Émile Henry Mellinet
Émile Mellinet

Naissance [1]
Nantes
Décès (à 95 ans)
Nantes
Origine Drapeau de la France France
Grade Général de division
Années de service 18131820
1823 - 1863
1870 - 1871
Commandement 5e bataillon de chasseurs à pied
32e régiment d'infanterie de ligne
1er régiment étranger
Conflits Expédition d'Espagne
Guerre de Crimée
Campagne d'Italie
Guerre de 1870
Faits d'armes Siège de Metz (1814)
Bataille de Sébastopol
Bataille de Magenta
Distinctions Légion d’honneur
Médaille de Crimée
Médaille commémorative d'Italie
Médaille de Sainte-Hélène
Palmes académiques
Autres fonctions Sénateur du Second Empire (1865-1870)
Grand maître au Grand Orient de France (1865-1870)

Émile Henry Mellinet (prononcé /melinɛt/), né le à Nantes et mort le dans la même ville, est un général français.

Il est grand-croix de la Légion d'honneur.

Biographie modifier

Origines et famille modifier

Émile Mellinet est le fils du général Anne François Mellinet, général dans l'armée française puis dans l'armée belge après l'indépendance de ce pays, et de Rosalie Malassis, issue d'une grande famille d'imprimeurs. Elle élève seule leurs deux fils, après avoir divorcé vers 1803 ; le frère aîné d'Émile est Camille, né en 1795, futur imprimeur-éditeur et homme de lettres[2].

Les deux grands-pères sont François Mellinet, négociant et député de la Loire-Inférieure à la Convention, et Augustin-Jean Malassis, imprimeur-libraire à Nantes[3].

En 1832, Émile épouse Françoise Félicité Sébire dite « Fanny »[2], fille d'un marchand nantais et sœur du libraire éditeur Prosper Sébire.

Débuts de carrière : de l'Empire à la monarchie de Juillet (1813-1841) modifier

À l'instar de son père, il choisit très tôt la carrière des armes.

Le , il est lieutenant dans les gardes nationales d’active de la Loire-Inférieure. Il est placé par le général Brouard comme sous-lieutenant breveté au 88e régiment d'infanterie de ligne, le , avec lequel il assiste aux sièges de Paris où il est blessé le . Le , il est placé en supplément, à la suite du 80e régiment d'infanterie de ligne. Il assiste au siège de Metz où il reçoit un coup de lance à la cuisse gauche, le [2].

Licencié, Émile est placé en situation de non activité, le . Il passe à la Légion départementale de l’Orne, le et admis au traitement de réforme le [2].

Rappelé à l’activité au 5e régiment d'infanterie légère, par décision du , il participe à l'expédition d'Espagne ; au siège de Saint-Sébastien, il est atteint d’un coup de feu à la cuisse gauche le et décoré de l’ordre de Charles III. Il est promu au grade de lieutenant le [2].

Le , il est affecté au 5e régiment d'infanterie de la Garde royale[2].

Il obtient sa licence, est breveté capitaine le . Le , il est affecté au 4e léger. Il est promu chef de bataillon au 35e régiment d'infanterie de ligne, le . Il commande ensuite le 5e bataillon de chasseurs à pied le [2].

Officier en Algérie (1841-1850) modifier

En 1841, il quitte cette unité pour l’Algérie. Il débarque à Mostaganem le [2].

Il est rapidement distingué par le général Bugeaud qui ajoute de sa main sur son rapport pour les opérations de mai et juin : « Cet officier supérieur, plein d’instruction et d’honneur, serait bien placé à la tête d’un régiment ». Il est encore cité à l’occasion des combats des 30 et , des 4 et contre les Flittas et les Beni-Ouragh des montagnes de l’Ouarsenis. En , le général d'Arbouville, commandant la division d’Oran, le cite une nouvelle fois. Il est cité également le pour sa bravoure durant l’expédition du Chélif, lors de la prise de Blida[2].

Le commandant Mellinet compte alors 28 ans de services, 3 campagnes, 3 blessures, 7 citations et gagne ses épaulettes de lieutenant-colonel au 41e régiment d'infanterie de ligne, le 16 oct. 1842. Il est muté au 32e régiment d'infanterie de ligne, qu’il rejoint le . Participant à toutes les colonnes dont ces unités font partie, il est cité à l’ordre de l’armée le pour s’être fait remarquer pendant l’expédition du ravitaillement de Mascara et au combat de Tili-Ouanek[2].

Promu au grade de colonel du 1er régiment étranger, le , il prend ce commandement alors que l’Algérie est en pleine insurrection. Le régiment est alors organisé en 3 bataillons. Le 1er bataillon tient garnison à Oran, Mostaganem et Mascara; 2e bataillon à Oran, Le Sig, Mostaganem, Ténès et Khamis ; le 3e bataillon, à Oran, Sidi Bel Abbès, Mostaganem et Khamis. C’est de ce dernier bataillon que Mellinet fait un bataillon modèle[2].

 
Portrait par Gustave Le Gray, 1857. Paris
 
Portrait par Léon Crémière, Paris.

En , le 1er régiment de la Légion termine la construction de la route qui se dirige, par Tenira, sur Sidi Bel Abbès, ce qui permet d’amener à pied d’œuvre le matériel nécessaire à l’installation de ce poste. Cette création, devenue une ville, propriété d’élection de la Légion étrangère, est en partie son œuvre. Le , il amène les troupes de cette place ainsi qu’un gros convoi à Daya, où s’organise la colonne Cavaignac pour des opérations dans le Sud Oranais. À la suite de l’affaire de Moghar el-Foukani, le et de celle d’Aïn Sefra, le 1er mai, le général Cavaignac le complimente avec les légionnaires et le propose pour la croix d’officier de la Légion d’honneur, qu’il reçoit à Tlemcen, devant les troupes[2].

Le , le duc d’Aumale, gouverneur de l’Algérie, érige le cercle de Sidi Bel-Abbès en subdivision dont le commandement est donné au colonel Mellinet. À ce moment, l’émir Abdelkader vient de se remettre entre les mains du prince, ce qui assure la tranquillité de la province d’Oran dont le général Pélissier prend le commandement[2].

Le suivant, sur le champ de manœuvres d’Oran et en présence du 1er bataillon, le colonel Mellinet reçoit du général Pélissier le nouveau drapeau destiné à son régiment, modèle de 1848. En , Mellinet dirige une colonne pour l’établissement du camp d’El Aricha. Puis, une certaine agitation fomentée dans le sud de la province d’Oran par les prédications de Sidi cheik ben Taieb, entraîne des opérations conduites par Mellinet. Les colonnes se poursuivent notamment au cours de l’année 1849, d’abord avec le colonel Maissiat et ensuite avec le général Pélissier. Le colonel Mellinet y prend part. En 1850, des actes de brigandage, perpétrés par des tribus marocaines, nécessitent quelques courses des troupes de la subdivision de Tlemcen en février et en septembre[2].

Général (1850-1863) modifier

Par décret du , le colonel Mellinet est admis en 1re section des officiers généraux avec le grade de général de brigade et remplacé par le lieutenant-colonel Lesueur de Givry, du 7e régiment d'infanterie de ligne, qui permute avec le colonel Bazaine, du 55e. Il est nommé au commandement de la 2e brigade d’infanterie à Lyon placée sous les ordres du général de Castellane, le puis il commande la 1re subdivision militaire et la 2e brigade d’infanterie, à Lyon à compter du . Le , le commandement de la 1re brigade d’infanterie de la Garde impériale lui est confié. Il fait campagne avec la charge de commandant provisoire la division d’infanterie de la Garde impériale à l’armée d’Orient, le [2].

Il est promu général de division, le . Il est blessé à Sébastopol, d’un éclat d’obus à la joue, le . Commandant la division d’infanterie de la Garde impériale, formée des régiments de cette Garde rentrés de Crimée, le , il est nommé inspecteur général du 1er arrondissement d’infanterie, pour 1856. Il a deux chevaux tués sous lui à la Magenta, en 1859, un aux combats de Ponte Nuovo, Ponte Vecchio et Buffalora (it), pendant la campagne d'Italie, il se distingua à la tête des grenadiers de la garde, supportant seul le poids de la bataille pendant plusieurs heures[2].

 
Sa tombe au cimetière Miséricorde de Nantes.

Fin de carrière (1863-1871) modifier

Le , il est placé dans la section de réserve. Il est alors nommé membre du Conseil de l’ordre de la Légion d’honneur, le et commandant supérieur des Gardes nationales de la Seine, le [2].

Il est nommé sénateur le . À Nantes, il remplace le général Bernard Pierre Magnan comme grand maître au Grand Orient de France de 1865 à 1870[2].

Il démissionne de son commandement des Gardes nationales de la Seine, le , mais reprend du service en 1870 ; il commande les dépôts de la Garde impériale de Paris à compter du et est nommé membre du comité des fortifications de Paris le . Peu après, il protège l'impératrice Eugénie et lui permet de quitter Paris où la République est proclamée le après la défaite de l'armée française[2].

 
Le médaillon de sa tombe, réalisé par Charles-Auguste Lebourg.

Le notable (1871-1894) modifier

Il est replacé dans la section de réserve, le . Il prend définitivement sa retraite à Nantes par décret du [2].

Il devient l'une des figures les plus populaires de la vie locale : il favorise l'épanouissement des Arts et Lettres, joue au théâtre de Compiègne ; passionné de musique, il contribue à l'organisation des musiques régimentaires et compose quelques morceaux qui sont très goûtés des Nantais ; bibliophile, il donne au ministère de la Guerre une importante collection d'ouvrages militaires et, à la bibliothèque municipale de Nantes, un fonds précieux d'autographes[2].

Il meurt le [2] des complications survenues après avoir été exposé, dans son lit, à l'aspersion d'eau froide échappée d'une canalisation rompue[4]. Il est enterré auprès de son épouse (1801-1882) au cimetière Miséricorde de Nantes. Il était l'un des derniers survivants des guerres napoléoniennes, en particulier l'un des tout derniers officiers connus[5].

Franc-maçonnerie modifier

Fils et petit-fils de franc-maçon, il est lui-même initié dans la loge « Mars et les Arts » à l'orient de Nantes en 1815, à l'âge de 16 ans. 50 ans plus tard, il devient grand-maître du Grand Orient de France le en prenant la suite du défunt Maréchal Magnan[6]. Il est ensuite promu comme grand commandeur du Grand Collège des rites, il s'affilie alors à la loge « Les Cœurs unis »[7]. Vigilant sur les principes, il a garanti pendant son exercice la liberté des discussions et des opinions au sein de l’ordre. Il ne se présente pas en 1870 pour un second mandat, malgré l'assurance d'une réélection certaine[6].

Décorations modifier

Légion d'honneur :

Autorisé à accepter et à porter les décorations :

 
Place Mellinet à Nantes.
 
Statue du général, place Mellinet à Nantes.

Il est titulaire de :

Hommages modifier

Le , une place de Nantes est baptisée place Mellinet[2].

On y érige une statue de lui, inaugurée le . Cette œuvre d’environ 6 m de hauteur, en fonte, réalisée par Gustave Leblanc-Barbedienne, représente le général debout, tête nue, dans une pose martiale : d'un mouvement énergique, l'épée à la main, il désigne l'ennemi de son bras gauche tendu. Sur son socle en pierre est gravé « Général Mellinet 1798 – 1894 »[2].

Notes et références modifier

  1. Acte de naissance (Nantes, an 6, section Concorde et Erdre, 13 prairial (vues 86-87/123, établi par Pierre Haudaudine, disponible sur le site des Archives municipales de Nantes : [1]
  2. a b c d e f g h i j k l m n o p q r s t u v w et x Le Nail 2010, p. 287-289.
  3. Les Malassis sont aussi présents à Brest, Alençon, Évreux, etc. Cf. Romain Malassis et Auguste Poulet-Malassis.
  4. « Le général Mellinet », Le Nouvelliste de l'Ouest, no 17, quatrième année,‎ (lire en ligne).
  5. Frédéric Mathieu, Napoléon, les derniers témoins, Massy, Sébirot, , 533 p. (ISBN 978-2-9532726-2-8).
  6. a et b Daniel Ligou, Dictionnaire de la franc-maçonnerie, Paris, PUF, (réimpr. 1998), 1359 p. (ISBN 2-13-048639-8), p. 808.
  7. André Combes (préf. Daniel Keller), Les grands maîtres du Grand Orient de France : Du XVIIIe siècle à nos jours, Conform Edition, , 125 p. (ISBN 978-2-917075-72-2), chap. 14, p. 51 .

Voir aussi modifier

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Bibliographie modifier

Sources primaires modifier

  • Répertoire des chefs de corps de Légion – Centre de documentation de la Légion étrangère DA ;
  • Cote S.H.A.T. 7 Yd 1331.

Articles connexes modifier

Liens externes modifier