Mt[r 3].

En 2022, le Japon a consommé 6,61 EJ (exajoules) de pétrole, soit 3,34 Mb/j (millions de barils par jour), en hausse de 0,1 % en 2022, mais en recul de 29,5 % depuis 2012. Il représente 3,5 % de la consommation mondiale, au 6e rang mondial derrière les États-Unis (19 %), la Chine (15 %), l'Inde (5,3 %), l'Arabie saoudite (3,7 %) et la Russie (3,7 %)[s 11]. Il a importé 3,46 Mb/j de pétrole brut et produits pétroliers, en hausse de 3,4 % en 2022, mais en recul de 27 % depuis 2012, soit 171 Mt, dont 132,5 Mt de pétrole brut et 38,5 Mt de produits pétroliers ; il a exporté 16,9 Mt de produits pétroliers. Il se classe au 4e rang mondial des importateurs de brut avec 5,0 % du total mondial, derrière la Chine (17,7 %), les États-Unis (12,1 %) et l'Inde (8,4 %). Ses importations de brut proviennent à 94 % du Moyen-orient (Arabie saoudite : 40 %, Émirats arabes unis : 37 %, Koweït : 8 %, etc) et à 1,4 % de Russie[s 1].

Le Japon était en 2012 le 3e importateur net mondial de pétrole après les États-Unis et la Chine, avec en moyenne 4,6 millions de barils par jour ; après l'accident de Fukushima, le Japon a accru ses importations de brut pour combustion directe dans ses centrales électriques ; le pays dépend surtout du Moyen-Orient pour ces importations (83 % en 2012, contre 70 % vers 1985), mais essaie de les diversifier (Russie ; Afrique : Gabon et Angola ; sud-est asiatique : Vietnam, Indonésie, Malaisie)[E 2].

Le Japon maintient des stocks stratégiques importants pour se prémunir contre une interruption de l'approvisionnement en pétrole. Fin , 54 % de ces stocks sont détenus par le gouvernement, 46 % sont des stocks commerciaux.

En 2010, la consommation journalière de pétrole atteint 4,4 millions de barils par jour. Le Japon est ainsi le troisième pays plus gros consommateur de pétrole derrière les États-Unis et la Chine. Cette consommation est néanmoins en baisse depuis 2005. Cette baisse peut être expliquée par différents facteurs : une substitution des carburants, une population vieillissante, des objectifs d'efficacité énergétique mandatés par le gouvernement. De plus, le secteur industriel remplace petit à petit le pétrole par le gaz naturel. Enfin, les prix élevés ont réduit la demande des dérivés du pétrole pour le chauffage domestique.

En 2006, puis en 2012, le gouvernement japonais a annoncé une nouvelle stratégie énergétique. Le gouvernement souhaite réduire la part du pétrole dans sa consommation énergétique globale, ainsi que la part du pétrole dans le secteur des transports.

Secteur gazier modifier

Les réserves prouvées de gaz naturel du Japon étaient estimées par l'Agence fédérale allemande pour les sciences de la terre et les matières premières (BGR) à 21 Gm3 (milliards de m3) fin 2020, soit 0,01 % des réserves mondiales ; elles représentent 9 années de production au rythme de 2020 : 2,4 Gm3[r 4]. Elles ont baissé de 43 % depuis 2010[9].

Selon le journal Oil and Gas International (OGI), le Japon avait 20,9 Gm3 de réserves prouvées de gaz naturel en janvier 2013. Ces réserves prouvées ont diminué de près de moitié depuis 2007, où elles étaient estimées à 40 Gm3. La plupart des champs de gaz naturel sont situés le long de la côte ouest. La production a été de 116 milliards de pieds cubes en 2012, en baisse par rapport à la moyenne de 185 milliards de pieds cubes des dix dernières années ; le principal champ gazier du Japon est celui de Minami-Nagaoka sur la côte ouest de Honshu, qui assure 40 % de la production nationale de gaz[E 3].

Des hydrates de méthane ont été découverts au large de la côte est ; en , JOGMEC a conduit les premiers tests réussis d'extraction d'hydrates de méthane offshore et a confirmé les estimations de réserves de 40 Tcf (1012 pieds cubes) dans le bassin de Nankai sur la côte sud-est du pays ; le démarrage de la production est prévu pour 2018, bien que le coût élevé de tels projets puisse repousser cette perspective[E 4]. De nombreux experts dénoncent les dangers de tels projets pour l'environnement.

En 2022, le Japon a consommé 100,5 Gm3 de gaz naturel, soit 3,62 EJ (exajoules), en recul de 3 % en 2022 et de 19 % depuis le pic atteint en 2014 à 4,49 EJ, après une progression de 35 % de 2009 à 2014. Il se classe au 7e rang mondial avec 2,5 % de la consommation mondiale[s 12]. Les importations de gaz naturel du Japon en 2022 sous forme de GNL ont atteint 98,3 Gm3, au 1er rang mondial avec 18,1 % des importations mondiales de GNL, devant la Chine (17,2 %) et la Corée du sud (11,8 %), provenant surtout de l'Australie (43 %), de Malaisie (17 %), de Russie (9 %), des États-Unis (6 %), de Papouasie-Nouvelle Guinée (5 %), de Brunei (4 %), du Qatar (4 %), etc[s 2]. Après prise en compte des importations par gazoduc, le Japon se classe au 3e rang mondial en 2022 avec 7,8 % des importations mondiales, derrière l'Union européenne (34 %) et la Chine (12 %)[s 13].

Les importations de gaz naturel liquéfié (GNL, ou LNG en anglais) au Japon représentaient 37 % du marché mondial du GNL en 2012 (33 % en 2011) ; le japon a commencé à importer du GNL d'Alaska en 1969, devenant ainsi un pionnier de ce marché ; le gouvernement a encouragé la consommation de gaz naturel pour des raisons environnementales ; lors de l'arrêt du nucléaire en 2011-2012, le gaz naturel a été choisi comme source préférentielle de substitution ; en 2012, le Japon a consommé environ 4,4 Tcf de gaz naturel, soit 50 % de plus qu'en 2000 ; plus de 95 % de cette demande est couverte par l'importation de GNL ; le séisme de a entrainé une hausse de 24 % de ces importations entre 2010 et 2012, de 3,5 Tcf/an à 4,3 Tcf/an ; le secteur de la production d'électricité est le principal consommateur de gaz (64 %), suivi par l'industrie (21 %), le secteur résidentiel (9 %) et le secteur commercial (4 %) ; l'arrêt du nucléaire a fait monter la part de la production d'électricité de 57 % en 2010 à 64 % en 2012, sa consommation de gaz ayant augmenté de 33 % en 2 ans[E 4].

Le Japon dispose de 30 terminaux d'importation de GNL dont la capacité totale est de 8,6 Tcf/an, largement supérieure à la demande, mais les importations de GNL sont contraintes par des limites de capacité d'accostage, de taille des méthaniers, et d'autres limites dues aux infrastructures ; le Japon a aussi la plus grande capacité de stockage de regazéification : 565 MMcf, qui sert de stock-tampon pendant les saisons de forte demande ; cinq terminaux supplémentaires sont en construction ; ils ajouteront 350 Bcf/an de capacité d'ici 2016[E 5].

La forte progression de la demande pour l'électricité ainsi que la situation plus tendue sur le marché mondial ont conduit à une augmentation importante des prix à l'importation de gaz, de 9 $/MMBtu avant la crise à plus de 16 $/MMBtu en 2012 ; le METI incite les entreprises électriques à négocier des contrats supprimant la référence au prix du pétrole ; après Fukushima, la part des achats de GNL sur les marchés à court terme a augmenté jusqu'à 27 % du total des importations de GNL[E 5].

Les sources des importations japonaises de GNL sont assez diversifiées ; des compagnies japonaises ont pris des parts dans le capital de projets de liquéfaction de gaz en Australie ; des projets d'approvisionnements supplémentaires sont à l'étude, à partir de la Nouvelle-Guinée et surtout des États-Unis : un accord préliminaire a été signé par Chubu Electric et Osaka Gas pour importer 100 Bcf/an chacun sur 20 ans depuis le terminal GNL de Freeport dans le Golfe du Mexique à partir de 2017 ; Sumitomo a signé un accord pour importer 110 Bcf/an sur 20 ans depuis le terminal GNL de Cove Point sur la côte est ; en , Mitsubishi and Mitsui ont acquis une part de 33 % dans le projet Cameron LNG sur le Golfe du Mexique, qui devrait leur fournir 384 Bcf/an à partir de 2017[E 6].

Un consortium dirigé par Kawasaki Heavy Industries lance en 2018 un projet de 100 millions de dollars australiens d'importation d'hydrogène liquéfié depuis l'Australie ; le gouvernement australien fournira 100 millions de dollars australiens d'assistance financière à ce projet ; cet hydrogène sera utilisé dans les piles à combustible des voitures à hydrogène ainsi que pour la production d'électricité, permettant de réduire les émissions de gaz à effet de serre au Japon ; mais l'Australie produira cet hydrogène par gazéification de lignite, le combustible le plus émetteur de CO2. Les livraisons d'hydrogène pourraient débuter vers 2020, et le consortium vise la phase de commercialisation en 2030[12].

Dépendance énergétique modifier

Le Japon est très dépendant envers ses importations énergétiques : 94 % de son approvisionnement en énergie est importé en 2022 ; l'arrêt des centrales nucléaires après Fukushima a nettement aggravé cette dépendance (96 % en 2012 contre 82 % en 2010) : la part des combustibles fossiles, presque entièrement importés, dans la consommation intérieure d'énergie primaire est passée de 80,9 % en 2010 à 94,2 % en 2012 avant de redescendre à 87,1 % en 2022[1].

La facture énergétique s'est tellement accrue que le pays, réputé jusque-là pour sa balance commerciale largement excédentaire, est devenu importateur net : l'exercice fiscal d' à s'est soldé par un déficit commercial de 42 milliards d'euros ; les importations du Japon ont augmenté de 11,6 % par rapport à celles de l'année précédente, à 69 692 milliards de yens (658 milliards d'euros), à cause d'un bond des achats de pétrole brut, produits pétroliers et gaz naturel liquéfié, carburants nécessaires pour faire turbiner les centrales thermiques et compenser l'absence d'électricité d'origine nucléaire[13]. En 2013, le déficit de la balance commerciale s'est accru de 83 % du fait de la politique de dépréciation du yen qui renchérit les importations d'énergie, atteignant 76 milliards d'euros, dépassant largement celui de la France[14].

Consommation intérieure d'énergie primaire modifier

Le Japon est un pays très densément peuplé : 126,05 millions d'habitants en 2021 sur 377 972 km 2, soit 333,5 hab/km2, moins qu'en Inde : 431,3 hab/km2 mais plus du double de la densité chinoise : 147,1 hab/km2. Son niveau de vie est élevé : son PIB par habitant était de 40 113 $ en 2019 (États-Unis : 69 288 $, France : 43 519 $)[15] ; il est donc gros consommateur d'énergie.

La consommation d'énergie primaire par habitant était, selon l'Energy Institute, de 143,9 GJ au Japon en 2022, supérieure de 90 % à la moyenne mondiale : 75,7 GJ, de 29 % à celle de la Chine : 111,8 GJ et de 11 % à celle de la France : 129,8 GJ, mais inférieure de 49 % à celle des États-Unis : 283,5 GJ[s 14]. Selon l'Agence internationale de l'énergie, dont les conventions sont différentes, elle était de 74,9 GJ en 2022 et de 76,05 GJ en 2021, supérieure de 70 % à la moyenne mondiale : 44,7 GJ et de 21 % à celle de la Chine : 63,1 GJ, mais inférieure de 8 % à celle de la France : 82,4 GJ et de 51 % à celle des États-Unis : 154,5 GJ[16].

Consommation intérieure brute d'énergie primaire au Japon par source (PJ)
Source 1990 % 2000 % 2010 % 2020 % 2022 % 2022 var.
2022/1990
Charbon 3 230 17,5 4 073 18,8 4 865 23,2 4 271 26,5 4 491 27,4 % +40 %
Pétrole 10 416 56,9 10 596 49,0 8 423 40,2 6 209 38,5 6 339 38,7 % -39 %
Gaz naturel 1 847 10,1 2 748 12,7 3 596 17,2 3 858 23,9 3 455 21,1 % +87 %
Total fossiles 15 493 84,6 17 417 80,6 16 883 80,6 14 338 88,9 14 285 87,1 % -8 %
Nucléaire 2 207 12,1 3 513 16,3 3 144 15,0 423 2,6 612 3,7 % -72 %
Hydraulique 316 1,7 303 1,4 302 1,4 284 1,8 303 1,8 % -4 %
Biomasse-déchets 177 1,0 211 1,0 468 2,2 642 4,0 715 4,4 % +304 %
Solaire, éolien, géoth. 117 0,6 165 0,8 144 0,7 437 2,7 485 3,0 % +315 %
Total EnR 610 3,3 679 3,1 913 4,4 1 363 8,5 1 503 9,2 % +146 %
Total 18 310 100 21 610 100 20 941 100 16 124 100 16 400 100 % -10 %
Source des données : Agence internationale de l'énergie[1]

L'effondrement du nucléaire (-3 041 PJ) entre 2010 et 2015 a été compensé surtout par une forte baisse de la consommation : -2 787 PJ ; la progression des énergies renouvelables : +186 PJ n'a pas empêché la consommation de combustibles fossiles de progresser de 70 PJ. La baisse de 13,3 % de la consommation totale s'explique en partie par un effet température : 2010 avait été marqué par un été très chaud qui avait causé une forte augmentation de la climatisation ; la baisse de 1,1 % de la population y a aussi contribué ; mais le facteur principal de cette chute est la destruction de nombreuses usines par le tsunami de 2011, qui a causé une importante délocalisation. De 2015 à 2022, la consommation a encore reculé de 9,4 %[1].

Consommation finale d'énergie modifier

La consommation finale d'énergie au Japon (après raffinage, transformation en électricité ou en chaleur de réseau, transport, etc) a évolué comme suit :

Consommation finale d'énergie au Japon par source (PJ)
Source 1990 % 2000 % 2010 % 2020 % 2021 % 2021 var.
2021/1990
Charbon 1 134 9,3 875 6,2 957 7,3 787 7,1 843 7,5 % -26 %
Produits pétroliers 7 576 62,1 8 607 61,2 6 958 53,0 5 551 50,3 5 514 49,3 % -27 %
Gaz naturel 570 4,7 893 6,3 1 213 9,2 1 128 10,2 1 182 10,6 % +107 %
Total fossiles 9 280 76,1 10 374 73,7 9 128 69,5 7 467 67,6 7 539 67,4 % -18 %
EnR thermiques 54 0,4 43 0,3 22 0,2 12 0,1 12 0,1 % -78 %
Biomasse-déchets 103 0,8 129 0,9 235 1,8 250 2,3 261 2,3 % +154 %
Électricité 2 753 22,6 3 502 24,9 3 727 28,4 3 289 29,8 3 355 30,0 % +22 %
Chaleur 8 0,1 23 0,2 24 0,2 21 0,2 21 0,2 % +154 %
Total 12 198 100 14 071 100 13 137 100 11 039 100 11 189 100 % -8 %
Source des données : Agence internationale de l'énergie[1]

La répartition par secteur de la consommation finale d'énergie a évolué comme suit :

Consommation finale d'énergie au Japon par secteur (PJ)
Filière 1990 % 2000 % 2010 % 2020 % 2021 % 2021 var.
2021/1990
Industrie 4 516 37,0 4 329 30,8 3 831 29,2 3 185 28,9 3 346 29,9 % -26 %
Transport 3 010 24,7 3 726 26,5 3 292 25,1 2 624 23,8 2 649 23,7 % -12 %
Résidentiel 1 593 13,1 2 040 14,5 2 094 15,9 1 844 16,7 1 722 15,4 % +9 %
Tertiaire 1 404 11,5 2 193 15,6 2 199 16,7 1 925 17,4 1 983 17,7 % +40 %
Agriculture 159 1,3 174 1,2 148 1,1 119 1,1 127 1,1 % -11 %
Pêche 115 0,9 83 0,6 72 0,5 78 0,7 74 0,7 % -36 %
Non spécifié 1 23 0,2 31 0,2 18 0,2 17 0,2 % ns
Usages non énerg.* 1 399 11,5 1 502 10,7 1 469 11,2 1 246 11,3 1 271 11,4 % -6 %
Total 12 198 100 14 071 100 13 137 100 11 039 100 11 189 100 % -8 %
Source des données : Agence internationale de l'énergie[1].
* Usages non énergétiques (chimie)

Secteur électrique modifier

Politique énergétique modifier

Après la catastrophe de Fukushima, la question du mix énergétique japonais se pose de manière encore plus pressante. Les programmes de développement des énergies renouvelables sont largement relancés.

Un article du Yomiuri shinbun estime que la géothermie pourrait y prendre une place importante[17]. La production géothermique en s'élevait à 539 mégawatts, le potentiel géothermique du Japon pouvant atteindre selon une étude américaine, 23 000 mégawatts[18].

Le Japon s'apprêtait au printemps 2014 à publier sa nouvelle politique énergétique ; d'après les médias nippons, le gouvernement souhaite atteindre en 2030 une part de 44 % d'électricité décarbonée, dont 20 à 22 % pour le nucléaire (alors qu'en 2010, un an avant Fukushima, la part du nucléaire était prévue à 50 % en 2030) et 22 à 24 % pour les renouvelables, contre un peu plus de 10 % en 2014. Une quinzaine de tranches nucléaires devraient redémarrer rapidement, dont douze ont déjà été mises aux nouvelles normes de sûreté, et la durée de vie officielle des centrales nucléaires sera prolongée au-delà de 40 ans, sans quoi la part du nucléaire serait limitée à 15 % en 2030. Le Japon promettrait, au G7 de , de réduire ses émissions de gaz à effet de serre de 26 % en 2030, mais sur la base des émissions de 2013, année où tous les réacteurs nucléaires étaient à l'arrêt[19].

Le gouvernement japonais a pour objectif d'augmenter de 20 % la part d'électricité provenant des énergies renouvelables d'ici 2024, dont celui d'installer 1 GW de panneaux solaires. Le comité Committee for the Expansion of the Use of Renewable Energy in Tokyo a prévu de créer en un fonds Public-private Renewable Energy Fund pour encourager les projets hors de Tokyo[20].

Le gouvernement japonais va introduire dans le budget 2015 du Ministère de l'Économie, du Commerce et de l'Industrie (METI)une aide au stockage d'un montant de 81 milliards de yens (614 millions d'euros) afin de faciliter l'intégration de l'énergie solaire dans le réseau[21].

Le gouvernement japonais maintient en 2018 son objectif de 20 % à 22 % d’énergie nucléaire dans la production d’électricité d’ici 2030 ; le ministère de l'Économie et de l'Industrie (METI) a ainsi laissé la porte ouverte pour une exploitation des réacteurs jusqu’à 60 ans et pour la construction de nouvelles unités ; une trentaine de réacteurs serait nécessaire pour produire un quart de l’électricité du pays. Le Japon s’est fixé comme objectifs de réduction des émissions de CO2 : -26 % en 2030 (par rapport à 2013) et - 80 % d'ici 2050. Les énergies renouvelables devraient représenter 22-24 % de la production d’électricité en 2030 ; pour y parvenir, le gouvernement souhaite améliorer leur compétitivité : en 2018, l'électricité solaire coûte 24 yens (22 cents) par kWh, soit 2,5 fois plus qu'en Allemagne. Le gouvernement estime que le charbon et le gaz pourraient fournir 56 % de l’électricité en 2030, contre 83 % en 2016 et 65 % en 2010[22].

Le « Basic Energy Plan » adopté le par le Cabinet du Premier ministre prévoit pour 2030 des parts de la production d'électricité de 20 à 22 % pour le nucléaire, 22 à 24 % pour les énergies renouvelables (dont 9 % d'hydroélectricité et 7 % de solaire) et 56 % pour les énergies fossiles (dont 27 % de gaz naturel et 26 % de charbon).

Le gouvernement annonce en avril 2021 son intention de réduire de 46 % par rapport à 2013 ses émissions de CO2 d'ici à 2030. Pour atteindre cet objectif, il sera nécessaire, selon ses calculs, de produire de l'électricité dans au moins 25 réacteurs nucléaires alors que seulement dix sont en fonctionnement en 2021 sur les 33 que les compagnies électriques espèrent exploiter. Selon le président du lobby patronal Keizai Doyukai, Kengo Sakurada, « Le pays va certes promouvoir les énergies renouvelables, mais nous souffrons de contraintes fortes, et cela ne suffira donc pas »[23].

Un rapport préliminaire publié le 21 juillet 2021 par une agence rattachée au Ministère de l'Économie, du Commerce et de l'Industrie (Meti) préconise de relever l'objectif de part des énergies renouvelables dans la production d'électricité à 36 ou 38 % d'ici à 2030, contre un objectif actuel de 22-24 % (part 2019 : 18 %). L'objectif 2030 concernant la part du nucléaire resterait inchangé à 20-22 %, contre 6,2 % en 2019. La part du charbon reculerait à 19 % contre 32 % et celle du gaz naturel à 20 % contre 37 %. Ces nouveaux objectifs résultent des décisions annoncées en 2020 (objectif de neutralité carbone à horizon 2050) et début 2021 : objectif 2030 de réduction des émissions de CO2 relevé à 46 % par rapport à leurs niveaux de 2013, contre un objectif précédent de 26 %[24].

Production d'électricité modifier

En 2022, selon les estimations de l'Energy Institute, le Japon a produit 1 033,6 TWh d'électricité, au 5e rang mondial avec 3,5 % de la production mondiale, derrière la Chine (30,4 %), les États-Unis (15,6 %), l'Inde (6,4 %) et la Russie (4,0 %)[s 4]. Cette production se répartissait en 64,8 % de combustibles fossiles (gaz naturel : 30,9 %, charbon : 29,9 %, pétrole : 3,9 %), 5,0 % de nucléaire, 22 % d'énergies renouvelables (hydroélectricité 7,2 %, autres 14,7 %) et 8,3 % d'autres sources (déchets non renouvelables, pompage-turbinage, etc)[s 5].

Après Fukushima, la demande d'électricité a diminué de 13,5 % en 12 ans et le secteur électrique a compensé l'arrêt du nucléaire par une augmentation massive de sa production à base de combustibles fossiles : +34 % de 2010 à 2012, dont +3,3 % pour le charbon, +96,4 % pour le fioul et +30,5 % pour le gaz. Dans une première phase en 2011, les centrales au charbon étant déjà presque saturées, le pays a dû recourir aux vieilles centrales au fioul ou au pétrole brut (+66 % en 2011), peu utilisées habituellement à cause de leur coût marginal élevé[7].

Le développement des énergies renouvelables et, après 2014, la reprise timide du nucléaire, ont permis de réduire la dépendance du Japon aux combustibles fossiles traditionnels.

Centrales thermiques fossiles modifier

En 2011, ont produit 74 % de la production nationale d'électricité. En 2012 après l'arrêt des centrales nucléaires, cette part monte à 89 %. Le taux d'utilisation des centrales thermiques à flamme était donc assez bas jusqu'en 2010 et le Japon, avec son parc thermique fossile de 65 grandes centrales, avait finalement assez de marge pour remplacer le nucléaire. Les centrales anciennes au pétrole ne sont utilisées qu'en pointe à cause de leur coût ; certaines centrales ont des possibilités duales (charbon/fioul ou gaz/fioul), apportant une précieuse flexibilité d'approvisionnement[E 1].

Pourtant, des constructions de nouvelles centrales sont entreprises immédiatement pour suppléer à l'arrêt du nucléaire. En 2016-2017, le Japon a inauguré huit nouvelles centrales au charbon et 36 autres sont en projet pour les dix prochaines années[25].

Centrales nucléaires modifier

Production d'électricité nucléaire modifier

Avant la catastrophe de Fukushima, le Japon produisait 30 % de son électricité à partir de 54 réacteurs nucléaires, positionnant le pays au 3e rang mondial pour la production nucléaire[7] et envisageait d'augmenter cette proportion à 50 %. Mais l'accident bouleverse la perception de l'énergie nucléaire et, deux mois après le tsunami, le gouvernement annonce orienter « des efforts pour promouvoir les énergies renouvelables »[26]. Le , le gouvernement japonais décide de sortir du nucléaire dans le courant des années 2030 dans le cadre d'une nouvelle stratégie en matière de production énergétique[27],[28]. La politique envisagée est de ne plus construire de nouveaux réacteurs, et de ne pas prolonger ceux existants au-delà de 40 ans, ce qui correspond à l'arrêt des derniers réacteurs vers 2045[29]. En , tous les réacteurs nucléaires nippons sont arrêtés.

Les élections législatives de 2012, qui voient la victoire du Parti libéral-démocrate, marquent une rupture dans la politique énergétique post-Fukushima. Face aux coûts et à la pollution entraînés par l'achat de combustibles fossiles, le nouveau premier ministre, Shinzō Abe, a affirme alors son intention de faire redémarrer le parc nucléaire dans les meilleurs délais. Il conditionne ce démarrage à l'approbation de la NRA, institution indépendante créée après Fukushima, qui édicte les nouvelles normes de sécurité[30]. Le , le Conseil des ministres japonais adopte le plan énergétique du pays qui reconnait le nucléaire comme « une ressource de base importante » et met fin officiellement au projet « zéro nucléaire » du précédent gouvernement ; les réacteurs seront remis en marche dès qu'ils auront été jugés sûrs par l'autorité de régulation du secteur[31].

En , le chargement du combustible est achevé à la centrale nucléaire de Sendai 1. Il redémarre le et est suivi par l'unité 2 le . L'Autorité de réglementation nucléaire japonaise approuve le redémarrage d'Ikata 3 qui a lieu le , ce réacteur est le cinquième à recevoir l'autorisation de redémarrer. La tranche 4 de la centrale nucléaire de Takahama redémarre en et la tranche 3 en [32]. En , la Kansai Electric Power redémarre les unités 3 et 4 de la centrale de Takahama.

Le , sur 33 réacteurs théoriquement opérables, 17 ont obtenu le feu vert de l'autorité de régulation nucléaire (NRA) mais seuls 10 ont effectivement relancé leur activité, du fait de la résistance des collectivités locales. Le gouvernement espère redémarrer les 7 autres réacteurs ayant eu le feu vert de la NRA d'ici à l'été 2023. Il envisage aussi de prolonger la durée de vie des centrales existantes[33].

Industrie nucléaire modifier

L'industrie nucléaire japonaise a une vocation uniquement civile. Autrefois priorité nationale, elle ne peut envisager son avenir, depuis Fukushima, que par sa participation aux projets internationaux. En 2019, le Ministère de l'Économie, du Commerce et de l'Industrie (METI) met en place le programme Nexip (Nuclear Energy x Innovation Promotion) visant à la mise au point de technologies innovantes : SMR et génération IV (RNR, HTR, MSR, etc.). Le plan d’action gouvernemental publié fin 2020, fixant l’objectif de neutralité carbone en 2050, souligne l’importance de développer les coopérations internationales, y compris sur les SMR, de poursuivre les recherches en faveur de la fermeture du cycle du combustible avec le développement de la filière des RNR, ou encore de produire de l’hydrogène bas carbone à partir de réacteurs à haute température[34].

Un handicap majeur de l'énergie nucléaire japonaise est l'incapacité du pays à mettre en œuvre une filière de traitement du combustible nucléaire usé. En effet, plus de 30 ans après le début de sa construction, l'usine nucléaire de Rokkasho n'est toujours pas opérationnelle. En , le 26e report de la date de mise en route est annoncé. Il fixe, cette fois-ci, au premier semestre 2024 la mise en service de l'usine[35]. La géologie du pays ne se prête guère au stockage des déchets radioactifs en couche géologique profonde. En 2018, les électriciens japonais possèdent un total de 47 tonnes de plutonium, dont 10 tonnes dans leurs centrales et 37 tonnes dans les centres de retraitement de La Hague en France et de Sellafield au Royaume-Uni.

Centrales hydroélectriques modifier

Autres énergies renouvelables modifier

Biomasse modifier

La biomasse est la 3e énergie renouvelable électrogène au Japon, après l'hydroélectricité et le solaire ; elle a fourni 33,65 TWh en 2022, soit 3,3 % de la production totale d'électricité ; cette production a connu une progression de 20 % de 1990 à 2010, puis de 250 % de 2010 à 2022 ; le Japon est en 2021 au 7e rang mondial avec 5,2 % du total mondial (le no 1, la Chine, produit 26,4 % du total mondial)[7]. Au sens large (avec les déchets), la biomasse est dominée par sa composante solide (bois) : 33,65 TWh ; 3,9 TWh sont produits à partir des déchets municipaux, 16,7 TWh à partir des déchets industriels[36].

Le ministère de l'Écologie prévoit d'augmenter la contribution de la biomasse de 4,6 Mtep en 2005 à 8,6 Mtep en 2020, 9 Mtep en 2030 et 10 Mtep en 2050 ; l'utilisation massive de granulés de bois est le principal moyen d'y parvenir : 13,2 Mt de ces granulés devraient être consommés en 2020 et 16,4 Mt en 2050 ; le gouvernement a mis en place en 2012 un système de tarif d'achat EnR, valable également pour les centrales en co-combustion, qui remplace le système "RPS" qui obligeait les compagnies électriques à utiliser les EnR. Sumitomo Forestry a annoncé en son intention de construire pour 2016 la plus grande centrale électrique biomasse du Japon (50 MW) qui alimentera la ville de Hokkaido, et le raffineur pétrolier Showa Shell a annoncé pour fin 2015 une centrale biomasse de 49 MW au sud de Tokyo[37].

La filière biomasse repose en majeure partie sur la valorisation des résidus de l'industrie du bois, très développée dans ce pays couvert à près de 70 % par les forêts, dont 40 % exploitées industriellement ; en a été mise en service la centrale de Kawasaki, dans la région de Kantō, la plus grande centrale 100 % biomasse du pays : 33 MWe, qui consomme 180 000 plaquettes de bois par an[38].

Les villes génèrent de grandes quantités de déchets valorisables dans les 1900 centres d'incinération dont 190 produisent de l'électricité, avec 1 500 MW de puissance électrique ; par contre, le Japon ne dispose pas de surface disponible pour des cultures destinées à la production de biocarburants ; le Japon compte 61 centrales électriques alimentées par de la biomasse (hors déchets urbains), 10 usines de production de biogaz et 14 centrales bi-combustible charbon-biomasse. La Japan Forestry Agency projette d'utiliser les débris laissés par le tsunami dans la région de Tōhoku ; elle a demandé 300 millions de yens (3,7 millions de dollars) pour subventionner l'achat de machines de broyage par les collectivités locales. Environ 80 % des 25 millions de tonnes de débris seraient du bois[39].

Géothermie modifier
 
Carte des centrales géothermiques japonaises (juin 2012).
 
Centrale géothermique de Matsukawa dans la Préfecture d'Iwate (1998).

Le Japon, situé dans l'une des zones volcaniques les plus actives au monde, produit de l'électricité à partir de la géothermie ; en 2009, les 18 centrales géothermiques japonaises produisaient seulement 0,2 % de l'électricité du pays[40]. En 2012, cette part n'a pas varié ; le potentiel est encore peu exploité, mais le principal obstacle est l'existence de parcs nationaux protégés qui concentrent plus de 60 % des sources géothermiques du pays[37].

Le Japon se classe en 2021 au 10e rang mondial pour la production d'électricité géothermique avec 3,01 TWh, soit 3,1 % du total mondial, loin derrière le no 1 : les États-Unis (20 %)[7].

Les premières expérimentations de production d'électricité géothermique au Japon remontent à 1923, mais la production n'a vraiment démarré qu'après la Seconde guerre mondiale ; la puissance totale des centrales géothermiques atteignait 9,5 MW en 1966, 133 MW en 1989 (six centrales), et 535 MW en 2011 ; 7 des 18 centrales géothermiques du pays étaient situées dans la région d'Aso-Kuju, dans l'île méridionale de Kyūshū, avec une puissance de 140 MW, les autres sont dans la Région de Tōhoku (nord de Honshū), principalement dans les préfectures d'Akita et Iwate, ainsi que dans l'île méridionale de Kyūshū, dans les préfectures d'Oita et Kagoshima. Une étude du National Institute of Advanced Industrial Science and Technology en 2008 estime que le Japon se classe au 3e rang mondial pour les ressources géothermiques, derrière l'Indonésie et les États-Unis. Le potentiel est estimé à 23,5 GW, l'équivalent d'une vingtaine de réacteurs nucléaires[41].

Solaire modifier
Éolien modifier
Relance timide après Fukushima modifier
 
Ferme éolienne de Yokohama.

En , les 1 807 éoliennes du Japon représentaient une puissance installée totale de 2 440 MW. Le manque de sites favorables (vent régulier, proximité du réseau électrique, hors des zones urbanisées ou protégées) et la préférence des opérateurs électriques pour les centrales à combustibles fossiles ou nucléaires avaient freinés le développement de l'éolien au Japon[42].

L'abandon du nucléaire aurait pu doper la croissance du parc éolien, mais la mise en place un programme d'estimation des impacts environnementaux (EIA - Environment Impact Assessment) de l'éolien, afin de mieux réguler le secteur, freine le développement du parc[37]. En effet, le système d'évaluation des impacts environnementaux est extrêmement complexe : il requiert 4 à 5 années de procédures. Tous les projets de plus de 7,5 MW doivent solliciter le permis EIA et dépenser des millions avant de savoir, après plusieurs années, s'ils seront éligibles au tarif garanti[43].

Avec une puissance installée de 4,6 GW[s 15] et une production en 2022 de 8,2 TWh[s 8], le Japon se classe respectivement aux 24e[s 8] et 26e rang mondial[s 15]. Ce classement contraste avec celui de la production d'électricité, qui positionne le pays au 5e rang mondial[s 4]. En , on note la taille souvent modeste des parcs en fonctionnement, rarement supérieure à 30 MW ; par contre, les projets en mer ont des tailles de plusieurs centaines de mégawatts et dépassent parfois 1 000 MW[44].

Éolien en mer modifier
 
Champ d'éoliennes du port de Noshiro (Préfecture d'Akita).

Bien que disposant de longues côtes, le Japon a peu de fonds marins de faible profondeur, c'est-à-dire de moins de 50 m de profondeur. L'éolien en mer ne peut se développer qu'avec des éoliennes flottantes[45].

Bien que les premiers projets pilotes de l'éolien en mer japonais datent de 2003, en 2020, aucun projet d'envergure n'a été réalisé. Malgré un prix d'achat de l'électricité le plus élevé du monde, le Japon n'a installé jusqu'à fin 2019 que 65,6 MW, dont 5 turbines flottantes totalisant 19 MW. En , 14,8 GW de projets éoliens en mer ont engagé la procédure d'évaluation des impacts environnementaux ; la plupart sont sur la côte ouest. L'industrie a proposé au gouvernement un objectif 2030 de 10 GW[43]. La procédure d'évaluation des impacts a été aussi assouplie en faveur de l'éolien off-shore. En 2017, la réglementation sur les ports a été modifiée pour faciliter l'installation d'éoliennes dans les zones portuaires. En 2019, le gouvernement délimite 11 zones de promotion de l'éolien en mer[43]. Le gouvernement a aussi lancé en 2020 des études d'impact environnemental pour 36 projets d'éolien en mer qui représenteraient, s'ils étaient tous validés, une capacité totale de 15 GW[46].

Le Japon a installé 84 MW d'éolien en mer en 2022, portant sa puissance installée éolienne en mer à 136 MW[47].

Transport et distribution modifier

La distribution électrique au Japon est particulière car le pays est divisé, pour des raisons historiques, en deux zones fonctionnant chacune à sa fréquence de courant. L'est du Japon a des réseaux à 50 Hz tandis que l'ouest est à 60 Hz. Les limitations liées aux capacités de conversion d'un réseau à l'autre sont un des goulots d'étranglements des transferts d'électricité et elles génèrent des déséquilibres entre les réseaux[48],[49].

Les limitations de ces connections ont été un des principaux problèmes rencontrés pendant le séisme de 2011, où des black-outs ont été générés par la saturation des convertisseurs de fréquence[50], ainsi qu'à la suite de l'accident nucléaire de Fukushima[51]. Au début des années 2020, quelques projets sont en cours pour améliorer les transferts d'électricité entre les deux régions[49].

Consommation d'électricité modifier

La consommation d'électricité par habitant s'élève en 2022 à 8,0 MWh au Japon, soit 2,2 fois la moyenne mondiale : 3,6 MWh en 2021. Elle est supérieure de 16 % à celle de la France et de 14 % à celle de l'Allemagne, mais inférieure de 40 % à celle des États-Unis[52].

Transport : véhicules électriques modifier

Les constructeurs japonais sont à la pointe dans le développement des véhicules hybrides et de la voiture électrique :

  • Toyota est le pionnier des hybrides, dont il est le premier constructeur mondial (Prius, lancée en 1997, qui fut la première voiture Full Hybrid de grande diffusion, et Lexus ; il s’est vendu plus de cinq millions de véhicules hybrides Toyota et Lexus dans le monde[53]), et des hybrides rechargeables : Prius Plug In, dont la commercialisation en Europe a débuté en [54] ;
  • Mitsubishi a commencé très tôt la production de voitures électriques : Mitsubishi i MiEV, lancée au Japon en 2009 et en France en 2010 sous les marques Peugeot : Ion et Citroën : C-Zéro ;
  • Nissan est le numéro un mondial du véhicule électrique : l'Alliance Renault-Nissan a fêté sa 100 000e livraison de véhicules électriques au début de  ; elle affirme avoir investi 4 milliards d'euros dans cette technologie ; plus de 71.000 Leaf ont déjà été vendues à ce jour, ce qui en fait le modèle électrique le plus vendu au monde ; ses principaux marchés sont les États-Unis, avec environ 30 000 exemplaires, le Japon (28 000) et l’Europe (12 000) ; aux États-Unis, la Leaf figure parmi les dix véhicules les plus vendus à San Francisco, à Seattle et à Honolulu ; elle s’inscrit également parmi les dix meilleures ventes en Norvège[55] ;
  • Honda vend des voitures hybrides : Honda Insight lancée en 2009, Honda Civic, Honda CR-Z lancée en 2010, etc dont il a annoncé en 2012 avoir vendu plus d'un million d'exemplaires[56] ; Honda a un programme de futures modèles hybrides rechargeables ;
  • les quatre grands constructeurs japonais ont annoncé le un accord pour installer des points de recharge supplémentaires pour véhicules électriques et hybrides rechargeables au Japon : Toyota, Nissan, Honda et Mitsubishi jugent "crucial de développer rapidement des infrastructures pour promouvoir l'usage des véhicules utilisant l'électricité" ; le Japon a actuellement seulement quelque 1 700 bornes de recharge rapide (recharge quasi complète en moins de 30 minutes) et 3 000 bornes publiques normales (temps de charge allant jusqu'à huit heures). Le communiqué commun annonce le déploiement de 4 000 bornes rapides et de 8 000 bornes normales supplémentaires[57].
  • le gouvernement japonais espère que la part des modèles électriques et hybrides rechargeables atteindra 15 à 20 % des ventes de nouveaux véhicules dans l'archipel en 2020 ; afin de soutenir les efforts des constructeurs, il a budgété une subvention de 100 milliards de yens (770 millions d'euros) pour l'année fiscale 2013[57].

Impact environnemental modifier

Émissions de gaz à effet de serre modifier

En 2022, les émissions de gaz à effet de serre (GES) liées à l'énergie au Japon s'élevaient à 1 003 Mt CO2eq. En 2021, elles étaient de 1 012 Mt soit 2,7 % des émissions mondiales, loin derrière la Chine (30,3 %), les États-Unis (13,4 %), l'Union européenne (7,1 %), l'Inde (6,5 %) et la Russie (6,0 %)[g 1].

Évolution des émissions de gaz à effet de serre (GES) liées à l'énergie (Mt CO2eq)
1971 1990 2022 var.
2022/1971
var.
2022/1990
var.Monde
2021/1990
part en 2022
Émissions GES
liées à l'énergie
[g 1]
765 1 064 1 003 +31 % -5,7 % +60 %
Émissions GES
par combustion de combustibles fossiles
[g 2]
756,8 1 060,2 998,2 +32 % -5,8 % +62,6 % 100 %
dont charbon[g 3] 202,8 297,2 402,7 +99 % +35 % +81 % 40,3 %
dont pétrole[g 4] 545,4 650,8 364,0 -33 % -44 % +26 % 36,5 %
dont gaz naturel[g 5] 8,6 111,7 196,5 +2185 % +76 % +105 % 19,7 %
Source : Agence internationale de l'énergie

Les émissions du Japon n'avaient progressé que de 7,8 % en 20 ans, de 1990 à 2010, mais l'arrêt des centrales nucléaires après l'accident nucléaire de Fukushima a entrainé une forte hausse des émissions : +9,4 % en 3 ans[g 2], due au recours accru aux centrales à combustibles fossiles[20] ; les émissions ont cependant été réduites de 20,2 % entre 2013 et 2022[g 2].

Émissions de CO2 liées à la consommation d'énergie modifier

Selon l'Energy Institute, les émissions de CO2 liées à l'énergie au Japon ont atteint 1 065,7 Mt en 2022, en baisse de 0,1 % en 2022 et de 17,6 % depuis 2012. Elles se classent au 5e rang mondial (3,1 % des émissions mondiales) derrière la Chine (30,9 %), les États-Unis (14 %), l'Inde (7,6 %) et la Russie (4,2 %)[s 16].

Selon l'Agence internationale de l'énergie, le Japon est en 2021 le cinquième émetteur de dioxyde de carbone par combustion d'énergies fossiles : 998,1 MtCO2, soit 3,0 % des émissions mondiales, derrière la Chine (10 682,8 Mt, soit 31,8 %), les États-Unis (13,6 %), l'Inde (6,8 %) et la Russie (5,0 %)[g 6]. Ses émissions par habitant s'élèvent à 7,95 tonnes, supérieures de 87 % à la moyenne mondiale : 4,26 t et de 5 % à celle de la Chine : 7,54 t, mais inférieures de 42 % à celle des États-Unis : 13,76 t. En 2022, elles baissent à 7,91 t[g 7].

Évolution des émissions de CO2 par combustion
1971 1990 2022 var.
2022/1971
var.
2022/1990
var.UE27
2022/1990
Émissions/habitant[g 7] (t CO2) 7,15 8,51 7,91 +10,6 % -7 % -28,4 %
Émissions de CO2 dues à la combustion d'énergies fossiles par secteur de consommation*
Émissions 2021 part du secteur Émissions/habitant Émiss./hab. UE-27
Secteur Millions tonnes CO2 % tonnes CO2/hab. tonnes CO2/hab.
Secteur énergie hors élec. 40,8 4,1 % 0,32 0,37
Industrie et construction 355,7 35,6 % 2,83 1,50
Transport 192,0 19,2 % 1,53 1,74
dont transport routier 165,9 16,6 % 1,32 1,64
Résidentiel 177,7 17,8 % 1,42 1,21
Tertiaire 214,0 21,4 % 1,70 0,74
Total 998,1 100 % 7,95 5,76
Source : Agence internationale de l'énergie[g 8]
* après ré-allocation des émissions de la production d'électricité et de chaleur aux secteurs de consommation.

Les émissions de CO2 du Japon sont largement supérieures à celles de l'Union européenne dans l'industrie et le secteur tertiaire, mais inférieures dans le secteur des transports.

Risques d'accident nucléaire modifier

Le Japon est situé sur la ceinture de feu du Pacifique ; il est donc exposé à des risques sismiques parmi les plus élevés du monde ; ces risques ont été pris en compte dans la conception des centrales, comme en témoigne le fait que, lors du Séisme de 2011 du Tōhoku, le plus puissant jamais mesuré, les quatre centrales nucléaires situées dans la zone affectée par ce séisme se sont arrêtées automatiquement. Par contre, le risque de tsunami avait été largement sous-estimé, d'où l'Accident nucléaire de Fukushima, qui a été fortement aggravé par un système de contrôle et de gestion de crise défectueux, ainsi que par l'inexistence de dispositifs de protection qui existent dans les principaux pays équipés de centrales nucléaires.

Le , le gouvernement japonais a créé le Comité d'enquête sur l'accident des centrales nucléaires de Fukushima de la Tokyo Electric Power Company. Ce comité d’experts indépendant, présidé par un professeur à l'Université de Tokyo, Yotaro Hatamura, spécialiste en analyse des défaillances, a autorité pour interroger aussi bien les dirigeants de TEPCO que les membres du gouvernement ou des agences officielles[58],[59]. Un rapport d'étape a été publié le , qui critique tout à la fois le manque de préparation de TEPCO, les défaillances de l'Agence japonaise de sûreté nucléaire et les erreurs ou insuffisances du gouvernement Kan[60],[61].

Suivant la publication de ce rapport d'étape, le parlement japonais a décidé à son tour la mise sur pied d'une commission d'enquête parlementaire, dirigée par le Dr. Kiyoshi Kurokawa, médecin et universitaire spécialiste en santé publique[62]. Le rapport de cette commission indépendante d’experts a été publié le [63]. Point final d'une enquête durant laquelle plus de 1100 personnes ont été auditionnées, neuf sites nucléaires visités, 800 000 personnes ont assisté en direct à la retransmission de toutes les réunions de la commission (à l’exception de la première)[64]. Bien que déclenché par ces événements cataclysmiques, l’accident qui s’est ensuivi à la centrale nucléaire de Fukushima Daiichi ne peut pas être regardé comme un désastre naturel. Ce fut un désastre profondément causé par l’homme – qui aurait pu et aurait dû être prévu et prévenu. Et ses effets auraient pu être atténués par une réponse humaine plus efficace.[65]. Un rapport qui pointe sévèrement la gestion de la crise par l'opérateur TEPCO, mais également du gouvernement japonais. Selon ce rapport la catastrophe de Fukushima serait d'origine humaine.

Inaugurée le , en remplacement des organismes chargés de la sureté nucléaire à l'époque de la catastrophe, l'Agence de sûreté nucléaire et industrielle (NISA) et la Commission de sûreté nucléaire (NSC), critiquées pour leur gestion défaillante de l'accident nucléaire, une nouvelle instance de régulation du nucléaire, la Nuclear Regulatory Authority (NRA) est chargée de mettre en place de nouvelles règles de sûreté des centrales nucléaires japonaises. Placée sous la tutelle du ministère de l'environnement, la NRA bénéficie d'un statut similaire à celui de la Commission de la concurrence, censé garantir son indépendance[66].

Notes et références modifier

  1. a b et c tab.GHG Energy
  2. a b et c tab.GHG-FC
  3. tab.GHG FC-Coal
  4. tab.GHG FC-Oil
  5. tab.GHG FC-Gas
  6. tab.SECTOR
  7. a et b tab.CO2-POP
  8. tab.SECTOREH
  • (de) Agence fédérale pour les sciences de la terre et les matières premières, BGR Energiestudie 2021 - Daten und Entwicklungen der deutschen und globalen Energieversorgung [« Données et évolutions de l'approvisionnement allemand et mondial »], , 175 p. (lire en ligne [PDF])
  1. p. 101
  2. p. 116
  3. a et b p. 69
  4. p. 86
  1. a et b p. 27-28
  2. a et b p. 36-37
  3. a et b p. 41
  4. a b et c p. 52
  5. a b c et d p. 53
  6. p. 43
  7. a et b p. 44
  8. a b et c p. 47
  9. a b et c p. 39-40
  10. p. 42
  11. p. 20-21
  12. p. 32-33
  13. p. 38
  14. p. 11
  15. a et b p. 49
  16. p. 12
  1. a et b p. 16
  2. p. 7
  3. p. 8
  4. a et b p. 9
  5. a et b p. 10
  6. p. 11
  • Autres
  1. a b c d e f g et h (en) Energy Statistics Data Browser - Japan : Balances 2022, Agence internationale de l'énergie, 21 décembre 2023.
  2. a et b Indicateurs du développement dans le monde - Japon : population, Banque mondiale.
  3. (en) World Statistics - In Operation & Suspended Operation, Agence internationale de l'énergie atomique-Power Reactor Information System, consulté le 16 août 2023.
  4. (en) World Statistics - Nuclear Share of Electricity Generation in 2022, Agence internationale de l'énergie atomique-Power Reactor Information System, consulté le 16 août 2023.
  5. (en) 2023 World Hydropower Outlook (pages 69-70), Association internationale de l'hydroélectricité (IHA), juin 2023.
  6. a et b (en) Snapshot of Global PV Markets 2023 [PDF], Agence internationale de l'énergie-Photovoltaic Power Systems Programme (PVPS), avril 2023, pages 8 et 14.
  7. a b c d e et f (en) Energy Statistics Data Browser : Japan Electricity 2022, Agence internationale de l'énergie, 21 décembre 2023.
  8. Le mix énergétique du Japon, situation actuelle et perspectives, SFEN, 12 mars 2019.
  9. a b et c (de) Kurzstudie Reserven, Ressourcen und Verfügbarkeit von Energierohstoffen 2011 (pages 40, 50, 59), Agence fédérale pour les sciences de la terre et les matières premières (BGR), 8 décembre 2011.
  10. Jules Sion, « Le pétrole au Japon et la Mantchourie », Annales de Géographie, vol. 38, no 215,‎ , p. 521 (lire en ligne).
  11. « Un archipel pauvre en ressources naturelles s’est donné une puissante industrie », sur Le Monde diplomatique, (consulté le ).
  12. (en) Consortium to import Australian hydrogen to Japan, Japan Times, 12 avril 2018.
  13. Le commerce extérieur japonais plombé par Fukushima, site de L'Express consulté le 18 février 2014.
  14. La BoJ a fait fondre l'excédent courant japonais d'un tiers en 2013, site de La Tribune consulté le 18 février 2014.
  15. Japon, populationdata.net, 29 septembre 2021
  16. (en) Energy Statistics Data Browser - Total energy supply (TES) per capita : Japan, Agence internationale de l'énergie, 21 décembre 2023.
  17. Research for geothermal projects to start in natl parks
  18. Japan squanders Fukushima moment: Suzukis
  19. Le Japon veut au moins 20 % d’électricité d’origine nucléaire, Les Échos du 26 avril 2015.
  20. a et b En bref : Définition d'objectifs pour l'introduction des énergies renouvelables à Tokyo - Record d'émissions de gaz à effet de serres en 2013, Bulletins électroniques du Ministère des Affaires étrangères, 12 décembre 2014.
  21. Systèmes de stockage - Le Japon promet une aide de 614 millions d’euros, Observ'ER,
  22. Le Japon maintient un objectif de 20 – 22 % de nucléaire en 2030, SFEN, 22 mai 2018.
  23. Nucléaire : pour la première fois depuis Fukushima, le Japon rallume un réacteur de plus de 40 ans, Les Échos, 23 juin 2021.
  24. « Le Japon va sensiblement relever sa cible d'énergies vertes pour 2030 », sur LEFIGARO (consulté le )
  25. (en) « One developed country is moving back to coal », (consulté le )
  26. « Nucléaire: Le Japon va davantage se tourner vers les énergies renouvelables », sur 20minutes.fr, (consulté le ).
  27. http://www.romandie.com/news/n/_ALERTE___Le_Japon_annonce_l_arret_progressif_de_sa_production_nucleaire64140920121004.asp « ALERTE - Le Japon annonce l'arrêt progressif de sa production nucléaire » ], Romandie.com avec l'AFP du 14 septembre 2012.
  28. « Nucléaire : le Japon se donne 30 ans pour arrêter ses centrales » , latribune.fr du 14 septembre 2012.
  29. 'Innovative' strategy to end Japanese nuclear, WNN, 14 September 2012.
  30. La relance nucléaire japonaise, sur le site de RFI consulté le 27 juillet 2013.
  31. Le Japon va mettre fin au "zéro nucléaire", site du journal La tribune consulté le 14 avril 2014.
  32. Véronique Le Billon, « Nucléaire : le Japon redémarre son premier réacteur », Les Échos,‎ (lire en ligne)
  33. Le Japon donne un nouveau coup d'accélérateur à sa relance nucléaire, Les Échos, 24 août 2022.
  34. « Quel avenir pour le nucléaire japonais ? », SFEN, (consulté le )
  35. (de) « Start der Wiederaufbereitungsanlage für Kernbrennstoffe in Aomori wird erneut verschoben », sur Sumikai, (consulté le ).
  36. (en) Energy Statistics Data Browser - Japan Renewables & waste 2022, Agence internationale de l'énergie, 21 décembre 2023.
  37. a b et c La production d'électricité d'origine renouvelable dans le monde - 15e inventaire - Édition 2013 - chapitre 3 : détails par région et pays - Japon, site Observ'ER consulté le 10 février 2014.
  38. [PDF]« Observ'ER 14e inventaire de la production d'électricité d'origine renouvelable dans le monde - 2012 - 3.Détails par région et par pays - Japon », sur énergies-renouvelables.org, (consulté le )
  39. (en)Biomass Power: Pillar of a New Japan?, sur le site Biomassmagazine consulté le 2 août 2013.
  40. (en) « Japan taps into power of volcanoes with geothermal energy plants », The Daily Telegraph,
  41. Johnston, Eric, "Geothermal trove lies mostly untapped despite energy crisis", Japan Times, 27 September 2011, p. 3.
  42. Johnston, Eric, "Wind power quest faces stability, regulatory hurdles", The Japan Times, 28 September 2011, p. 3.
  43. a b et c (en) « Global Wind Report 2019 » [PDF], Global Wind Energy Council (GWEC), (consulté le ), p. 37, 44, 64-68
  44. (en)Countries, The WindPower, février 2017.
  45. (en) « Project tests viability of offshore floating wind turbines », The Japan Times,‎ (lire en ligne, consulté le )
  46. « Derrière son projet d'éolien offshore, Tokyo craint les espions de la Chine », Les Échos,‎ (lire en ligne, consulté le )
  47. (en) Global Wind Report 2023, Global Wind Energy Council (GWEC), (lire en ligne [PDF]), p. 96, 102
  48. (en) « Japan's incompatible power grids », The Japan Times, (consulté le )
  49. a et b (en) « ABB secures HDVC order for Higashi Shimizu project in Japan » [archive du ], sur NS Energy Business,
  50. (en) « Everything you need to know about the Japanese electricity grid » [archive du ], sur Shulman Advisory,
  51. (en) « A legacy from the 1800s leaves Tokyo facing blackouts » [archive du ], sur ITworld, (consulté le )
  52. (en) « Energy Statistics Data Browser - Electricity consumption per capita, Japan 1990-2022 », Agence internationale de l'énergie (consulté le )
  53. [1], sur le site de Toyota consulté le 1er août 2013.
  54. La première Prius Rechargeable pour S.A.S. le Prince Albert II de Monaco, sur le site Auto Journal consulté le 24 juillet 2013.
  55. Renault-Nissan fête sa 100000e voiture électrique sur un marché en basse tension, sur le site de La Tribune consulté le 24 juillet 2013.
  56. Cumulative Worldwide Sales of Honda Hybrid Vehicles Reaches 1 Million Units sur le site Honda Worldwide consulté le 1er août 2013.
  57. a et b Automobile : les constructeurs japonais accélèrent dans l'électrique, sur le site de La Tribune consulté le 30 juillet 2013.
  58. (en) Masami Ito, « Official probe begins into nuclear disaster: Independent panel granted power to grill all officials », The Japan Times, (consulté le )
  59. (en) « Création d’une commission d’enquête japonaise indépendante », Société française d'énergie nucléaire (consulté le )
  60. « Fukushima : un rapport accable les autorités et Tepco », le Figaro, (consulté le )
  61. AFP, « Fukushima: Un rapport met en cause Tepco et les autorités japonaises », 20 minutes, (consulté le )
  62. (en) « New Fukushima Daiichi investigation to start », NHK World, (consulté le )
  63. (en) NAIIC, The Fukushima Nuclear Accident Independent Investigation Commission, Japon, NAIIC, (lire en ligne)
  64. (en) National Diet of Japan Fukushima Nuclear Accident Independent Investigation Commission (NAIIC), « About / What we did », National Diet of Japan Fukushima Nuclear Accident Independent Investigation Commission (NAIIC) (consulté le )
  65. Michel de Pracontal, « Fukushima : le rapport qui change tout », Mediapart.fr, (consulté le )
  66. « Au Japon, la nouvelle autorité nucléaire renforce drastiquement les règles de sûreté des centrales », Le Monde.fr du 26 octobre 2012

Voir aussi modifier

Sources modifier

Articles connexes modifier