Élections parlementaires polonaises de 2007

renouvellement anticipé du parlement avec auto-dissolution

Élections parlementaires polonaises de 2007
460 députés de la Diète
(majorité absolue : 231 sièges)
100 membres du Sénat
(majorité absolue : 51 sièges)
Corps électoral et résultats
Inscrits 30 615 471
Votants 16 477 734
53,88 % en augmentation 13,3
PO – Donald Tusk
Voix 6 701 010
41,51 %
en augmentation 17,4
Députés élus 209 en augmentation 76
Sénateurs élus 60 en augmentation 26
PiS – Jarosław Kaczyński
Voix 5 183 477
32,11 %
en augmentation 5,1
Députés élus 166 en augmentation 11
Sénateurs élus 39 en diminution 10
LiD – Aleksander Kwaśniewski
Voix 2 122 981
13,15 %
en augmentation 1,7
Députés élus 53 en diminution 2
Sénateurs élus 0 en stagnation
PSL – Waldemar Pawlak
Voix 1 437 638
8,91 %
en augmentation 2
Députés élus 31 en augmentation 6
Sénateurs élus 0 en diminution 2
Carte électorale
Carte
VIe législature de la Diète
Diagramme
Président du Conseil des ministres
Sortant Élu
Jarosław Kaczyński
PiS
Donald Tusk
PO

Les élections législatives polonaises de 2007 (Wybory parlamentarne w Polsce w 2007 roku, en polonais) se sont tenues le , afin d'élire les quatre cent soixante députés de la sixième législature de la Diète et les cent sénateurs de la septième législature du Sénat.

Le scrutin a été remporté, à la majorité relative, par la Plate-forme civique (PO), et les partis de droite et de centre droit dans l'ensemble.

Contexte modifier

Lors des élections législatives du 25 septembre 2005, le parti conservateur et nationaliste Droit et justice (PiS) était arrivé en tête avec 27 % des voix et 155 députés sur 460, juste devant la formation libérale et pro-européenne Plate-forme civique (PO), qui s'était contentée de 24,1 % des suffrages et 133 sièges. Contrairement à ce qu'ils avaient annoncé pendant la campagne, ils ne sont pas parvenus à former un gouvernement de coalition et PiS a donc préféré constituer un gouvernement minoritaire, dirigé par le président du Conseil des ministres Kazimierz Marcinkiewicz.

À la Diète, l'exécutif pouvait compter sur le soutien de l'Autodéfense de la république de Pologne (SRP), formation populiste de gauche ayant recueilli 11,4 % des voix et 56 élus, la Ligue des familles polonaises (LPR), parti d'extrême droite disposant de 34 parlementaires grâce à ses 8 %, et du Parti paysan polonais (PSL), d'orientation chrétienne-démocrate, qui avait obtenu 7 % des suffrages, soit 25 députés. La PO, quant à elle, partageait les bancs de l'opposition avec l'ancien parti au pouvoir, l'Alliance de la gauche démocratique (SLD), parti social-démocrate laminé avec seulement 11,3 % des voix et 53 élus.

Le , Marcinkiewicz opère un remaniement ministériel afin de faire entrer trois ministres de la SRP et deux de la LPR. Cette alliance très eurosceptique conduit à la démission, quatre jours plus tard, du ministre des Affaires étrangères, Stefan Meller. Finalement, le 7 juillet, le chef du gouvernement fait part de sa volonté de quitter ses fonctions, et son parti lui choisit comme successeur son président, Jarosław Kaczyński. Celui-ci est officiellement nommé sept jours plus tard, par son frère jumeau et président de la République, Lech Kaczyński.

Tout juste deux mois plus tard, le 15 septembre, l'ancien président social-démocrate Aleksander Kwaśniewski revient dans le jeu politique en formant la coalition Gauche et démocrates (LiD), qui rassemble la SLD, son partenaire traditionnel de l'Union du travail (UP), ainsi que deux dissidences de la SLD, la Social-démocratie de Pologne (SDPL) et le Parti démocrate (PD). À la fin de l'année, PiS perd la mairie de Varsovie, autrefois détenue par le chef de l'État, au profit des libéraux.

Après seulement un an, le , la coalition au pouvoir explose et seul le PiS se maintient au gouvernement. Jarosław Kaczyński négocie alors la tenue d'élections anticipées avec la PO, la Diète votant sa dissolution par une résolution du 7 septembre suivant, par 377 voix contre 54. Le président fixe alors la date des élections au 21 octobre suivant.

Forces et chefs de file modifier

Force politique Idéologie Chef de file Score en 2005
Droit et justice (PiS)
Prawo i Sprawiedliwość
Droite
Conservatisme, nationalisme, euroscepticisme
Jarosław Kaczyński
(Président du Conseil)
27,0 % des voix
155 députés
49 sénateurs
Plate-forme civique (PO)
Platforma Obywatelska
Centre droit
Libéral-conservatisme, démocratie chrétienne
Donald Tusk 24,1 % des voix
133 députés
34 sénateurs
Autodéfense de la république de Pologne (SRP)
Samoobrona Rzeczpospolitej Polskiej
Gauche
Étatisme, agrarisme, populisme, nationalisme
Andrzej Lepper 11,4 % des voix
56 députés
4 sénateurs
Gauche et démocrates (LiD)
Lewica i Demokraci
SLD-SDPL-PD-UP
Centre gauche
Social-démocratie, social-libéralisme, troisième voie
Aleksander Kwaśniewski 17,7 % des voix
55 députés
0 sénateurs
Ligue des familles polonaises (LPR)
Liga Polskich Rodzin
Extrême droite
Conservatisme national, social, catholicisme, populisme
Roman Giertych 8,0 % des voix
34 députés
7 sénateurs
Parti paysan polonais (PSL)
Polskie Stronnictwo Ludowe
Centre droit
Démocratie chrétienne, conservatisme, agrarisme
Waldemar Pawlak 7,0 % des voix
25 députés
2 sénateurs

Résultats modifier

Diète modifier

Résultats des législatives polonaises de 2007[1]
 
Parti Voix % +/- Sièges +/-
Plate-forme civique (PO) 6 701 010 41,51   17,37 209   76
Droit et justice (PiS) 5 183 477 32,11   5,12 166   11
Gauche et démocrates (LiD) 2 122 981 13,15   4,50 53   2
Parti paysan polonais (PSL) 1 437 638 8,91   1,95 31   6
Autodéfense de la république de Pologne (SRP) 247 335 1,53   9,88 0   56
Ligue des familles polonaises (LPR) 209 171 1,30   6,67 0   34
Parti travailliste polonais (PPP) 160 476 0,99   0,22 0  
Parti des femmes 45 121 0,28 Nv. 0  
Minorité allemande (MN) 32 462 0,20   0,09 1   1
Autodéfense patriotique 2 531 0,02 Nv. 0  
Suffrages exprimés 16 142 202 97,96
Votes blancs et nuls 335 532 2,04
Total 16 477 734 100 460  
Abstention 14 137 737 46,18
Inscrits/Participation 30 615 471 53,82

Sénat modifier

Résultats des sénatoriales polonaises de 2007[1]
 
Parti Voix % +/- Sièges +/-
Plate-forme civique (PO) 12 734 742 39,14   22,20 60   26
Droit et justice (PiS) 10 208 412 31,38   10,58 39   10
Gauche et démocrates (LiD) 4 751 281 14,60   3,51 0  
Parti paysan polonais (PSL) 2 863 883 8,80   2,94 0   2
Autodéfense de la république de Pologne (SRP) 345 427 1,06   7,29 0   3
Ligue des familles polonaises (LPR) 293 289 0,90   11,49 0   7
Minorité allemande (MN) 104 533 0,32   0,05 0  
Autodéfense patriotique 48 689 0,15 Nv. 0  
Indépendants 1 185 400 3,64   7,93 1   4
Total des voix 32 535 656 100
Suffrages exprimés 16 190 804 98,27
Votes blancs et nuls 284 868 1,73
Total 16 475 672 100 100  
Abstention 14 139 799 46,19
Inscrits/Participation 30 615 471 53,81

Analyse modifier

 
La carte des résultats montre l'opposition entre l'importance du vote PiS dans l'est et celle du vote PO dans le nord et l'ouest. Un article du site Big Think note que cette géographie électorale fait écho aux frontières d'avant 1918, la partie nord et ouest correspondant aux anciens territoires de l'Empire allemand[2].

Les élections sont marquées par une participation de 53,9 % des inscrits, ce qui constitue le nouveau record depuis la fin du régime de parti unique, en 1989. Le précédent, qui datait de 1993, était en effet de 52,1 %.

Ce scrutin marque une nouvelle victoire pour le centre droit, la première depuis 1997, avec l'excellent résultat réalisé par la PO, le meilleur score pour une formation de cette tendance depuis la chute du communisme. Il s'agit même du meilleur résultat en voix pour le premier parti du pays depuis 1991.

Malgré un maigre bilan et une forte instabilité politique, PiS, qui perd son statut de première force politique polonaise, parvient à progresser en franchissant même la barre des 30 %. Ses alliés du camp nationaliste sont cependant clairement défaits, la SRP et la LPR connaissant un effondrement tel qu'elles passent sous la barre des 5 % et sont donc exclues de la Diète. Le camp des formations opposées à la construction européenne est donc cette fois-ci sèchement battu, après avoir obtenu une majorité absolue de sièges deux ans auparavant.

En revanche, bien que coalisé et disposant d'un chef de file populaire, le centre gauche réuni dans coalition LiD ne parvient toujours pas à redevenir une force crédible, puisqu'il recule très légèrement. Enfin, le PSL, présent au Parlement depuis 1991, s'y maintient en réalisant son troisième meilleur résultat en quinze ans.

Quant au Sénat, élu au scrutin uninominal majoritaire à un tour, l'effet est encore plus frappant puisque les libéraux y remportent une nette majorité absolue. Tous les autres partis régressent, seuls les conservateurs obtenant une représentation, diminuée de 20 % par rapport à 2005.

Conséquences modifier

Le 23 octobre, la Plate-forme civique confirme la candidature de son président, Donald Tusk, aux fonctions de président du Conseil des ministres. Désigné le 9 novembre par le président Lech Kaczyński pour constituer le gouvernement, il forme une coalition avec le Parti paysan polonais (PSL) qui dispose de 240 parlementaires sur 460. Le gouvernement prend ses fonctions le 16 novembre et se soumet, le 24 novembre, à une vote de confiance à la Diète, qu'il remporte par 238 voix contre 204, Droit et justice et Gauche et démocrates ayant décidé de voter contre.

Notes et références modifier

  1. a et b Elections in Europe: A Data Handbook, Dieter Nohlen & Philip Stöver
  2. Frank Jacobs, « Polish Election Map Reveals Old Imperial Border », Big Think, 2017 (consulté le 24 avril 2018).

Annexes modifier

Articles connexes modifier