Élections législatives belges de 1912

Élections législatives belges de 1912
PC – Charles de Broqueville
Voix 1 337 315
51,01 %
en diminution 2,1
Sièges obtenus 101 en augmentation 15
Cartel libéral-socialiste – Paul Janson
Voix 710 459
27,10 %
en augmentation 8
Sièges obtenus 45 en augmentation 28
PL – Paul Hymans
Voix 291 084
11,10 %
en diminution 7,5
Sièges obtenus 21 en diminution 15
POB – Émile Vandervelde
Voix 243 338
9,28 %
en augmentation 2,6
Sièges obtenus 18 en diminution 7
Chambre des représentants
Diagramme
  • POB: 18
  • Cartel libéral-socialiste: 45
  • PL: 21
  • CVP: 1
  • PC: 101
Cabinet
Sortant Élu
Broqueville I
PC
Broqueville I
PC
Législature élue
25e législature de la Chambre des représentants

Les élections législatives générales ont eu lieu le , pour désigner les 186 membres de la Chambre des représentants (20 de plus qu'auparavant) et du Sénat, qui passe à 120 membres (27 membres étant désignés par les conseils provinciaux) contre 110 auparavant.

Ces élections ont donné une majorité absolue des sièges au Parti Catholique, tant à la Chambre des représentants qu'au Sénat.

Contexte historique modifier

Avec l'introduction du suffrage universel tempéré par la vote plural en 1893 et la représentation proportionnelle appliquée depuis 1899 selon le système d'Hondt, les libéraux et les socialistes n'avaient besoin que de quelques sièges dans tout le pays pour renverser le gouvernement catholique qui, incontesté, était au pouvoir depuis 1884. C'était alors qu'on décida de former le cartel libéral-socialiste pour tenter une revendication du suffrage universel pur et simple[1], désirée par les deux partis.

Toutefois, en considération de cet événement, il s'est avéré que les catholiques avaient beau jeu avec la nouvelle opposition en faisant jouer la « peur du Rouge »[2] qui désormais associait les libéraux aux socialistes. On a dû constater que cette stratégie était bien rentable : alors que le cartel libéral-socialiste personnifiait l'insécurité, le parti catholique paraissait comme un parti national qui désignait la paix et l'unité du pays. En conséquence, de nombreux libéraux ont voté pour le parti catholique, et le fait que le système du vote plural favorisait de toute façon surtout les catholiques, sont les raisons pour lesquelles ce parti a finalement emporté la victoire.

Résultats modifier

Parti Chambre des représentants Sénat
Voix % Sièges % Voix % Sièges %
Parti catholique 1 337 315 51,0 101 54,3 1 224 767 52,2 54 58,1
Cartel libéral-socialiste 710 459 27,1 -[3] - 480 457 20,5 16 17,2
Parti libéral 291 084 11,1 44 23,7 408 043 17,4 14 15,1
Parti ouvrier belge 243 338 9,3 39 21,0 223 197 9,5 9 9,7
Partisans de Daens 19 317 0,7 2 1,1
Autres 20 258 0,8 0 0,0 8 937 0,4 0 0,0
Blancs et nuls 62 327 (2,3) 71 579 (3,0)
Total 2 684 098 100[4] 186 100 2 416 980 100[5] 93 100

Conséquences modifier

Les résultats des élections furent annoncés le . La déception était immense, d'autant plus car personne ne s'imaginait à nouveau à une victoire de la part des catholiques. Â la suite de cette victoire inattendue, une grève violente débutait, de telle manière que la police ne parvenait plus à maintenir l'ordre dans les villes concernées[6]. Surmenée par les manifestations, la police ouvrit le feu et la grève se termina finalement le avec plusieurs morts et blessés.

Mais ce ne sont pas que les ouvriers qui ont montré leur dissentiment : le député socialiste Jules Destrée a rédigé sa fameuse lettre au roi Albert Ier dans laquelle il a revendiqué une séparation administrative de la Wallonie et de la Flandre. Selon lui, la Belgique était en danger car elle se voyait face à une flamandisation progressive alors que la culture et le passé de la Wallonie tombaient de plus en plus dans l'oubli. Sa proposition fut vivement débattue, autant avec consentement qu'avec mécontentement.

Notes et références modifier

  1. Le suffrage universel pur et simple ne fut introduit qu'en 1919 pour les hommes, et beaucoup plus tard pour les femmes en 1948.
  2. DUMOULIN Michel (éd.) e.a., Nouvelle histoire de Belgique. Volume 2 : 1905-1950, Bruxelles, Editions Complexe, 2006, p. 72 (Questions à l'histoire).
  3. Les sièges du Cartel libéral-socialiste ont été répartis entre le Parti libéral et le Parti ouvrier belge (GUILLAUME Sylvie et GARRIGUES Jean (éd.), Centre et centrisme en Europe aux XIXe et XXe siècles. Regards croisés, Bruxelles, Peter Lang, 2006, p. 241 (Cité européenne n° 37), disponible sur https://books.google.be/books?id=vJyEurABQFQC&printsec=frontcover&source=gbs_ge_summary_r&cad=0#v=onepage&q&f=false (consulté le 04 décembre 2016)).
  4. On ne peut prendre en considération que les pourcentages des votes valides que chaque parti a obtenus. Les pourcentages des votes invalides (blancs et nuls) n'en font pas partie vu que ces votes ne pouvaient être attribués à aucun parti.
  5. Ibid.
  6. C'étaient particulièrement les grands centres industriels en Wallonie qui étaient concernés (RIMBAUD Guillaume, « Drame à la Populaire », disponible sur http://ilhs.be/publications/analyses/drame-a-la-populaire ( site de l'Atelier liégeois pour la promotion de l'histoire et des archives sociales, consulté le 04 décembre 2016)).

Pour approfondir modifier

Bibliographie modifier

  • DESTRÉE Jules, La lettre au roi. Suivie d'extraits de l'introduction à la vie socialiste et précédée d'une Introduction de Maurice Bologne, Charleroi, Institut Jules Destrée, 1981.
  • DUMOULIN Michel (éd.) e.a., Nouvelle histoire de Belgique. Volume 2 : 1905-1950, Bruxelles, Editions Complexe, 2006 (Questions à l'histoire).
  • LANNEAU Catherine, « Il y a 100 ans... la Lettre au Roi, de Jules Destrée », disponible sur http://culture.ulg.ac.be/jcms/prod_945876/fr/il-y-a-100-ans-la-lettre-au-roi-de-jules-destree?part=1 (consulté le 04 ).
  • MABILLE Xavier, Histoire politique de la Belgique. Facteurs et acteurs de changement, Bruxelles, Centre de recherche et d'information socio-politiques, 1986.
  • MOINÉ Willy, Résultats des élections belges entre 1847 et 1914, trad. du néerlandais par le secrétaire général de l'institut, Bruxelles, Institut belge de science politique, 1970.
  • NOHLEN Dieter et STÖVER Philip (éd.), Elections in Europe. A Data Handbook, Baden-Baden, Nomos, 2010.

Articles connexes modifier