Église protestante française de Londres

église britannique

Église protestante française
de Londres
Image illustrative de l’article Église protestante française de Londres
Présentation
Nom local French Protestant Church of London
Culte réformé
Rattachement Communauté d’Églises protestantes francophones
Fédération protestante de France
Début de la construction
Fin des travaux
Architecte Aston Webb
Protection grade II*
Site web Église protestante française de Londres
Géographie
Pays Drapeau de l'Angleterre Angleterre
Région Grand Londres
Ville Londres
Coordonnées 51° 30′ 57″ nord, 0° 07′ 59″ ouest
Géolocalisation sur la carte : Londres
(Voir situation sur carte : Londres)
Église protestante française de Londres

L'Église protestante française de Londres (en anglais, French Protestant Church of London) est une Église réformée qui sert la communauté francophone de Londres depuis 1550. Son temple, situé à Soho Square, est l'œuvre de l'architecte Aston Webb. L'Église est membre de la Communauté d’Églises protestantes francophones (CEEFE) et en relation avec la Fédération protestante de France. Elle est l'une des deux Églises protestantes francophones en Angleterre, avec l'Église française de Canterbury.

Histoire modifier

L'Église est fondée par charte royale le pour les réfugiés protestants du continent, en particulier francophones (huguenots et wallons) et flamands. Afin de renforcer le protestantisme en Angleterre, le roi Édouard VI, fils d’Henri VIII, invite à sa cour des théologiens étrangers, dont Jean de Lasco, théologien protestant polonais. Celui-ci intervient auprès de la cour et de l’archevêque de Cantorbéry, Thomas Cranmer, pour obtenir la fondation d’une Église des étrangers (Strangers' Church) séparée de l'Église d'Angleterre[1].

Édouard VI nomme Jean de Lasco surintendant de l'Église et appointe quatre pasteurs, deux francophones et deux flamands. Le roi donne à l'Église des étrangers un lieu de culte à Austin Friars (en), dans la Cité de Londres. Dès , la congrégation francophone acquiert un temple séparé dans Threadneedle Street, à quelques dizaines de mètres du lieu de culte d'Austin Friars où restent les germanophones et les flamands[2].

L'accès de Marie Tudor au trône, en 1554, force les églises étrangères à se disperser. De nombreux protestants, Anglais compris, doivent s'exiler pour fuir les persécutions[3]. Jean de Lasco finit sa vie sur le continent. Après son accession au trône, Élisabeth Ire restaure la charte de 1550 et, avec elle, la liberté de culte pour les protestants étrangers. Elle est cependant soucieuse d'éviter que les églises étrangères ne suscitent des troubles et décide, par mesure de précaution, que la surintendance laissée vacante par le réformateur polonais sera dorénavant assurée par l'évêque anglican de Londres ''ex officio (c'est-à-dire, en vertu de son rang)[4]. Conformément aux dispositions de la charte, la nomination des pasteurs reste soumise à l'approbation royale. En 1560, à la demande des huguenots de Londres, Jean Calvin envoie un homme de confiance, le pasteur Nicolas Des Gallars, pour aider à rétablir la jeune congrégation. Dès 1561, la première discipline propre à l'Église française est adoptée, intitulée la Forme de police ecclésiastique instituée à Londres en l'Église des Français.

Les représentants des Églises réformées issues de la charte de 1550, parmi lesquelles figurent durant une période une église italienne et une église espagnole, se réunissent en une assemblée appelée le Coetus[5]. L'Église participe aussi à des synodes avec les autres églises francophones qui voient le jour en Angleterre et qui la considèrent comme leur église-mère[6]. En 1641, un synode adopte pour toutes les églises une version modifiée de la Discipline de 1561[7].

Au XVIIe siècle, les persécutions en France, qui culminent en 1685 par la révocation de l'édit de Nantes par Louis XIV, provoquent l'exil de nombreux protestants[8]. Entre 40 000 et 50 000 réfugiés huguenots arrivent en Grande-Bretagne[9]. L'Église obtient en 1687 la permission royale de construire un second temple à Spitalfields qui reste en fonction jusqu'en 1809[10]. En 1700, Londres compte jusqu'à 23 lieux de culte réformés francophones[11]. Avec l'intégration des huguenots dans la société britannique, ce nombre diminue graduellement. L'Église protestante française de Londres à Soho Square est ainsi l'unique paroisse protestante francophone de Londres.

Liens institutionnels et pasteurs modifier

L'Église protestante française de Londres est membre de la Communauté d’Églises protestantes francophones (CEEFE), et en lien étroit avec la Fédération protestante de France[12]. Avec l'Église protestante française de Canterbury, fondée au XVIe siècle par des protestants wallons et huguenots[13], elle est l'une des deux communautés protestantes francophones en Angleterre[12].

Le pasteur Jacques Saurin y exerce son ministère de 1701 à 1706[14].

De 1991 à 2004, c'est la pasteure Leila Hamrat qui dessert la paroisse, première femme nommée à ce poste. Leila Hamrat va honorer son cahier des charges qui consiste à redynamiser cette paroisse historique : le journal La Croix relève en 2000 que 70 % des paroissiens ont entre 35 et 45 ans[15].

Stéphane Desmarais est le pasteur de l'Église depuis le . Il est le 72e pasteur depuis la charte royale de 1550 et le 70e depuis Nicolas Des Gallars[16].

Organisation modifier

L'Église protestante française de Londres est une association caritative de droit anglais[17]. Elle est en partie financée par une association caritative distincte qui gère les actifs de l'héritage huguenot et soutient diverses causes philanthropiques[18].

L'Église est dirigée par un consistoire. Le consistoire de l'EPFL est responsable pour les cultes et la bonne marche de l'Église ainsi que pour la préservation de la bibliothèque et des archives. Le pasteur en est membre ex officio.

Notes et références modifier

  1. « Le refuge huguenot à Londres », sur Église protestante française de Londres, .
  2. Yves Jaulmes, p. 7. L’Église hollandaise (Dutch Church), la seconde personne morale issue de la charte de 1550 encore en existence, occupe toujours le site d'Austin Friars mais le temple originel a été détruit par les bombes en 1940.
  3. Bernard Cottret, p. 248
  4. Yves Jaulmes, p. 7 et Bernard Cottret, p. 247-248
  5. Yves Jaulmes, p. 9. Au XVIIe siècle, francophones et flamands s'échangent leur lieu de culte une fois par mois. Cette pratique cause une mauvaise surprise à Samuel Pepys, qui s'enthousiasme pour une prédication en français lors d'une visite au temple de Threadneedle Street en et découvre un culte en flamand la semaine suivante.
  6. Yves Jaulmes, p. 10. L'EPFL fournit une assistance financière et des conseils à plusieurs églises. Lors de leur dissolution, une bonne partie de ces églises lèguent à l'EPFL leurs biens et leurs archives.
  7. Yves Jaulmes, p. 9 et 11.
  8. Parmi ceux-ci, la famille Courtauld (en), dont est issu Samuel Courtauld, s'est réfugiée en Angleterre vers 1690.
  9. Yves Jaulmes, p. 9.
  10. Yves Jaulmes, p. 10 et The Economist, 2003. Le mot refugee voit le jour dans la langue anglaise à l'époque du refuge huguenot.
  11. Museum of London.
  12. a et b Fédération protestante de France, La France protestante. Annuaire 2016 : III. Principales Églises en relation avec le protestantisme français, Saint-Just-la-Pendue, Chirat, , 607 p. (461-462).
  13. « Église protestante française de Cantorbéry » (consulté le ).
  14. Yves Jaulmes, p. 10 et 36. Voir aussi la plaque Liste des pasteurs dans le temple de l'EPFL, 8-9 Soho Square. La lettre de Guillaume III agréant Saurin est reproduite dans Yves Jaulmes, p. 10. Sur Saurin, voir l'entrée le concernant dans le | Musée virtuel du protestantisme et dans Pierre Gisel (éd.), Encyclopédie du protestantisme, Presses universitaires de France/Labor et Fides, Paris/Genève, 2e édition2006, 1582 p.
  15. Béatrice Bazil, « L'église protestante française de Londres a 450 ans », sur le site du journal La Croix, (consulté le )
  16. Consulter la plaque Liste des pasteurs dans le temple de l'EPFL, 8-9 Soho Square. La liste figure également dans Yves Jaulmes, p.35-37, mais elle s'arrête avec la nomination de Leila Hamrat, la première femme pasteur de l'Église, en 1991.
  17. Charity Commission. The French Protestant Church of London, registered charity no. 1070623.
  18. Charity Commission. The French Huguenot Church of London Charitable Trust, registered charity no. 249017.

Galerie modifier

Voir aussi modifier

Bibliographie modifier

Articles connexes modifier

Liens externes modifier